Leopold Weiss, le Juif qui devint Musulman et l’ami des Arabes

Leopold Weiss (1900/1992) descend d’une famille de rabbins, un érudit polyglotte maitrisant l’hébreu, l’Araméen… Il étudie la Thora. Il aurait dû continuer la filiation, mais il nous dit :

« Il me semblait que le Dieu de la Bible était indûment préoccupé par les rites à observer par ses fidèles et par le destin d’une seule nation : la nation hébraïque ».
Il fut journaliste, linguiste, théoricien… Et c’est en se rendant dans une Palestine sous mandat britannique en 1922 qu’il tombe amoureux de l’islam et se convertit, il prend le nom de Muhammad Asad (Asad=Lion), de ce jour son père interdit que l’on prononce son prénom dans la maison familiale d’où il est banni, il devient l’ami des Arabes qu’il considère comme ses frères. Il voyage dans le monde arabe pendant plusieurs années et se rend plusieurs fois à la Mecque.
Il devint plus tard le premier ambassadeur du Pakistan à l’ONU, c’est lors de cette conférence en 1952 qu’il prononce un discours anti-Israélien à la tribune, car si avec des intellectuels juifs, il concevait un état dans cette Palestine, celui-ci ne peut se faire qu’en associant à égalité les Arabes et les Juifs, il rejettera toujours dès le début, l’idée d’un foyer national juif et le projet sioniste parce que pour lui la Palestine est Arabe, en 1922 les Juifs représentent 20% de la population en Palestine, prophétique, il dit :

« C’est être aveugles devant les perspectives de souffrance que leur politique allait ouvrir, devant les combats, l’amertume et la haine à laquelle allait s’exposer pour toujours, même en remportant des succès temporaires, l’îlot juif au milieu d’un océan Arabe hostile »

Il est l’ami du poète pakistanais Mohamed Iqbal qui aura une influence sur l’islam, car lui-même influencé par Henri Bergson et son élan vital, un élan créateur qui vivifie la spiritualité musulmane ; Bergson qui lui-même spirituellement était devenu chrétien, Bergson qui lui est resté juif par solidarité à cause de ce que son peuple subissait avec le nazisme ; contrairement à Asad et Bergson, nombre de Musulmans peuvent aussi se sentir appartenir à une communauté culturellement et pas religieusement, mais comme eux, ils restent auprès de leur communauté pour prendre leur part de crachats, de quolibets, de souffrances et d’humiliations…