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G8 : hélicos pas "chouettes" !

Publie le mercredi 18 juin 2003 par Open-Publishing

Le déploiement militaire a perturbé la faune du massif du Jura. Une plainte pourrait
être déposée.

Grand tétras. Comme d’autres oiseaux des parcs naturels du Jura, il a
subit les désagréments des vols répétés des appareils de l’armée à basse altitude.

Lors du dernier G8, il n’y a pas qu’à Evian où l’on a brassé du vent. Les
hélicoptères de l’armée de l’air et de l’armée de terre, déployés sur les réserves
du massif du Jura à l’occasion du Sommet, ont joué des pales sans discontinuer, au
grand dam des oiseaux sauvages en pleine période de nidification.

"Protestations"

Ces "dommages collatatéraux" qui ont notamment affecté le quotidien du grand tétras - lequel pourrait avoir disparu à la suite de ce remue-ménage - de la chouette
d’altitude ou encore de la gélinotte, n’ont pas été au gout des associations de
défense de l’environnement. L’une d’elles, la Commission de protection des eaux
(CPEPESC), a fait part de son indignation dans un copurrier adressé à Jacques
Chirac. "J’ai l’honneur d’élever les plus vives protestations contre le
comportements intolérable de certaines unités militaires à l’encontre de notre
patrimoine naturel national le plus sensible, à l’occasion du Sommet dit "du G8" à
Evian, écrit François Devaux, le président de l’association. Si ce dernier dit
"comprendre la présence des militaires postés sur les points hauts", il se déclare
en revanche scandalisé "par ces rotations d’hélicoptères créant un vacarme
assourdissant dans un milieu protégé... par l’Etat, et transformé par l’armée en
champ de manoeuvres !"

"On nous a dit que les militaires avaient toutes les habilitations nécessaires,
précise François Devaux, joint par téléphone. Mais manifestement, d’après ce que
laisse entendre le préfet de l’Ain, ce n’est pas le cas. Quoi qu’il en soit, ils ont
un mois pour produire ces documents. Si rien ne vient, on déposera plainte, c’est
certain." Face au mécontentement exprimé à son tour par l’association Gernajura, qui gère la réserve naturelle de la Haute-Chaîne du Jura, le préfet s’est abrité
derrière la fameuse "raison d’Etat". "Plutôt la déraison, considère le président de
la CPE-PESC. Qu’il y ait des bidasses sur tous les sommets, passe encore, mais de là
à faire 50 passages minimum d’hélicos par jour... En plus, ils volaient souvent à
moins de 100 mètres, parfois à 50 mètres. Ce sont surtout les appareils de l’armée
de l’air qui faisaient du rase-mottes..."

Enquète sur les pratiques militaires

En effectuant ces manoeuvres, le smilitaires ont-ils simplement suivi les ordres ou
bien se sont-ils fait plaisir ? Pour le savoir, l’association - qui dénonce une faute
d’appréciation dans la chaîne de commandelmnet - demande donc à Jacques chirac, en tant que chef des armées, " de bien vouloir ordonner une enquête sur ces pratiques militaires tout à fait incongrues et nuisibles dans un milieu naturels protégé de grande valeur écologique".
"On a un président qui fait la morale au monde entier, conclut François Devaux. Et
là, on laisse faire n’importe quoi..." A l’avenir, faudra-t-il interdire les rave
militaires en pleine nature ?

Lionel Chiuch
Tribune de Genève, samedi-dimanche 14-15 juin 2003