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Italie : je démissione du Sénat, je laisse ma place à Haidi Giuliani
Publie le dimanche 23 juillet 2006 par Open-Publishing8 commentaires
"Laissez-moi dire : la politique ne coincide pas avec le palais".L’assemblée du Sénat a rejeté hier soir, comme le veut la tradition au moins une première fois, la démission présentée par la sénateur du Prc.L’intervention à l’Assemblée : "Je veux donner un petit signal de ’normalité’ "
de Gigi Malabarba sénateur du Prc traduit de l’italien par karl&rosa
Monsieur le Président, mes chers collègues, je crois vous devoir à tous et à toutes une explication pour ma démission du Sénat, un fait certainement peu fréquent. Il s’agit d’une démission volontaire, mûrie sur la base d’une détermination qui m’est personnelle, ni suggérée, ni contrecarrée par quiconque pour un quelconque motif politique, encore moins par l’ancien ou par le nouveau secrétaire de mon parti qui, au contraire, se sont toujours opposés à mon renoncement à l’activité parlementaire.
Comme l’ont écrit par ailleurs depuis des mois les journaux et les revues, et donc dans un moment où l’on ne pouvait même pas savoir quel aurait été le cadre politique, pour ne pas parler de ce qu’aurait été (et de quelle entité) la majorité au Sénat, je me suis porté candidat de même que toutes et tous mes collègues parlementaires qui composaient l’étroite bataille de Rc dans la précédente législature, mais avec la décision de laisser de toute façon mon siège le 20 juillet, date symbolique que personne d’entre nous ne devrait jamais oublier, à une femme extraordinaire, Haidi Gaggio Giuliani qui m’a fait l’honneur d’accepter ce relais avec moi et que je veux remercier pour ce très beau cadeau.
Il ne s’agit de rien d’autre, il n’existe aucune problématique politique liée à l’actualité ou à la phase politique. On connaît mon jugement sur le gouvernement ; on connaît ma position sur les missions militaires au Moyen-Orient contre lesquelles je me suis chaque fois battu depuis cinq ans, on connaît mon Non à la guerre. Ces convictions seront également portées par celle qui me remplacera et, de toute façon, rien ne changera dans l’actuelle composition politique de cette assemblée.
Il n’y a donc aucune raison politique au sens strict et j’espère que, indépendemment des blocs politiques, ces considérations seront accueillies par toutes et par tous comme honnêtes et sincères, ce qu’elle sont.
Mais permettez-moi de terminer cette expérience qui fut la mienne par une unique référence à la "politique" qui a à voir avec ma démission : la politique ne coincide pas avec le palais. Nous parlons souvent, peut-être trop souvent, de séparation entre les institutions et les citoyens et citoyennes, entre le Parlement et le pays. Cela aura bien quelque relation avec la réitération à l’infini des mandats parlemenataires, oui ou non ?
Une autre considération : avons-nous jamais regardé quelle est la composition sociale de ce parlement ? On a longuement parlé de ce que je considère comme un scandale inacceptable d’un pitoyable niveau de civilisation, à savoir du fait qu’aucune alternance obligatoire de genre ne soit prévue dans les listes électorales. Mais il n’est pas non plus acceptable que soient exclus, totalement ou presque, du parlement les employés, les techniciens et les ouvriers, qui - comme le savent de nombreux collègues - me tiennent particulièrement à cœur et qui, jusqu’à preuve du contraire, continuent à être la grande majorité de la population et les principaux producteurs de la richesse du pays !
Par ma démission, je n’améliore certes pas la présence dans cette assemblée du travail salarié, mais je ne l’altère pas non plus, étant donné qui me remplacera. Je peux agir par contre sur les autres déficits (la représentation de genre) et sur celui de la rotation des rôles et des charges : ceux qui ont joué des rôles institutionnels, et même importants, peuvent retourner faire le militant au milieu de personnes qui ne font pas les politiciens de profession.
Personnellement, je retourne à ma condition d’ouvrier de chez Fiat ; l’usine Alfa Romeo de Arese où je travaillais a été définitivement fermé il y a peu de temps, comme j’ai eu l’occasion de le dénoncer si souvent depuis ces bancs, et je serai déplacé, comme mes autres camarades de travail. Je veux donner un petit signal de, je dirais, "normalité", certes pas d’héroïsme, absolument hors de propos.
