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Le gouvernement s’apprête à "bastonner" les chômeurs
Publie le lundi 2 mai 2005 par Open-Publishing3 commentaires
Déclaration de Maurad Rabhi, Secrétaire de la Cgt

Le gouvernement s’apprête à "bastonner" les chômeurs plutôt que de s’attaquer aux causes du chômage
Le chômage a progressé de 0,3 % en mars, pour le troisième mois consécutif, ce qui porte le nombre de chômeurs a 2,5 millions. Le taux de chômage atteint 10,2 % de la population active. Encore une fois, on tourne le dos aux promesses de Raffarin de réduire de 10 % le niveau du chômage en 2005.
Le Premier ministre a d’ailleurs admis qu’il serait dans l’incapacité de tenir cette promesse. En vérité, le gouvernement préfère s’attaquer aux chômeurs plutôt qu’au chômage. En effet, l’Etat, l’Anpe et l’Unedic sont en train de négocier, en catimini, une convention qui définira les modalités de contrôle des demandeurs d’emploi, dont le principe avait déjà été retenu dans la loi de Cohésion sociale. L’Anpe, autrement dit l’Etat, verrait ses prérogatives réduites, tandis que l’Unedic serait seule habilitée à « apprécier la réalité de la recherche d’emploi » et pourrait décider de diminuer le montant des allocations ou de les suspendre. Un décret à paraître doit graduer les sanctions en fonction des situations.
L’objectif est de contraindre les chômeurs à accepter n’importe quel emploi, à n’importe quel prix et de créer les conditions d’une radiation massive des allocataires. Une sorte de revanche après l’affaire des « recalculés » et celle des intermittents du spectacle.
Ce faisant, le gouvernement détourne l’attention sur les véritables causes du chômage : les fins de CDD ou de mission d’intérim constituent, à eux seuls, les deux tiers des inscriptions sur la liste des demandeurs d’emploi. Les inscriptions consécutives à un licenciement économique ont bondi de 6,6 % en mars par rapport au mois précédent.
Plutôt que d’organiser la chasse aux chômeurs, qui aura inévitablement pour effet de grossir un peu plus les rangs de l’exclusion, le gouvernement serait mieux inspiré de mettre en oeuvre une politique d’accompagnement de retour vers l’emploi. Celle-ci suppose de dégager les moyens financiers nécessaires et de renforcer les prérogatives du service public de l’emploi.
Actuellement, seule l’administration a le pouvoir de sanctionner les chômeurs. Il n’y a aucune raison que cela change et que soit donnée à d’autres une telle responsabilité. Nous rappelons la nécessité d’une procédure contradictoire au cours de laquelle l’intéressé doit pouvoir se faire accompagner par une personne de son choix. Il est également urgent d’élaborer une charte de manière à encadrer l’activité des opérateurs privés de placement en leur interdisant notamment de sélectionner les demandeurs d’emploi en fonction de leur « employabilité ».
Une labellisation de ces opérateurs et la mise en place d’un cahier des charges permettront d’éviter le développement des pratiques mercantiles. Enfin, plutôt que de culpabiliser les chômeurs, il faut définir précisément le contenu de l’Offre Valable d’Emploi (OVE) ou de l’Offre Valable de Reclassement (OVR) qui leur est proposé et notamment ce qui touche à la qualification, le niveau de salaire, la nature et la durée du contrat, les conditions de travail et celles de la mobilité, etc. Sur ce terrain, la Cgt est disponible pour faire des propositions.
Messages
1. > Le gouvernement s’apprête à "bastonner" les chômeurs , 2 mai 2005, 19:14
J’ai publié ci-dessus le communiqué de la CGT.
Voici ci-dessous celui de Force Ouvrière ; rien sur le site CFDT...
Patrice Bardet
La sanction plutôt que l’action ?
Au moment où le chômage frôle la barre des 2,5 millions de personnes, le gouvernement n’a visiblement pas d’autres solutions que de durcir le contrôle des chômeurs pour mieux les sanctionner. « Nous avons, dans le service public de l’emploi, des réformes à faire et un certain nombre d’initiatives pour inciter les gens à vivre des revenus du travail plutôt que des revenus de l’assistance », a déclaré vendredi dernier le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, qui s’inquiète de la hausse du nombre des offres d’emplois non satisfaites (273.000, selon les chiffres officiels de mars).
