Accueil > la Reunion : Le MGER en ordre de marche pour les mois à venir

la Reunion : Le MGER en ordre de marche pour les mois à venir

Publie le vendredi 10 novembre 2006 par Open-Publishing

Le "Mouvement de la Gauche Ecologiste Réunionnaise", qui fait partie de l’Alliance, a tenu samedi 21 octobre son assemblée générale annuelle. Il va sans dire qu’à l’aube d’une période politique électorale importante et de grandes échéances électorales, les positions de chacun sont à examiner avec attention. Guy Ratane Dufour, son Secrétaire général, nous livre ici les conclusions d’une réunion qui a vu un éclaircissement dans la ligne politique de ce parti et l’affirmation d’objectifs clairs basés principalement sur l’écologie, un positionnement à gauche et soucieux des intérêts réunionnais.

(...) Deux textes contradictoires ont été déposés pour que l’assemblée en discute et les approuve.
En tant que membre fondateur et Secrétaire général du MGER, j’ai défendu un texte cosigné avec le Président du mouvement, Cyrille Lebon. Ce texte qui se voulait être une chartre de vie et d’expansion de notre mouvement s’est retrouvé face à une motion qui, à mon sens, dénaturait les engagements pris lors de la fondation de ce parti. La ligne de cette motion tout à fait défendable présentée par François Esquer, porte-parole du MGER, sur le fond, reprend les idéaux de notre parti, mais ne pouvait être votée dans son ensemble sans remettre en cause l’indépendance de notre mouvement vis-à-vis de partis nationaux ou de rassemblements métropolitains.

Un mouvement écologiste de gauche ancré d’abord dans la réalité réunionnaise

LORS de la création du MGER, nous avions convenu de la nécessité de construire un parti de gauche avec une forte sensibilité écologiste mais également proche de la réalité réunionnaise. Le MGER n’a pas pour ambition d’être un supplétif d’un parti national, ni de prendre ses ordres à Paris, comme cela est spécifié dans ses statuts. Bien entendu, le MGER ne s’interdit pas un dialogue avec des partis politiques qui sont en métropole et n’importe où en Europe s’ils sont proches de ses idéaux. Rien par contre ne peut infléchir son ambition de se tourner en priorité vers les problèmes réunionnais.

Le MGER se veut profondément régionaliste, pour une décentralisation réfléchie avec de nouveaux pouvoirs, mais aussi les fonds qui vont avec.
La motion qui nous a été proposée voulait que nous nous engagions sans exclusive dans le CIUL, rassemblement de partis et d’associations créé pour des candidatures unitaires anti-libérales. Sur ce point, j’ai insisté sur l’importance d’une candidature unique anti-libérale. J’ai moi-même signé une pétition dans ce sens. Mais je rappelle qu’il ne s’agit que de l’élection présidentielle. Les autres rendez-vous électoraux doivent faire l’objet de négociations au sein de l’Alliance, or, dans la motion de M. Esquer, il est précisé que nous devrions soutenir à toutes les élections à venir les candidats désignés par le CIUL, CIUL qui est un rassemblement national. Le MGER est avant tout le parti de l’écologie réunionnaise et participe à la construction d’un avenir écologiquement viable pour nos concitoyens réunionnais.

En ce qui concerne la présidentielle, le drame, c’est qu’il n’est plus possible de penser à un candidat unique anti-libéral, et s’il y a plus de deux candidats de cette nature, ma signature personnelle deviendra caduque. Le MGER a pris l’option de travailler dès les élections régionales au sein de l’Alliance, rassemblement auquel il a largement participé et auquel il a apporté un soutien sans faille.

Pour une candidature unitaire de gauche aux élections présidentielles...

Certes, en tant qu’homme de gauche, je milite fortement pour qu’on appelle à une candidature unitaire autour du PCF (Parti Communiste Français - NDLR), ainsi, ce seront tous les petits partis qui gravitent à la gauche de la gauche libérale qui seront gagnants. On a déjà fait l’erreur de ne pas avoir tenté d’influencer le PS pour qu’il choisisse un candidat plus à gauche, ne rajoutons pas une erreur à une erreur ! Que voulons-nous ? Qu’il nous reste la seule alternative de voter Royal au premier tour pour sauver les meubles ?
Et pourtant, si l’on ne veut pas que Napoléon Sarkozy devienne notre nouveau Bush, il faudra, si l’on continue dans cette voie, en passer par là, et pour moi, ce serait dommage.

Il faut limiter les candidats à gauche et jamais nous ne pourrons infléchir la politique sans tenir compte du PCF. Soyons pragmatiques et cessons de rêver qu’il va se passer la même chose que pour le “non”. On a tous constaté qu’après le referendum, chacun est rentré sous sa tente. Il ne reste guère plus que l’Extrême droite qui va faire campagne là-dessus. Le MGER peut être fier d’avoir été le premier parti réunionnais à appeler à voter “non”, désormais il faut passer à autre chose. Tout d’abord à la présidentielle et selon la tournure, après d’autres discussions, nous parlerons avec nos alliés naturels des autres élections.

