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1 er Mai : Pour une République du travail.

par CD

Publie le mercredi 1er mai 2013 par CD - Open-Publishing
3 commentaires

République du Travail, voilà ce qui vient à l’esprit ce 1er Mai 2013. Car la gauche politique et quelques acteurs de la société civile comme la Fondation Copernic (1) appellent à manifester le 5 Mai contre la Finance et l’austérité, pour changer la donne, pour changer de République. Cela vaut en France mais aussi ailleurs. Conservons l’esprit internationaliste du 1er Mai (2). Ce qui ne signifie pas ignorer les rapports de force ici, en France.

Le premier Mai n’est pas le jour pour dire qu’il faut passer de la V République à la VI ème car il y a dans l’opération bien des enjeux qui ne relèvent pas exclusivement de la confrontation Capital-Travail qui demeure néanmoins centrale. On dira alors qu’il s’agit de passer d’une Répubique trop favorable au Capital et à la finance à une République plus favorable au peuple-classe (terme qui s’oppose à la finance et à l’oligarchie) et surtout aux travailleurs et travailleuses tant du privé que du public. Cela apparaît plus conforme à l’esprit de la journée.

Ce premier Mai est, comme tous les autres, la fête internationale des travailleurs et des travailleuses. Depuis plusieurs décennies maintenant, on ne saurait oublier les travailleuses qui subissent plus encore l’exploitation, la précarité et les bas salaires à qualification égale.

Le fait que le salariat soit beaucoup plus nombreux que jadis (avec moins d’agriculteurs non salariés) et qu’il se soit étendu géographiquement avec l’implantation de firmes multinationales dans tous les pays de la planète ne peut que renforcer la prisent compte de sa spécificité. Les salarié(e)s sont subordonnés et par cette subordination subissent une domination. Le néolibéralisme a même ajouté des formes nouvelles de domination : la mise en concurrence, la rentabilité à tout crin, la flexibilité, la précarité, etc...

La ou les choses se compliquent, dit-on souvent, c’est que le salariat s’est diversifié et que les dominations ressenties sont fort variables. Quoi de commun entre le travailleur à 30 heures par semaine travaillant dans un bureau climatisé au nord (peu nombreux) et le travailleur surexploité pendant 15 heures par jour et quasiment 7 jours sur 7 dans des puits d’extraction en Afrique, le tout pour gagner une misère ? L’exploitation dira l’un, rien dira l’autre plus pragmatique car un océan de conditions de travail et de vie les sépare. Or, il faut bien admettre, au-delà des apparences et des différences énormes, qu’il y a bien un point commun qui est l’exploitation de la force de travail. En ce sens, il s’agira toujours pour le Capital ou la Finance de faire travailler plus longtemps, ou de faire travailler plus vite, ou de payer moins le travail accompli, le tout pour le plus grand profit des grands rentiers, des gros actionnaires, de la finance.

Une République plus favorable au Travail se doit de constitutionnaliser des verrous qui empêche le travaillisme. Le principe (qui a ses exceptions) selon lequel chacun et chacune doit participer à la production de l’existence sociale ne signifie nullement les incohérences du non travail des uns et du surtravail des autres. En conséquence, l’idée socialiste-communiste du « travailler moins pour travailler tous et toutes et, in fine, travailler mieux » doit s’imposer en changeant le paradigme de la concurrence par celui de la coopération et de l’égalité.

Une telle République se doit de valoriser la valeur d’usage contre la valeur d’échange, les besoins sociaux contre la marchandisation effrénée. En ce sens une République socialiste est celle ou dans les textes fondamentaux comme dans le réel l’économie non marchande est valorisée, donc les services publics. L’Economie sociale et solidaire (ESS) l’est aussi, plus que l’économie prédatrice des firmes transnationales.

En outre, une telle République valorise la démocratisation contre les gouvernances autoritaires des oligarchies. Enfin, une République du Travail se veut aussi respectueuse de la nature et valorise alors la nécessaire transition écologique.

C Delarue

1) Déclaration de laFondation Copernic sur le 5 mai.

