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Quotas : Blanc s’excuse, Jouanno accuse

Publie le dimanche 1er mai 2011 par Open-Publishing

En l’espace de trois jours, les révélations du site Mediapart au sujet d’une mise en place de "quotas discriminatoires" ont mis la France du football sans dessus dessous. Petit rappel de tous les événements marquants de cette affaire.

Alors que l’extrême droite connaît une forte poussée dans les sondages à un an des élections présidentielles, "l’affaire des quotas discriminatoires" au sein de la Fédération française de football arrive au plus mauvais des moments, faisant largement le jeu du Front National. Pire encore, cette affaire révélée par Mediapart, met à mal les valeurs républicaines de la France, qui s’est toujours nourrie du brassage des cultures, l’une des plus grandes richesses de l’Hexagone.

Thiriez s’insurge, Jouanno calme d’abord le jeu

Ce vendredi, les réactions n’ont pas tardé à fuser, notamment du côté des plus hautes instances, qui ont du mal à croire à pareil scenario. Après les déclarations du Président de la Fédération Française de Football (FFF) Fernand Duchaussoy, "choqué" par de pareilles accusations, ce fut au tour de Frédéric Thiriez, à la tête de la Ligue Professionnelle de Football (LFP) de s’émouvoir contre de telles accusations, au micro de la radio RMC : "Je suis profondément choqué de voir le football français accusé de racisme et de discrimination. Vu ce que nous sommes, avec cette diversité, sociale, raciale, et ce que nous croyons, nous allons enquêter. Si ces accusations s’avèrent infondées, ce que je crois, alors nous ne les laisserons pas passer."
De son côté, la Ministre des Sports Chantal Jouanno a tenté de calmer le jeu, tout en fustigeant ces agissements s’ils venaient à être avérés : "Gardons notre sang-froid, nous sommes sur des soupçons. Il faut faire la lumière sur cette affaire mais je n’ose pas y croire. C’est contraire à tout, aux lois de la République et aux valeurs du sport. Si on sélectionne les personnes c’est sur des critères physiques, éthiques mais surtout pas ethniques."

Diouf et l’ancien patron de l’INF Clairefontaine confirment

A l’inverse, cette possible instauration de quotas ethniques n’a pas étonné l’ancien président de l’Olympique de Marseille Pape Diouf qui n’y voit qu’un "reflet de la société du moment", ajoutant : "La vérité est simple. Le football français est à l’image de sa société. Il est raciste et il exclut. Quand on voit que des joueurs noirs dotés d’une grande capacité de suggestion prétendent un jour embrasser la carrière d’entraîneur, on n’en veut pas. Et qu’on ne vienne pas me citer les exemples de Jean Tigana et d’Antoine Kombouaré pour contredire mes propos."

L’ancien directeur de l’Institut national français (INF) de Clairefontaine, André Merelle, aujourd’hui en conflit avec la FFF, est allé dans le sens de l’enquête de Médiapart, confiant sur RMC que ces pratiques avaient déjà lieu sous "la direction de Gérard Houllier", ajoutant : "Il n’y avait pas de quotas à proprement parler, mais des réflexions sur le nombre de blacks et de beurs. Selon eux dont François Blaquart, il y en avait un trop grand nombre. Moi je ne comprenais pas pourquoi il y en avait trop par rapport à nos pauvres petits blancs. Mais il faut se rendre à l’évidence, les meilleurs étaient ceux qui étaient en banlieue."

Blaquart premier à sauter, Blanc s’excuse

Alors que toute la France du foot s’érige comme un seul homme contre ces allégations, le site Mediapart n’en démort pas et persiste et signe ses propos via un de ses journalistes : "Nous disons vrai, affirme-t-il, précisant que Mediapart a "des sources". Le journaliste rappelle que si la ministre des sports et le président de la FFF ouvrent des enquêtes, c’est la confirmation que son travail d’investigation est sérieux.

Conséquence de tout ce remue-ménage, la suspension immédiate du Directeur technique national François Blaquart par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, avec l’assentiment de la Fédération française de football, et ce, "dans l’attente des conclusions des enquêtes (...) qui rendront leurs conclusions sous huit jours".

Dernier chapitre en date, le sélectionneur national Laurent Blanc, qui via un communiqué officiel, a tenu à clarifier les choses. Il reconnaît à mi-mots des termes déplacés "employés lors de réunions de travail (...) à bâtons rompus", s’excusant s’ils ont choqués. Mais il nie fermement l’établissement de quotas

Cette polémique n’a certainement pas fini de faire couler beaucoup d’encre dans les jours, voire semaines, à venir...

http://www.sport.fr/football/quotas-blanc-s-excuse-jouanno-accuse-216561.shtm