Au sujet de la présidentielle, j’ai proposé que nous communiquions sur un appui à une candidature du PCF qui rassemblerait toute la gauche anti-libérale, et si cela ne se fait pas, alors seulement après avoir connu la liste des candidats sûrs, nous prendrons une décision.
Sachez que quoi qu’il arrive, si le PCF n’est pas à la tête de ces forces, ce sera la bérézina d’une gauche qui se veut réellement sociale. On ne peut plus attendre de gagner seuls, c’est un mirage. Un président socialiste, quel qu’il soit, fait moins peur, même à La Réunion, qu’un Nicolas Sarkozy qui risque (et là nous pouvons prendre date) de larguer les DOM avec une foultitude de prétextes fallacieux.

L’apport du MGER au Nouveau contrat social du PCR

Les autres pierres d’achoppement entre les deux textes ont été sur le projet du PCR (le Nouveau contrat social).
En ce qui concerne le texte du PCR, même s’il est vrai que le compte n’y est pas, il est tout de même une grande avancée, et l’on est en droit, au MGER, dans une discussion au sein de l’Alliance, de proposer que cette entité prenne en compte notre propre programme qui, à mon avis, peut être complémentaire et qui apportera de nombreux éclairages sur une nouvelle vision de notre île dans les années à venir. La motion adverse a notamment recalé le partenariat public-privé pour le tram-train, et s’il est vrai que l’anti-libéral que je suis préfère des régies autonomes comme la RATP par exemple, en tant que défenseur de l’environnement, je ne peux que saluer cette initiative qui nous permettra d’aller à marche forcée vers une alternative au tout automobile. Si l’on doit passer par ce moyen de financement, il faut l’accepter pour éviter le coma circulatoire de notre île.

Le point qui semble gêner certains d’entre nous, c’est ce que beaucoup de détracteurs appellent "la préférence régionale" et que moi j’appelle la "justice" ! Si certains utilisent par démagogie la préférence régionale et brandissent toutes les peurs d’une société xénophobe, c’est qu’ils ont une bien piètre opinion du peuple réunionnais.
Lorsque l’on met en avant un possible changement de statut, si l’on suit les désirs inscrits dans le texte du PCR, je m’inscris en faux car ce serait mal connaître la législation française qui donne le droit à l’expérimentation dans toutes les régions de notre pays. Donc, je balaie d’un revers de manche cet argument pour le moins curieux et tendancieux. Personnellement, je trouve qu’au niveau du privé, beaucoup d’efforts sont faits pour le recrutement local, mais là où le bât blesse, c’est au niveau des emplois publics.

Et que demande le PCR, sinon la mise en place d’écoles pour former des fonctionnaires réunionnais ? Il demande aussi le renforcement de l’enseignement et l’ouverture de classes pour pallier au manque de fonctionnaires. En quoi ce désir ne serait-il pas légitime ? Déjà, je m’étais exprimé sur ce sujet en demandant que l’on réfléchisse à un texte qui pourrait interdire la mutation d’un fonctionnaire sans son accord à plus de 1.000 kilomètres de son lieu naturel de vie. Bien entendu, il faudrait tenir compte des besoins des régions et proposer une obligation de stage hors de la région d’origine. En quoi est-ce xénophobe de vouloir que des hommes et des femmes ne soient pas exilés de leur territoire d’origine et de leurs familles ?

On sait tous que le difficile problème des transports entre la métropole et notre île est la cause de bien des drames. À titre d’exemple, il faut 3 heures 30 pour relier Lille à Marseille en TGV, alors qu’il faut 10 heures pour venir à La Réunion avec un coût de billet d’avion exorbitant. Je pose la question : N’est-ce pas de la discrimination, n’est-ce pas de l’injustice ?
Alors, pour moi, même si la problématique posée par le PCR est incomplète, elle est juste. Une nouvelle fois, les deux textes n’étaient pas compatibles, celui que j’ai défendu était ostensiblement axé sur un développement régional et durable dans la sphère réunionnaise, et l’autre, comme bien des textes politiques, se raccrochait à l’idée que la politique doit se décider à la majorité des régions françaises.
Pour terminer, les grandes orientations du MGER restent ce que les fondateurs ont toujours souhaité et se voient renforcées par l’acceptation du texte que j’ai défendu avec le président et la majorité des militants.
Le MGER est et reste le seul parti de la gauche écologiste totalement indépendant d’autres mouvements nationaux à La Réunion.

Le MGER en ordre de marche pour les mois à venir
Article paru dans Témoignages