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Texte dédié à Franca Maï

par Andy Vérol

Publie le lundi 13 février 2012 par Andy Vérol - Open-Publishing

Les heures passées dans des trous de douleur pour remonter plus haut, agrippée au sourire conquérant, à la quête des ailleurs. Loin d’elle l’idée du croupissant. Croupissement de soi, croupissement du monde, encroûtement dans les petites aisances d’un quotidien confort. Elle chevauche un nuage, réalisant ainsi son utopie. Tandis que « Millions » se tapissent dans l’angoisse des lendemains difficiles, elle « funambule » sur leurs têtes molles, sur ces suicidaires engoncés dans des rêves de maisons-propriétaires, vacances-serviettes-collées-crème-collante… Elle ne mange pas, elle dévore. Elle ne trie pas sélectif, elle choisit ses ordures, ses luttes, ses mots grinçants posés en l’enfilade pour faire naître un corps : le livre, son livre… Ses mots. Sans discontinuer, elle se plonge en elle, s’extirpant du corps, l’analysant comme un fantôme qui pèse sur sa libre pensée.

Elle assène, elle triture, elle torture les tortures qu’une bestiole inflige à son être. Même si en elle, et dans les turbulences d’une chambre volante plongée dans la nuit noire pour décevoir les migraines – si fortes que la tentation de se poignarder pour les tuer est accaparante – elle s’escrime avec ce qui veut éteindre son écran de veille, découpe en rondelle le nuage noir qui cerne ses pensées claires… Dans ses yeux dessinés en rire, on ne décèle aucune animosité, aucune violence conquérante. Dans sa voix, il n’y a que la douceur du ton, des intonations, et des idées détonantes déposées délicatement sur la connerie des Hommes. Son livre, ses livres.

En quelques coups de scalpel, comme elle aime le dire, elle taille des personnages sur mesure, des liens sans tabou, des killers à l’âme saine, pure, faisant honte aux « honnêtes gens », ceux qui se tiennent à carreaux, sous le joug des maitres de leur temps qui affament une grande partie du monde. Elle voit, elle sent, elle a l’instinct et le sens de l’écoute. Elle n’entend pas, elle intègre. Elle ne juge pas, elle jubile à démontrer que tout n’est pas métastasé, que des parcelles entières, des pans entiers de chacun sont inexplorés…

Son livre, ses livres. Ses mots, ses crocs…

Ses paroles apaisantes : « Andy, écris, écris, écris »… Sans relâche, elle mange les projets et me demande : « Tu crois que ça sera trop trash si j’écris les choses telles qu’elles sont ? », et moi de répondre : « Ce qui est trash, c’est de ne pas les écrire ». Nos soirées à parler au téléphone, ces échanges sans jugement de valeur, loin de la mauvaise satire écrite par le temps présent.

Son livre, sa vie, ses livres, ces eaux vives nettoyant tout sur leur passage.

<mot94>

Une chute puis une montée dans les airs, Franca flingue la mort, mieux, elle la fuck… Sa boîte magique est toujours ouverte, lotie quelque part dans l’esprit de chacun… Une chute non, plutôt une envolée qui oblige à continuer la lutte et à ne jamais baisser la garde.

http://andy-verol.blogg.org/date-2012-02-10-billet-1381655.html