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Roms : la colère de Martine Aubry contre Manuel Valls

par Philippe Martinat

Publie le samedi 18 août 2012 par Philippe Martinat - Open-Publishing

La maire de Lille n’a pas du tout apprécié d’avoir été mise devant le fait accompli avec le démantèlement d’un camp de Roms. Au point de devoir écourter ses vacances.

Martine Aubry ne décolère pas. La première secrétaire du PS a appris par la presse le démantèlement d’un camp de Roms situé dans la métropole lilloise, qu’elle dirige. Visiblement, le préfet avait oublié de l’en avertir, en tout cas personnellement. Conséquences : les familles expulsées se sont éparpillées dans toute la métropole et à Lille même, s’ajoutant aux 3000 Roms de la zone.

Aubry a abrégé ses vacances pour regagner, jeudi, sa mairie. La première secrétaire du PS est d’autant plus remontée qu’elle estime que sa ville est « absolument exemplaire » par les efforts qu’elle a déjà accomplis pour accueillir les gens du voyage. Trois villages d’insertion ont été créés et trois autres sont en cours d’installation. Des terrains, aussi, ont été aménagés pour plus de confort et d’hygiène.

Des membres du gouvernement critiquent la gestion du dossier rom

C’est que les Roms, Martine Aubry connaît. Pour avoir qualifié de « dérive antirépublicaine » le discours de Grenoble à l’été 2010 de Nicolas Sarkozy, elle avait vu affluer vers sa métropole des milliers de Roms obligeamment poussés par… le précédent gouvernement. « Je suis d’autant plus désagréablement surprise de la manière dont ça s’est passé cette fois », peste la maire de Lille, qui a prévu de donner la semaine prochaine une conférence de presse pour mettre les choses au clair. « Je peux comprendre le mécontentement de Martine car elle a créé chez elle un vrai laboratoire pour accueillir les Roms dont on pourrait s’inspirer », juge Fodé Sylla, l’ancien président de SOS Racisme. La première secrétaire du PS a sans doute eu une explication musclée avec le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Mais elle n’ouvrira pas un front contre le gouvernement. Elle souligne d’ailleurs que la politique de Valls n’a « rien à voir » avec celle de Sarkozy. Elle-même n’est pas opposée par principe aux démantèlements de camps sauvages et insalubres, mais dans la « dignité ». « Il y a de la place en France pour accueillir dignement ceux qui sont là », martèle Aubry.

Reste que sa colère n’est pas de nature à apaiser le climat sur la question avant la table ronde que Jean-Marc Ayrault présidera mercredi à Matignon avec les ministres et les associations concernés. Si, à la gauche du PS, on proteste contre la fermeté de la gestion du dossier rom par Manuel Valls, les critiques se font désormais entendre au sein même du gouvernement. Cécile Duflot, la ministre écologiste de l’Egalité des territoires et du Logement, estime ainsi qu’« une politique humaine, efficace et exemplaire reste à construire », tout en rappelant la promesse de François Hollande : « Pas de démantèlements sans solutions alternatives. »

Martine Aubry a affirmé hier sur Europe 1 : « Si tout se passe comme je le souhaite — et il n’y a pas de raison que cela ne soit pas ainsi —, je ne serai plus la première secrétaire du Parti socialiste » après le congrès de Toulouse, qui se tiendra fin octobre.

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