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spectre des émeutes de 2005

Publie le mardi 27 novembre 2007 par Open-Publishing

Soixante-quatre policiers ont été blessés, cinq d’entre eux étant dans un état grave, lors de nouveaux affrontements dans la nuit de lundi à mardi entre jeunes et forces de l’ordre dans une ville de banlieue près de Paris, a-t-on appris de source policière.

Au lendemain de la mort de deux adolescents dans une collision entre leur mini-moto et un véhicule de police à Villiers-Le-Bel, à une vingtaine de kilomètres de Paris, ces affrontements ont eu lieu de 19H30 à 01H00 du matin dans six villes du département du Val d’Oise (Villiers-le-Bel, Sarcelles, Garges-lès-Gonesse, Cergy, Ermont et Goussainville).

Au total, 63 véhicules et cinq bâtiments ont été incendiés dans ces villes, dont la bibliothèque Bellevue, deux écoles, la trésorerie et un supermarché à Villiers-Le-Bel, selon la préfecture.

Le spectre des émeutes de 2005
BERNARD DELATTRE
Mis en ligne le 27/11/2007

Les banlieues vont-elles flamber à nouveau, après la mort comme il y a deux ans, de deux adolescents ? Des affrontements ont encore éclaté lundi soir.

AP - Novembre 2005. Après la mort accidentelle, quelques jours plus tôt, de deux adolescents de Clichy-sous-Bois, les banlieues françaises s’embrasaient. La flambée de violences était telle que le gouvernement devait décréter l’état d’urgence - du jamais vu précédemment, même en mai68. Il avait fallu plusieurs semaines, et des centaines de millions d’euros de dégâts, avant que le calme revienne.

Novembre 2007, les pires craintes étaient de mise lundi soir à Paris quant à l’éventualité d’une répétition de ce sinistre scénario, après la mort la veille de deux adolescents à Villiers-le-Bel, toujours en banlieue parisienne, et les échauffourées qui ont suivi. Certains faisaient même ouvertement l’analogie entre les deux événements. Ainsi, selon le maire de la commune voisine de Sarcelles, Villiers-le-Bel "c’est Clichy bis" .

Moushin et Larami, âgés de 15 et 16ans, ont trouvé la mort dans la collision entre une voiture de police et leur minimoto, un véhicule non homologué, interdit sur la voie publique mais très prisé par les jeunes de banlieue, qu’ils conduisaient sans casque. Selon la police et les autorités départementales, aucune course-poursuite n’étant en cours, il ne s’agit que d’"un tragique accident de la route" dû à un refus de priorité des jeunes motocyclistes. Les jeunes de la cité, eux, dénoncent une "bavure" et accusent les policiers d’avoir foncé sur la moto.

Une enquête pour homicide involontaire et non-assistance à personnes en danger présumés a été confiée par la procureur à la police des polices (IGPN).

La procureur de la République Marie-Thérèse de Givry a précisé que trois "témoins" entendus dimanche soir par l’IGPN confirmaient "la version des policiers" , "à savoir que la minimoto est arrivée relativement rapidement sur leur gauche" .

Avant même les résultats de l’enquête, les cités de Villiers-le-Bel et les quartiers environnants se sont embrasés dimanche soir. Au cours de six heures d’échauffourées, une vingtaine de policiers et de pompiers ont été blessés, des dizaines de vitrines et de devantures de magasins ont été brisées, des commerces ont été pillés, de nombreuses voitures, des postes de police, un restaurant ainsi qu’un garage ont été incendiés, et le mobilier urbain a été amplement vandalisé.

Le dispositif de sécurité dans les zones sensibles a été renforcé pour les nuits à venir mais de nouveaux affrontements ont éclaté lundi soir entre des dizaines de jeunes et les forces de l’ordre. Plusieurs véhicules ont été incendiés dont une voiture de police.

Pas de baguette magique

Villiers comme Clichy figurent en zones urbaines dites sensibles. Et la rage des émeutiers n’a rien épargné, ou presque, sur son passage. Lundi, les parents des victimes, les autorités locales et jusqu’à Nicolas Sarkozy ont appelé à ce que "chacun s’apaise" . Les syndicats de policiers ont fustigé les "bandes de délinquants" , accusées de " mettre à feu et à sang" la banlieue et d’y faire régner "un climat insurrectionnel" .

Si ces violences ont été unanimement jugées inexcusables, leur explication a donné lieu à débats dans les partis. Le PS a déploré qu’"absolument rien" n’ait été fait en deux ans pour résoudre ou du moins apaiser le "malaise social profond" dans les banlieues.

Un constat qu’avaient déjà dressé les associations de quartiers lors des élections du printemps ainsi que le maire de Clichy lors de la récente commémoration du drame de 2005. L’UMP a rétorqué qu’on ne pouvait pas, d’un coup "de baguette magique" , "tout transformer" dans les quartiers sensibles : un "travail de fond" prenant à ses yeux "une génération" . Et Jean-Marie Le Pen a mis les violences et la situation économique et sociale dans les banlieues sur le compte de "la surpopulation étrangère" en France.