2) L’HISTOIRE DU 1er MAI, JOURNEE INTERNATIONALE DE CELEBRATION DES LUTTES DES TRAVAILLEURS de : Roberto Ferrario sur Bellaciao. Un exposé complet sur la question.

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article135104

Messages

  • Pourquoi je n’irai pas manifester le 5 mai... mais le 1er mai !

    de : La Louve

    En cette journée anniversaire de la naissance de Lénine, j’ai trouvé le moment bien choisi pour livrer une réflexion sur le 5 mai et ce qu’il convenait d’y faire (ou pas).

    En effet, je me posais la question : que faire du 5 mai ? Y aller ou pas ?

    (Car, même si je n’en suis pas, et que je pense avoir vu assez rapidement les - mauvaises- raisons du changement de cap ...- on doit se poser des questions quand un groupe politique comme le NPA appelle à la manifestation du 5 mai aux côtés du FdG).... mais j’ai pris ma décision.

    Il est finalement exclu pour moi d’aller manifester le 5 mai.

    Il n’y aura pas de " manifestation à côté", "sur nos bases à nous"....Non.

    Nous connaissons les médias. Nous savons ce qui se passera. Nous avons déjà eu des avants-goûts avec les CUAL etc....

    Ils diront que ceux qui y sont allés y sont allés pour soutenir le bout-en-train Mélenchon (le clown brillant même, au sommet de son art, que j’ai vu chez Ruquier Samedi). Ils diront que nos marches sont ses voix à lui (même pas au "FDG")...

    Bref. Ceux qui iront seront noyés et utilisés. Les journalistes feront leur boulot de clébards du Capital. Quoi que nous écrivions. Fassions. Disions.

    Alors un militant communiste conscient, a fortiori encarté nulle part, doit réfléchir à ce qu’il va faire, peser le pour et le contre.

    En quoi la participation au 5 serait utile , non pas pour les élections municipales ou européennes, non. Utile aux luttes en cours. Utile à la conscientisation politique de grands pans du prolétariat actuellement en "remue-méninges"...

    Elle est là la question, la seule : le 5 sera-t-il utile aux luttes, et si oui, comment, dans quelle proportion, dans quel SENS ? Car comme le rappelait un temps la devise de la CGT "syndicat de MASSE" certes mais aussi "DE CLASSE" la question du SENS ne peut plus être écartée.

    Or nous avons vu que laisser à Mélenchon et son état-major le soin de "rassembler" leur permet dans le même temps (et c’est logique) de distiller leurs idées, et que ce rassemblement, contrairement à ce que disent des doux rêveurs (ou des gens qui ne veulent pas se battre...) il s’organise non pas de façon "neutre" en "réveillant les consciences", non, il s’organise sur les bases idéologiques du FdG, de manière indubitable.

    C’est donc ainsi, comme toujours, forme et fond sont rigoureusement indissociables.

    Pour moi c’est finalement réfléchi. Je crois bien que le 5 n’aura aucune utilité pour les luttes, de notre point de vue. Et si sens il y a , nous ne serons pas maître du sens.

    Alors c’est non.

    Après avoir balancé, hésité, la prestation de Mélenchon (excellente au niveau du "show", mais totalement tragique de ce qu’elle révèle du point de vue politique) chez Ruquier a emporté mon choix, c’est NIET.

    A force de soutenir tout et son contraire ("le parlement européen n’est pas démocratique et n’a aucun pouvoir mais l’essentiel ce sont les élections européennes" - en résumé), à force d’oxymores, de litotes, pour paraître sans être, pour faire croire aux prolos que.. tout en rassurant à demi-mots le patronat...Mélenchon finit par se prendre les pieds dans le tapis (le tapis rouge que lui ont déroulé les médias bourgeois depuis des mois et des mois, à dessein....).

    Je lui laisse donc très volontiers sa "gauche souverainiste", incohérente sur l’avenir européen et surtout, contre-révolutionnaire. Ce n’est pas moi qui leur filerai les balles pour me les tirer dans le dos à la première occasion.

