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"On va vous violer comme en Bosnie"

Publie le vendredi 10 mars 2006 par Open-Publishing
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Procès G8 : à la veille du 8 mars, les humiliations à caractère sexuel à l’égard des jeunes femmes amenées à Bolzaneto sont sur la sellette. Un journaliste arrêté reconnaît l’inspecteur Gugliotta, responsable de la sécurité dans la caserne

de SIMONE PIERANNI GÊNES Traduit de l’italien par karl&rosa

"Les agents, de la fenêtre de la cellule, nous insultaient : ’putes’, ’salopes’, ’maintenant on va toutes vous baiser’ ". C.G. est une Génoise de vingt-cinq ans, arrêtée tard dans la soirée de vendredi 20 juillet 2001. Sa déposition tire au clair tout le répertoire d’insultes et d’humiliations à caractère sexuel subies par les jeunes femmes pendant leur séjour à Bolzaneto et, avec cela, le climat de machisme grossier présent dans la caserne.

Peu auparavant Marco Persico, le premier témoin de la journée, rappelle quelque chose d’analogue : aux filles à l’intérieur d’une cellule les agents hurlent "qu’ils auraient dû les violer comme en Bosnie".

Les menaces de viol, subies par de nombreuses victimes, sont soulignées par les procureurs : "comme dans tous les cas de torture" elles furent prononcées grâce à l’impunité perçue, "à savoir grâce à ce mécanisme fait d’omissions à cause duquel les responsables ne sont pas punis et les victimes terrorisées ont peur de dénoncer les mauvais traitements subis".

Pour C.G., il y a aussi un argousin personnel qui suit tous ses déplacements : il s’agit de Daniela Cerasuolo, un agent de la police pénitentiaire, inculpée du "délit d’abus d’autorité contre des personnes arrêtées", reconnue avec certitude par le témoin pendant l’audience, parmi les photos qui lui ont été montrées. C’est elle l’agent qui l’accompagne dans tous ses déplacements dans la caserne, qui rie des coups et des insultes - dont la même accusée se souvient qu’ils sont "lourds", pendant l’enquête - contre la fille dans le couloir et qui la pousse ensuite vers les agents qui cognent, "pour qu’ils me frappent encore".

A soutenir la crédibilité du témoin, comme l’ont souligné les procureurs, il y a aussi la reconnaissance d’une femme, agent de police pénitentiaire, qui démontre par ses mots, en plusieurs occasions, ne pas apprécier les comportements de ses collègues : "Elle se comporta d’une façon différente de tous les autres", a terminé en salle d’audience C.G.

Au cours de la dix-huitième audience du procès qui voit 45 inculpés - des agents pénitenciers, des policiers, des carabiniers et du personnel sanitaire - des violences et des abus à l’intérieur de la caserne de Bolzaneto, on enregistre d’autres reconnaissances importantes : "Je le reconnais à cent pour cent", a dit Marco Persico, un journaliste de l’agence Agr, quand il a vu la photo exhibée en salle d’audience, montrant Antonio Gugliotta, l’inspecteur de police pénitentiaire le plus haut gradé présent à Bolzaneto, responsable, à l’époque, de la sécurité dans la caserne.

Marco Persico - à Gênes pour des "raisons professionnelles" - est frappé et arrêté par les carabiniers via Tolemaide et amené à Bolzaneto dans l’après-midi de vendredi 20 juillet. Si on se réfère au témoignage de Persico, la position de Gugliotta est décidément compliquée, à tel point que même les procureurs stigmatisent dans leur mémoire "le délit de lésions personnelles volontaires aggravées par l’usage d’un moyen capable de porter atteinte, le délit ultérieur de coups et enfin celui d’insultes, toujours contre la même personne offensée (des crachats et l’expression "tu n’a pas de dignité")".

Hier dans la salle d’audience - par une déposition ample et détaillée - le témoin a confirmé avec les mêmes mots ce qui s’est passé et pas que cela : outre les "agissements" de Antonio Gugliotta - qui a profité dans la phase de l’enquête de la faculté de ne pas répondre aux procureurs - le témoin, un Napolitain résidant à Milan - a aussi souligné le comportement d’une personne appelée "le docteur" : face à la main enflée et insensible de Persico, le "docteur", au lieu de s’empresser de la soigner, "me la serra encore plus fort". Le docteur en question est probablement Giacomo Toccafondi, responsable du service sanitaire de Bolzaneto, reconnu "avec des doutes" par le témoin, parmi les photos montrées en audience. "Il y a des visages dont je ne voudrais plus me souvenir", a terminé le témoin.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

Messages

  • Le système répressif du capitalisme montre son vrai visage : celui, hideux, du sexisme et de l’inhumanité.
    Pourtant, quoi de plus naturel que de manifester pour la justice sociale ? Peut-on contenir indéfiniment les aspirations des populations ? Leur besoin de vivre dans la paix et les conditions de vie décentes pour tous ?
    Je dis aux manifestantes : je vous admire pour votre courage. Vous méritez d’être décorées.
    Pour services rendus à l’humanité.
    Vous êtes des Résistantes.Vos visages ensanglantés, vos corps souffrants et humiliés sont plus admirables que ceux,artificiels, des stars des magazines.
    little light