Les « initiatives » gouvernementales pourraient bien être formalisées dans le cadre de la convention pluriannuelle État-ANPE-UNEDIC destinée à « améliorer l’accompagnement des demandeurs d’emploi en vue de leur retour à l’emploi ». Selon le projet en cours de préparation, le gouvernement envisage d’autoriser un contrôle tous azimuts des chômeurs en élargissant le pouvoir de contrôle et sanctions à l’ANPE et aux ASSEDIC. Ces dernières partageraient ainsi les compétences de la direction départementale du travail (État), qui est seule habilitée actuellement à contrôler et à sanctionner l’allocataire lorsqu’il refuse « sans motif légitime d’accepter un emploi compatible avec sa spécialité, ses possibilités de mobilité géographique et rétribué à un taux de salaire normalement pratiqué dans la profession et la région ».
Si ce projet venait à voir le jour, pour le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, ce serait un « point de rupture ». À l’occasion du 1er mai, il a mis en garde l’État qui cherche, selon lui, à « radier les chômeurs » au lieu de lutter contre les causes du chômage. Et d’ajouter : « quand il y a 2.500.000 chômeurs officiellement recensés, quand il y a 6 à 7 millions de personnes en situation d’extrême précarité, il est interdit de culpabiliser les chômeurs ».
2. > Le gouvernement s’apprête à "bastonner" les chômeurs , 3 mai 2005, 07:20
Si on en est là n’est ce pas la faute aux syndicats ? devenus de véritables courroies de transmission
de l’état et de sa politique economique liberale. LeS Syndicats gérent avec le patronnat et l’état
la misère et la régression sociale. Quelques syndicats ( sud, cnt ) et beaucoup de syndicalistes de base ont et aimeraient rompre avec la logique capitaliste et réformiste des grandes centrales.
Pourquoi ces grandes centrales bloquent-elles toutes grèves, négocient au minima, ne provoquent pas d’unité syndicale sur des objectifs précis, refusent la grève générale........leur fonctionnement centraliste, pyramidal, n’est plus adapté eux aussi ont confisqué le pouvoir du peuple.
Ils faut investir d’autres syndicats, en créer d’autres ? peut-être ? dans tout les cas il faut se bouger
et SE mobiliser ET ETABLIR EN UN MOUVEMENT PERPETUEL LES RAPPORTS DE FORCES !!!
ALKEMI
1. > Le gouvernement s’apprête à "bastonner" les chômeurs , 3 mai 2005, 20:07
Cette appréciation, il faut la nuancer sérieusement. Les accords Unédic n’ont jamais beaucoup intéressé les salariés (je sais être critique envers la confédération CGT si nécessaire, mais là c’est tout à fait injuste), et les "mouvements de chômeurs" sont extrèmement faibles.
La seule centrale syndicale qui syndique les chômeurs, c’est la CGT. Ils sont dénommés "privés d’emploi" et ce n’est pas une question de vocabulaire : pour la CGT, ils font partie des salariés.
Pour la CFDT, elle a décidé que les chômeurs ne sont plus des salariés. En conséquence, les associations AC ! ont été crées par des "minoritaires" CFDT.
FO, je n’en parle pas, je connais peu. Il me semble que FO ne syndique pas les chômeurs, ni CFTC, ni la CGC. Par définition, FSU, UNSA non plus
Quand à SUD (scission de la CFDT) et la CNT, ces deux syndicats sont bien trop petits pour avoir une influence appréciable (désolé, mais c’est un fait).
Les négociateurs Unedic sont donc le patronat, les cinq confédérations avec une représentation paritaire : autant de patrons que de salariés. La CGT y a autant de voix que...la CFTC ou la CGC
(je vous précise qu’à mon avis, les associations de chômeurs n’ont aucune légitimité à négocier pour les salariés : la représentation des privés d’emploi doit se faire par les centrales syndicales)
Alors, je vous laisse tirer les conclusions...
Au fait, êtes vous syndiqué pour vous battre avec les autres ?
C’est je pense un peu trop facile de regarder "depuis le bas côté" : quoiqu’on puisse en penser par ailleurs, le pouvoir syndical (dans le syndicat) appartient aux syndiqués ; à eux de militer, de prendre ce pouvoir et de s’en servir au lieu de "déléguer" sans contrôle du mandat donné.
salutations militantes
Patrice Bardet, délégué syndical Ufict-CGT
patrice_bardet@yahoo.fr
1) Pour avoir un peu d’information sur l’Unedic (construit en 1958) et pourquoi le "paritarisme" des institutions sociales (le pouvoir donné aux patrons), je vous conseille la lecture de quelques articles publiés sur le site anti cégétiste, anticommuniste de l’Institut Supérieur du Travail. C’est assez édifiant.
Les secours aux chômeurs avant l’UNEDIC
Assurance-chômage : le récit d’André Bergeron
Tâchez d’en lire les implications "politiques" pour "comprendre" le fond (notamment le récit de Bergeron)
2) sur le mythe de la grève générale, un bon article introduisant le débat sur le site de d’Institut d’ Histoire Sociale de la CGT www.ihs.cgt.fr