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Pas de démocratie sans liberté de création

Publie le jeudi 8 février 2007 par Open-Publishing
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Le 75

Auteurs, Réalisateurs, Producteurs de Documentaires : leur mobilisation et les propositions de Marie George Buffet

Pas de démocratie sans liberté de création

Plus d’une centaine d’auteurs, réalisateurs et producteurs de documentaires, réunis le 5 février au Théâtre du Rond Point à Paris, viennent de créer le Réseau des Organisations du Documentaire*.

Ils veulent interpeller les pouvoirs publics (Ministère de la culture, CSA) et les candidats aux élections sur la télévision publique, la politique culturelle et de création en matière de documentaire, et ainsi assurer la pérennité et l’essor du documentaire sur les chaînes de télévisions publiques, favorisant la diversité des formes, des contenus, des approches, des regards et des programmations.

Ils dénoncent notamment :

 le découpage en catégories préétablies de la fiction télévisée ;

 la peopleisation destinée à accroître l’audimat ;

 le temps trop court de réalisation ;

 la suppression des cases et la mise à l’écart des documentaires singuliers ou hors format ;

 la diminution du nombre d’œuvres d’auteurs et de la diversité d’écritures.

Ils veulent redéfinir la notion d’œuvre audiovisuelle qui détermine les mécanismes de financement du documentaire et travailler avec les présidents, directeurs de chaînes, responsables de programmes et d’unités de France Télévisions, d’Arte, à une redéfinition de la politique du documentaire.

Lors de cette soirée, les participants ont estimé qu’il y a urgence que les choses bougent si l’on veut éviter la mort programmée du documentaire libre. Ce combat est pour eux inséparable du combat pour la défense du service public audiovisuel qui doit créer du lien social, constituer une culture commune, renouveler une certaine idée du rapport au téléspectateur pour répondre à la question : « Qu’est ce que la télévision publique aujourd’hui » ? Selon eux, les diffuseurs n’ont pas conscience du danger. Aujourd’hui, ils constatent une réduction du champs des possibles, des glissements de sens ; partir d’une idée, la proposer aux producteurs et aux diffuseurs est devenu impossible. Défendre des écritures nouvelles n’est pas bien perçu à la télévision. Le statut d’auteur est nié. La télévision n’offre plus, elle répond à une supposée demande : du commémoratif, du people, de l’hexagonal. Le formatage impose des recettes déjà éprouvées et supposées marcher. Ils ne veulent plus s’entendre répondre : « trop triste, pas assez positif »…Alors qu’il faudrait surprendre et innover, porter un regard habité sur le monde. Ils veulent des cases documentaire hebdomadaires en prime time. Selon eux les chaînes n’ont pas compris qu’avec la VOD, il est indispensable de diffuser des œuvres qui durent dans le temps. Ils veulent avoir accès aux études en toute transparence, avoir des réunions périodiques pour débattre des choix, des moyens, s’affranchir de la publicité, réformer le Cosip trop conditionné au résultat et aux achats, aller vers un fonds de création indépendant du diffuseur, avec plus de sélectif et moins d’automaticité. Ils regrettent que les meilleurs documentaires vus dans les festivals ne soient pas initiés par les chaînes hertziennes, que le répertoire ne soit plus programmé. Ils revendiquent de faire des films qui leur plaisent, partager ce désir au cœur de leur travail, ne plus monter des coups, appliquer des recettes. La meilleure façon de faire de l’audience…c’est de ne pas y penser !

Deux représentants des candidats à la présidentielle étaient présents, ceux de Dominique Voynet et de Marie George Buffet.

Jean-François Téaldi, membre du conseil de campagne de Marie George Buffet candidate de la gauche populaire et antilibérale, a affirmé qu’il partageait tout ce qui avait été entendu.

Il a rappelé que parmi les 15 Engagements de Marie George Buffet pour une autre politique à gauche figure une véritable « ambition pour la culture : pas de progrès social sans développement des arts et de la culture partagé par tous. Cela nécessite un effort sans précédent pour un véritable statut pour celles et ceux qui travaillent dans ce secteur et notamment pour les intermittents (loi les rétablissant dans leurs droits), une aide publique renforcée pour une création et une diffusion dégagées des logiques commerciales et financières, une réelle diversité des œuvres proposées dans les grands moyens de communication. La dépense publique en matière de culture doit-être portée à 1% du PIB (+10%/ an en moyenne). Maintenir la culture comme exception aux règles du tout marchand de l’OMC. Aide sélective à la création . Suppression de la publicité en 3 ans sur les chaînes publiques pour mettre fin au diktat de l’audimat et redonner une visibilité aux œuvres de création à des heures de grande écoute, publicité taxée plus fortement dans le privé. »

En ce sens, les propositions du PCF « Pour une appropriation populaire des médias » apportent des précisions : « une télévision s’adressant à l’intelligence, au désir de chacun et non à ses pulsions, une télévision du proche et du lointain ; des œuvres qui ne soient plus emprisonnées, des créateurs libres d’innover, témoignant des diversités sociales et culturelles et disposant de moyens réels de production et de diffusion ».

Comment ?

 création d’un Conseil Supérieur des Médias chargé du contrôle du respect des obligations en la matière composé de façon tripartite d’élus, de professionnels et de citoyens (syndicats, associations) ;

 mise en place d’Etats généraux des médias, espace de dialogue et de suivi de l’activité des médias, du respect des conventions avec droit d’interpellation du CSM ou des CA des entreprises publiques ;

 assurer une maîtrise publiques des centres de production, de diffusion et de recherche ;

 définir des obligations de service public pour les entreprises privées et remettre en cause les concessions pour ceux qui ne respectent pas leur cahier des charges ;

 instaurer des coopérations européennes entre services publics pour les coproductions ;

Quels moyens ?

 augmenter la redevance de façon modulée en fonction des revenus ;

 élargissement du prélèvement des recettes publicitaires (plus de 30 milliards d’euros) pour alimenter un fond de répartition géré par l’Etat en faveur du service public ;

 création d’un fonds de soutien à l’expression audiovisuelle citoyenne alimenté par une taxe parafiscale sur les CA des entreprises qui exploitent les ressources hertziennes à des fins commerciales. »

Toutes ces propositions seront débattues avec Marie George Buffet le 1er Mars à 19h lors d’une rencontre sur la culture, au Cabaret Sauvage (Parc de la Villette)

Sources :

http://mariegeorge2007.org/spip.php?article165

http://unautremonde.gauchepopulaire.fr

Messages

  • Voilà une initiative qui a tout mon soutien !

    Quand on sait que les émissions de télé-réalité obtiennent des aides financières au titre d’oeuvre documentaire, il vraiment urgent de réagir pour permettre aux vrais documentaires de qualité de retrouver toute leur place au niveau de la programmation audiovisuelle !