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La “modernité” est en marche
15 janvier 2008 21:00 par SuperNo
Il est des nouvelles qui me plongent dans la plus totale perplexité. J’ai beau me tripatouiller les neurones, je ne comprends pas.
Par exemple, quel peut donc bien être l’intérêt d’une “réforme” dont l’objet serait d’augmenter la durée de la période d’essai d’un salarié ?. Pour le salarié, je veux dire. Aucun. Strictement aucun. Au contraire, il est bien évident que cela va le placer plus longtemps dans une situation précaire.
Pour la collectivité non plus : aucun intérêt.
Pour l’employeur par contre, il est tout aussi évident que c’est une bonne chose : il pourra virer son salarié sans problème pendant une plus longue période. Si ça ne tenait qu’à lui, il inventerait même la période d’essai infinie. Ce serait quand même plus pratique. D’ailleurs les CNE et CPE (le premier existe toujours) équivalaient dans les faits à une période d’essai de 2 ans.
Il est donc parfaitement clair que le gouvernement propose là, à la demande du MEDEF, une mesure qui porte atteinte à la vie du salarié, au profit de son patron.
Et cette mesure, au milieu d’un paquet d’autres, a d’ores et déjà êté approuvée par 3 organisations syndicales sur 5 : FO, CFTC et CFE-CGC. Une seule a déjà refusé, comme souvent : la CGT. Il ne reste plus que les sinistres clowns de la CFDT. C’est donc dans la poche pour le MEDEF. Et dans le c.. pour les autres.
Mais comment diable peut-on s’intituler “syndicat représentatif”, avoir pour mandat théorique la défense des travailleurs, et signer des trucs pareils ? Tout en continuant à se regarder dans la glace après ? Y-a-t-il eu “fluidification”, comme le disait cyniquement Denis Gautier Sauvagnac (mis en examen aujourd’hui) ?
La CFTC parle sans rire “d’accord acceptable”. Rappelons que le dernier “C” de “CFTC” signifie “chrétien”. Etre chrétien, c’est souvent avaoir subi tout un conditionnement : respecter l’ordre établi, tendre la joue gauche : voilà des interlocuteurs idéaux pour le MEDEF !
Bon, il faut être juste, en échange, il y a des progrès évidents : “le CDI demeure la norme” et “tout licenciement doit avoir un motif réel et sérieux”. C’est ça un accord avec le MEDEF : “Je te mets une claque dans la gueule, et en échange je ne te donne pas de coup de pied dans le tibia. Du moins pas tout de suite, on en reparlera à la prochaine séance de modernisation…”
Car bien sûr le tout est emballé dans un paquet cadeau intitulé “Modernisation du marché du travail”. “Modernisation”, c’est joli, non ?
Sauf que comme synonyme de “précarisation”, “casse” ou “recul”, ils auraient pu trouver plus pertinent…
L’impression que ça me fait une fois de plus, c’est que la marée libérale monte. Les syndicats constuisent à la hâte des petits châteaux de sable qui résistent un temps avant d’être submergés et de devoir se replier pour les reconstruire, résignés, un peu plus loin
Au MEDEF ils ne se sentent plus pisser. Avec Sarkozy à leur botte, ils entreprennent (c’est leur métier) de combler le retard français à rentrer dans le moule libéral. Car dans leur esprit, le monde entier doit rentrer dans le moule libéral. Celui qui ne le fait pas n’est pas un contestataire : c’est simplement un retardataire. Triomphants, revanchards, et décomplexés.
Cela fait des années qu’ils clament dès qu’ils le peuvent, et font clamer par leurs haut-parleurs médiatiques que :
1) la précarisation du salarié est bonne pour l’entreprise
2) ce qui est bon pour l’entreprise est bon pour le salarié.
Si la première proposition est une évidence, la seconde est au contraire une escroquerie intellectuelle. Et la juxtaposition des 2 une ignominie. Mais c’est sur cette ignominie que sont fondés les rapports sociaux en France.
– Les syndicats signent.
– La presse ne parle que du mariage fantôme de Sarkozy.
– On cherche toujours en vain des “preuves de vie” de l’opposition.
Combien de temps va-t-il falloir supporter ça ?
A ce rythme-là, les “partenaires sociaux” acteront bientôt le rétablissement de l’esclavage, qui est tout de même, reconnaissons-le, le système qui offre à l’employeur le plus de liberté dans la gestion de son entreprise et les meilleures garanties de compétitivité face aux pays à bas salaire……