    J’ajoute que tout militant communiste ou anarchiste un peu "au fait" ne peut pas ignorer que ce "mouvement" du 5 est déjà infiltré à la base par des tas de mouvances d’extrême droite, type UPR Asselineau, Soraliens, Dieudonnistes et j’en passe... Et que sans volonté claire des membres du FdG de ne pas tolérer une seconde ce type d’immixtion, qui n’a rien de "caché", cela ne pourra que mal finir.

    Leur présence est parfaitement normale car le discours social-chauvin, républicano-nationaliste, souverainiste, laicard-border line... de Mélenchon et de ses cadres (Lordon, dans une controverse avec Harribey, avait ouvert la marche il y a 2 ans de cela, avec un article d’été au Diplo’ vantant le protectionnisme fordiste que serait la "démondialisation"...), incohérent (en apparence) sur le plan politique ("Hollande c’est de la m...., sauf si je suis premier ministre", en gros), articulé à une absence totale de remise en cause du Capitalisme et de la bourgeoisie (quel discours tonitruant en accents mais édulcoré en propositions....chez Ruquier Samedi soir, c’était absolument flagrant pour qui aurait encore eu des doutes : cette mise en cause permanente - et stérile - du "capitalisme financier" pour mieux protéger le "capitalisme industriel" et les PME...) et congédiant d’emblée la possibilité révolutionnaire réelle ("l’obtenir par la force.....de la loi" ou encore "la révolution....citoyenne" ou "l’action....du suffrage universel"...) .... est la porte ouverte à l’entrisme fasciste.

    Et cela nous l’avons dénoncé très vite, ici et ailleurs : attention M. Mélenchon, vous jouez avec le feu. Un feu qui finira par nous brûler tous.

    Il faut être un débutant ou un abruti (il n’est certainement ni l’un ni l’autre) ou....un apprenti-sorcier (est-il un fieffé roué retors ou stratosphériquement grisé par ses succès d’estime, je l’ignore et peu importe je ne suis pas psy) ....pour ne pas le savoir.

    Pour ne pas comprendre ce que cela veut dire et où cela ira.

    Notre première responsabilité politique, morale, organisationnelle est donc de ne pas cautionner cela. Ni de près ni de loin. C’est trop grave à l’heure où la peste brune envahit l’Europe à nouveau. Ne pas y participer donc. Car ils auront le contrôle de ce que l’on fera de nous et justement, cette manière de faire très bourgeoise, nous luttons contre.

    Je n’ai (toujours) rien en commun avec le programme et les idées de Mélenchon et sa bande de cadres issus du chevènementisme et du républicanisme social et je n’irai certes pas me faire compter parmi un des leurs. Que celles et ceux qui nourrissent le "nouveau Grillo à la française" réfléchissent, une fois sur orbite, il sera trop tard.

    Notre seconde responsabilité est d’organiser , ou plutôt, de préparer, de permettre d’émerger..dare-dare un autre mouvement, qui pourrait commencer, non pas le 5 mais le 1er mai (car avant le 5 mai il y a le 1er mai...)

    Avec des bases simples mais claires, PAR EXEMPLE :

    annulation de tous les "PSE" en cours, interdiction immédiate des licenciements (je ne précise pas "boursiers" et c’est à dessein), expropriation de la bourgeoisie et appropriation collective des moyens de production, matériels et immatériels, et de leurs financements, mise en place de conseils ouvriers, expropriation des sociétés privées de santé pour financer l’hôpital public, suppression immédiate du financement des écoles privées (que les confessions paient elles-mêmes celles qu’ils veulent maintenir ouvertes) et financement de nouvelles écoles publiques, régularisation de tous les sans-papiers, intégration immédiate de tous les intérimaires et CDD, augmentation du SMIC à 1700 euros, taxation immédiate et conséquente des plus grosses fortunes, mise en œuvre des poursuites fiscales à l’encontre des "3000 familles", plafonnement immédiat des loyers, réquisition des logements vacants et des propriétés immobilières détenues par le grand patronat...

