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(video) Quand Castaner étale l’intimité d’Olivier Faure... pour défendre celle de Benjamin Griveaux

par Arnaud Benedetti

Publie le mercredi 19 février 2020 par Arnaud Benedetti - Open-Publishing
2 commentaires

Invité sur France Inter ce mercredi matin, le ministre de l’Intérieur s’est « étonné » des « leçons de morale » d’Olivier Faure, et a fait allusion à la vie privée du premier secrétaire du PS. Pour Arnaud Benedetti, il s’agit d’une grossièreté doublée d’une hypocrisie.

Arnaud Benedetti est professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne et rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire. Il a notamment publié Le coup de com’ permanent (éd. du Cerf, 2018).

Le ministre de l’Intérieur a ouvert un peu plus largement encore la boîte de Pandore, et avec une rare décontraction, en visant implicitement le premier secrétaire du PS sur sa vie privée. Christophe Castaner a déclaré lors de son intervention matinale sur France Inter : « j’ai été surpris d’entendre à votre micro Olivier Faure, que je connais bien et que j’ai accompagné dans ses divorces ». Et d’ajouter sur le ton du sous-entendu : « j’ai été étonné de ses leçons de morale ».

Une allusion grossière, qui infirme en quelques secondes l’indignation outragée de la macronie après la diffusion de la vidéo intime de Benjamin Griveaux. Christophe Castaner a opté pour l’insinuation pointilliste, à l’instar d’un Fouché 2.0, exhibant à contretemps et à contre-emploi ce qu’il sait de son ancien « camarade » du Parti socialiste.

Olivier Faure, non sans raison, n’a de son côté que rappelé ce que Serge July, dans d’autres termes plus crus (« Griveaux est un con ») avait pointé du comportement de l’ancien candidat à la mairie de Paris. Le problème n’était pas moral, il était professionnel. À l’heure de la viralité brownienne et de la visibilité métastatique, Benjamin Griveaux a commis une imprudence, ce que mezzo voce ou non, chacun s’accorde à reconnaître.

L’observation acerbe et sibylline que prodigue le locataire de la Place Beauvau au leader du PS, au détour d’une petite phrase dont l’inélégance le dispute pour le coup à la faute morale, est d’autant plus grave qu’elle est émise par un ministre, et pas n’importe lequel en l’occurrence, celui de l’Intérieur ! Elle est non seulement hors de propos mais profondément inconséquente quant aux principes de respect de la vie privée que ne cessent d’exciper les cadres dirigeants de la majorité depuis le déclenchement de cet improbable moment. À moins de considérer que celui qui incarne une part du « monopole de la violence physique légitime » confonde avec désinvolture l’ordre public et l’intime, la déclaration de Christophe Castaner traduit d’abord un mélange d’insolente légèreté et d’étonnante fébrilité pour un pouvoir qui avait fait de la maîtrise de la com’ l’un des emblèmes d’acier de sa relation à l’opinion.

Ce nouvel incident relèverait de l’anecdote si le capital politique du ministre de l’Intérieur n’était pas aussi entamé déjà par un « historique » à forte teneur polémique. Des déclarations à l’emporte-pièce à l’aube de la crise des « gilets jaunes » jusqu’à la gestion contestée de l’usage des forces de police lors de ces mobilisations, le détenteur du portefeuille de l’Intérieur constitue un émetteur fragilisé, à la parole fortement allergisante mais dont la position institutionnelle ne peut manquer d’être interprétée et scrutée. Intentionnels ou non, les mots du ministre disent les maux du pouvoir : s’il s’agit d’une maladresse de comptoir, c’est à nouveau le signe d’un amateurisme dont la réitération n’en finit pas d’éroder la crédibilité de l’exécutif ; si l’intentionnalité est manifeste, orchestrée, le registre relèverait alors d’une menace en sous-sol à l’endroit de celles et ceux qui oseraient bousculer de trop près la première ligne de la macronie.

Immanquablement, la sortie de Monsieur Castaner crée la confusion, le trouble. Elle est contestable dans tous les cas car elle empiète, enveloppée de tous les oripeaux de la parole d’État, sur la vie privée d’un opposant. Cela, au moment même où la majorité se plaint du non-respect de l’intimité de l’un des siens... C’est là une illustration supplémentaire de la crise, pour ne pas dire de la dégénérescence de l’esprit public.

https://www.lefigaro.fr/vox/politique/quand-castaner-etale-l-intimite-d-olivier-faure-pour-defendre-celle-de-benjamin-griveaux-20200219

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Messages

  • L’on ne peut que souscrire à la réponse éclairée du professeur Arnaud Benedetti. Merci à lui. Il fallait bien que quelqu’un réponde avec art à la grossièreté morbide d’un macroniste saoul de bon matin et armé d’un LBD40 sur le plateau de France Inter.

    On se pince lorsqu’on entend le dernier flic de France oser mélanger les aléas de la vie sentimentale de M.Faure avec l’inconséquence grotesque et irresponsable d’un ex-ministre de la Macronie.

    Quel rapport ?

    Aucun. M.Castaner fait semblant de faire croire qu’il n’a pas en charge, lui et ses tristes congénères, du gouvernement de la France.

    Il croit pouvoir mélanger la carpe et le lapin, diluer une histoire personnelle, - celle de M.Faure - avec les responsabilités d’un ancien ministre qui s’imaginait avoir déjà conquis la mairie de Paris avant que de combattre et qui ne se gênait pas lui-même pour insulter n’importe quel opposant à sa suprême entreprise.

    Il est d’autant plus étonnant d’entendre M.Castaner attaquer un des opposants politiques français de façon si mal appropriée et si vulgaire. Mais ne fut-il pas en un temps plus ancien le créateur lui-même d’une bande dessinée écœurante lorsqu’il était simple militant strauss-khanien au PS ?

    "Diffuser une BD porno contre son adversaire, l’erreur première de Castaner" :

    https://www.marianne.net/politique/diffuser-une-bd-porno-contre-son-adversaire-l-erreur-premiere-de-castaner

    Misère d’un homme et d’un parti à deux têtes.

    Quand M.Castaner rate la marche de la décence commune et chute dans l’escalier de l’Elysée, que le président Macron racle les voix du R.N en stigmatisant les citoyennes et les citoyens français de confession musulmane, il n’y a plus qu’à chercher nullement très loin pour retrouver celui qui œuvra à cette déchéance politique complète.

    Car pour le bonhomme en question, lorsque les électrices et les électeurs - politiquement trahis - sont définitivement partis, il reste encore leurs enfants et la propagande politique directement en cycle 2 :

    " A Montreuil, Hollande chahuté lors d’une séance de dédicaces avec des enfants " :

    https://www.liberation.fr/france/2020/02/19/a-montreuil-hollande-chahute-lors-d-une-seance-de-dedicaces-avec-des-enfants_1778945

  • Encore des histoires de quequette, afin d’occulter leurs méfaits.

    Pourquoi les reprendre et leur faire de la publicité ?
    Et de plus, défendre un membre du PS !

    N’importe quoi !

    Il y en a même qui ont parlé d’attaque contre la Démocratie à propos des exhibitions du moralistes grivaux sur le web, et qui se disent à gauche.
    Lamentables.

    Et pendant ce temps là, des yeux crevés, des membres arrachés, chasse aux vrais démocrates, par une soit disant justice, licenciements, escroqueries en tous genres, vols au profit des amis . . .