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toujours la france vue de l’étranger : pas clear dut tout !

Publie le dimanche 21 mai 2006 par Open-Publishing

Le corbeau de l’affaire Clearstream mouille Dominique de Villepin.
Analyse d’un engrenage.

Jean-Louis Gergorin, énarque bien introduit dans les cercles politiques et industriels. L’homme qui, par ses révélations à la presse, fait trembler le microcosme de la République française est soupçonné de manipulations.
Le petit monde de la politique, de la diplomatie et de l’industrie aéronautique où s’agitent les protagonistes, réels ou supposés, de l’affaire Clearstream n’est pas beaucoup plus vaste que la bourgade de province que dépeint Clouzot dans son film « Le Corbeau ». Dans ce Paris où l’on fréquente les mêmes cercles et les mêmes cabinets, quand une tête bien faite explose, c’est tout le « village » qui brûle.

Le « corbeau », c’est Jean-Louis Gergorin. Bien intégré dans le « village », il a fait l’ENA avec Laurent Fabius et Alain Juppé, rejoint le Quai d’Orsay ou il croise Dominique de Villepin. Puis il gagne le groupe Matra, où il conseille Jean-Luc Lagardère, avant de devenir vice-président d’EADS. Le monde des médias lui est familier. Depuis plusieurs semaines, Gergorin distillait ses « informations » dans la presse nationale, tout en refusant qu’on le cite. Désormais, mis en cause de toutes parts, JLG parle.

Sa défense est périlleuse. Gergorin refuse de divulguer la source des fameux « listings » de l’institution financière Clearstream, où apparaissent les noms de plusieurs responsables politiques. De quoi alimenter les soupçons qui font de lui l’auteur d’une grande manipulation. Il a beau affirmer que son « ami » le général Rondot, qu’il a contacté en octobre 2003 pour effectuer des « vérifications », n’a pas fait le travail nécessaire ou que le juge van Ruymbeke, auquel il transmet ses « informations » en avril 2004, n’a pas su s’y prendre, en clair que ses listings sont vrais et que la France est en danger, on a du mal à le prendre au sérieux.

Engrenage révélateur

Là n’est pas l’essentiel. Comme le suggère Le Monde, dans cette affaire, comme dans l’affaire Dreyfus, le premier chapitre, l’événement fondateur en dit moins sur la société française que l’engrenage qui lui succède. C’est moins le bordereau retrouvé dans la poubelle d’un diplomate allemand et faussement attribué à Dreyfus qui fera l’Affaire que les mensonges dans lesquels s’empêtreront l’armée et le pouvoir. Peu importe les listings, vraisemblablement faux. Ce qui sidère, c’est l’empressement de certains dirigeants à les exploiter, ce sont les petits secrets d’Etat qui entraînent de grands mensonges.

Dans ce registre, Gergorin n’a pas son pareil pour éclabousser son monde. Villepin ? Dans Libération, JLG mouille son cher « ami » jusqu’au col. En janvier 2004, le ministre des Affaires étrangères reçoit Gergorin, dont les informations paraissent très intéressantes. Pour expertiser ses documents, l’homme d’EADS suggère à Villepin de recourir à la DST (contre-espionnage). Surtout pas, « Sarkozy va être au courant », lui aurait répondu le ministre. Belle mentalité ! Le nom du ministre de l’Intérieur, rappelons-le, apparaît à cette époque sur les « listings ».

Gergorin n’épargne pas Sarkozy. Le ministre se présente comme la victime de cette affaire. Personne ne l’aurait informé de sa mise en cause, puis des résultats de l’enquête du général Rondot, qui le disculpait. JLG l’affirme : Sarkozy savait, dès juillet 2004. Il était informé par son « ami » (encore un) Alain Bauer, expert en questions de sécurité. « Tout ce que sait Bauer, Sarkozy le sait », note perfidement Jean-Louis Gergorin.
(cf 24 heures, journal suisse)