    Laissons à la CFDT et autres inféodés au patronat les mots d’ordres aussi répugnants que "séparation du politique et du syndical". C’est avec cela que l’on désarme les travailleurs ! Pas question de séparer oh non. De la politique, les patrons en font tous les jours !

    Aussi, je vous invite toutes et tous à faire pareil.

    A être extrêmement nombreux le 1er mai, avec vos panneaux, vos banderoles, vos mots A VOUS....

    Il n’y a pas de luttes syndicales sans luttes politiques et vice-versa. Il faut ancrer le politique dans le prolétariat et parvenir à en faire "sa chose".

    Ce que les bourgeois appellent "faire de la politique" (comme on dirait faire du golfe, de la peinture...) nous, nous appelons cela "livrer la lutte de classe".

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article134913

    • il y a déjà pas beaucoup de manifestations en France contrairement à d’autres pays
      Espagne alors fixer des jours comme le 5 mai
      pourquoi pas à nous d’en faire une journée des travailleurs
      d’ailleurs le npa y va
      solidaires aussi

    • 5 mai, Verts ou PG, défendez les peuples-classe partout, pas des entités englobantes.

      Ce ne sera pas le cas.

      I - Non aux références larges qui laisse le loup à l’intérieur !

      La référence ambigue à la République sans adjectif ou à une République n°6 n’est pas satisfaisante.
      Le 5 mai, s’agit-il de défendre vraiment le peuple-classe contre la finance et la troïka ? Ce n’est pas très net.
      Et c’est la référence à la République qui masque les enjeux. Il en serait de même d’ailleurs de la référence à la Démocratie ou aux Citoyens.
      Ce sont là des références majuscules trop usées car trop englobantes, trop abstraites. Tout le monde s’y retrouve et personne. On y met le loup et l’agneau.

      II - Europe ou France, un faux débat bien pour le FN.

      Je lis "Mélenchon combat l’Europe, les Verts veulent la construire" sur Médiapart (1).

      Mais quelle Europe ? Quelle France ? Quelle construction ? Quelles revendications et quelle politique ? Je ne vois qu’apologie d’entités englobantes qui font le jeu des dominants. Quelques mots pour les dominés et surtout un projet d’alliances de classe avec les bourgeoisies, la finance et la troika. Quelle rupture ?

      L’Europe, l’Europe, l’Europe ou la France, la France, la France, c’est pour beaucoup largement indifférent car un faux débat, une double fausse piste car in fine tout cela n’est que lieux de pouvoir de l’oligarchie financière. Ce n’est que nationalisme, apologie d’entités englobantes, bien loin de la défense des peuples-classe de France et d’Europe. Certes l’oligarchie financière du fait de la BCE et de la troika est mieux chez elle en Europe que dans la France. Mais en France l’oligarchie financière a bien avancé ses pions et nous sommes plus dans la République du MEDEF que dans celle du peuple-classe français. Et de loin. Conclusion : la gauche doit défendre les peuples-classe, le peuple-classe français en lien avec la libération des autres peuples-classe d’Europe. S’y tenir est important contre la montée du FN.

      III - Proposition : La gauche doit choisir le peuple-classe comme référence et abandonner le peuple-nation.

      Le peuple-classe c’est 99%de la population du territoire national, la classe dominante est exclue. Les résidents d’origine étrangère présents depuis longtemps sur le territoire y sont ajoutés. Si le 1% vous parait trop restreint car vous voulez exclure aussi du cercle des dominés les grands cadres dirigeants surpayés qui forment la couche d’appui de la classe dominante et de l’oligarchie financière alors vous avez un peuple-classe formaté de 94 à 97 % de la population d’en-bas. C’est à ceux-là qu’une gauche doit s’adresser.

      Christian DELARUE

      L’apologie des entités englobantes par les dominants.

      http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/200413/lapologie-des-entites-englobantes-par-les-dominants

      Mélenchon combat l’Europe, les Verts veulent la construire

      http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/250413/melenchon-combat-leurope-les-verts-veulent-la-construire?onglet=commentaires#comment-3416901