C’est pour toutes ces raisons, que j’ai voulu sommairement rappeler, que je vous invite, toutes et tous, à voter en faveur de ma démission volontaire du Sénat, en évitant ce vote de politesse dont je comprends et apprécie la signification mais qui cependant ne me ferait pas particulièrement plaisir ces jours-ci, pour des raisons strictement personnelles également. Je vous demanderais même, si je puis me permettre, une chose qui arrive peu de fois dans cette assemblée et qui serait pour moi vraiment gratifiante et au-delà de toute logique partisane, à savoir un vote favorable à l’unanimité. laissez-moi cet espoir.
Messages
1. > Italie : je démissione du Sénat, je laisse ma place à Haidi Giuliani, 23 juillet 2006, 17:20
la politique ne coincide pas avec le palais"
bravo et respect total , nombre de nos senateurs devraient faire de ce court discours leur livre de chevet !
Et bon retour chez Fiat , camarade !
claude de toulouse .
1. > Italie : je démissione du Sénat, je laisse ma place à Haidi Giuliani, 23 juillet 2006, 17:43
Chapeau bas camarade et merci pour cet acte magnifique.Haidi Giuliani sera formidable puisque vous l’avez choisie.Vous, vous revenez dans le monde du travail :BRAVO.Certains devraient en prendre de la graine.Ils sont tellement rares ceux qui vous ressemblent...Vous quittez le Sénat pour l’usine !Quel chemin inatendu et combien nôble.Encore merci pour l’exemple de ce geste.
François.
2. > Italie : je démissione du Sénat, je laisse ma place à Haidi Giuliani, 23 juillet 2006, 17:54
magnifico ! puissent les professionnels de la politique et du pouvoir "démocratique" etre effleurés par cet acte si rare.
3. > Italie : je démissione du Sénat, je laisse ma place à Haidi Giuliani, 23 juillet 2006, 19:36
Très bien et désignons à notre tour des ouvriers et petits employés comme candidats face à la Droite et à la gauche libérale. JdesP
4. > Italie : je démissione du Sénat, je laisse ma place à Haidi Giuliani, 23 juillet 2006, 21:01
JdP,cher voisin,d’accord avec toi mais donnons leur aussi les moyens de quitter leurs postes électifs quand ils le veulent et puissent retrouver leur emploi.
Jean Claude des Landes
5. > Italie : je démissione du Sénat, je laisse ma place à Haidi Giuliani, 24 juillet 2006, 10:55
Cher Jean Claude, ce problème est effectivement préoccupant pour la démocratie réelle, et nous n’avons pas toujours les moyens de "reconvertir " les battus à gauche (surtout au PCF), certes, mais nous devrions peut-être, proposer de faire appliquer les règles de la fonction publique pour le "privé", comme cela se faisait pour le retour du service militaire obligatoire. En cas d’impossibilité constatée par voie judiciaire par exemple, de retouver son emploi précédent, faire financer par l’état une formation ou une mise à niveau.Il pourrait être créé une sorte de "Assurance Mutuelle Emploi" obligatoire, inclue dans les indemnités d’élus. Le mandat électif ne devrait pas être inclu dans un plan de carrière, idée qui a gagné malheureusement du terrain à gauche ; c’est tout à fait contraire à l’esprit républicain de 1793 qui reste une des bases de la Démocratie régulièrement bafouée sur ces questions . Une VI ième République est nécessaire. Enfin, je pense que les candidats doivent être conscients de ce problème qui doit faire partie de leur engagement vis à vis de leurs organisations politiques et de leurs électeurs. Je te reprendrai sur un point c’est quand tu écris :" donnons-leur les moyens de quitter leur poste quand ils le veulent", je dirai qu’une fois qu’on s’engage sauf nécessité impérieuse, justifiée auprès des électeurs et des citoyens, on va jusqu’au bout de ses engagements. J desP
6. > Italie : je démissione du Sénat, je laisse ma place à Haidi Giuliani, 24 juillet 2006, 21:18
Cher JdP,un véritable statut de l’élu,quel que soit le niveau,est de plus en plus impératif.Pas plus de deux mandats consécutifs,pas de cumul et qu’il puisse retrouver son emploi s’il existe encore,ou avoir une formation qui puisse se reclasser,ça peu aussi entrer dans un"parcours emploi et de formation tout au long de la vie".
Nous n’avons pas de désaccord sur ce point.
Mais j’avais oublié:Gigi Malabarba chapeau !
Jean Claude des Landes
2. > Italie : je démissione du Sénat, je laisse ma place à Haidi Giuliani, 23 juillet 2006, 22:31
Gigi Malabarba, en plus il a un nom superbe ! Aussi beau que Gian Maria Volonté !