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Comprendre la Réunion : Virapoullé (UMP) et Vergès (PCR) bons pères de famille !

Publie le mardi 28 novembre 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

Virapoullé, un éléphant ça trompe énormément

Ses adversaires le comparent souvent à un crapaud, ou encore à un roquet (Témoignages), parfois même à un caméléon (Camille Sudre) ou “un cabri, qui n’arrête pas de sauter dans tous les sens”, dixit Paul Vergès. Tout cela pour dire que Jean-Paul Virapoullé, qu’on le veuille ou non, reste une bête politique. Un gros poisson, plutôt requin que légine. En 2009, il aura 65 ans et fêtera déjà ses 40 ans de vie politique.

Difficile de parler de Virapoullé sans évoquer Vergès. Et vice-versa. En dépit de leur différence d’âge, soit près de 20 ans - Jean-Paul Virapoullé a eu 62 ans le 15 mars, Paul Vergès 82 ans le 5 mars - les deux hommes se ressemblent sur plusieurs points : intelligents, retors, roublards, politiciens à souhait dans le sens de fins tacticiens, beaucoup menteurs aussi, prestidigitateurs de la parole, tribuns hors-pair. Et derrière leurs grands desseins pour La Réunion, se cache également l’ambition plus terre-à-terre de préparer le terrain pour leurs
descendances.

Jean-Paul Virapoullé a déjà casé son fils Jean-Marie, le médecin, au conseil municipal de Saint-André (4e adjoint), au conseil général et à la tête de la Cirest. Il voudrait maintenant en faire un maire, mais ce dernier ne serait pas encore assez mûr. Virapoullé a aussi pris soin d’assurer l’avenir, économique cette fois, de son deuxième fils Laurent, diplômé d’HEC et ingénieur à Grignon, en lui décrochant, via ses relations politiques nationales, quelques beaux quotas de légine.

Paul Vergès a quant à lui installé sa fille Françoise aux commandes de la toujours invisible Maison des civilisations et son fils Pierre à la direction de la Sem 21 et à la Région. Il le verrait bien comme futur président du conseil régional en 2010 et député de la 5e circonscription en 2007.

À part ça, hormis le fait de considérer la politique comme un héritage familial, les deux hommes travaillent pour la Réunion, chacun dans son registre. Mais il n’empêche qu’avec le temps, Paul Vergès semble avoir pris de la hauteur, en cultivant l’image du sage, du sphynx, de celui qui se place au-dessus de la mêlée, alors que Jean-Paul Virapoullé, un tantinet désordonné, aurait plutôt tendance à courir dans tous les sens.

LA POSITION DU MISSIONNAIRE

“Virapoullé me fait penser à un élu un peu arriéré qui a une gestion uniquement électoraliste de sa commune. Avec lui, c’est au coup par coup et à la tête du client. Il s’emballe souvent à la veille des échéances électorales. Sur le plan départemental, il lui manque une vision à long terme et un projet de développement durable. Il n’a pas encore compris que la politique ce n’est plus une confrontation droite/gauche, bloc contre bloc. Il n’a pas évolué”, constate Joé Bédier, élu de l’opposition municipale. Virapoullé mènerait-il donc une politique de grand-papa ? Si l’on devait transposer sa méthode politique aux ébats amoureux, cela reviendrait à dire qu’il s’est toujours limité, en somme, à la position du missionnaire. (Rien à voir avec la relique de Saint-André que Mgr Gilbert Aubry nous pardonne cette métaphore !). “Oui, mais contrairement à un Vergès, Virapoullé a des convictions. Ça passe ou ça casse. On l’a vu sur la bidep et, grâce à cette vague coup’ pas nous, 19 communes sur 24 et 40 cantons sur 49 sont passés à droite en 2001 et 2004. On l’a vu également lorsqu’il a fait voter un amendement au Sénat pour interdire les lois péi.

Virapoullé est un homme de droite, un peu centriste parfois quand ça l’arrange, mais de droite quand même, alors que Vergès est un communiste, ancien autonomiste, indépendantiste, devenu aujourd’hui libéraliste pactisant avec le grand patronat et plus que jamais départementaliste, n’hésitant pas à embrasser le fils Debré alors qu’il a combattu le père durant toute sa carrière politique”, note un élu socialiste. Virapoullé lui se vante d’avoir toujours battu Paul Vergès en face à face, ainsi que feu Laurent Vergès, par trois fois. Il débute d’ailleurs sa carrière politique en 1969, à l’âge de 25 ans, en battant, aux cantonales, Paul Vergès considéré alors comme “le grand leader du peuple réunionnais”. Premier adjoint de Edelbert Nativel, Virapoullé s’empare du poste de maire en juillet 1972, lors d’une élection interne. La rumeur laisse entendre qu’il aurait monté un complot contre Nativel. En 1977, il bat le communiste Bruny Payet. Il est réélu en 1983 contre Laurent Vergès avec 47 voix d’écart seulement. L’élection est annulée. En 1984, il l’emporte avec 53% des suffrages, puis en 1989 et en 1995. Mais là encore, annulation car il aurait embauché trop de CES. Il est réélu en 1996 et 2001.

UNE COMMUNE “CRADE”

Parallèlement, Virapoullé a également été vice-président et rapporteur du budget du conseil général du temps de Pierre Lagourgue et de Poudroux en 1998. Il a aussi fait élire son parrain, Louis, sénateur de 1974 à 1983. Lui même a été député de 1986 à 1997, avant d’être balayé par Claude Hoarau. En 1998, il crée la Relève pour contrer le Rassemblement de Paul Vergès à la Région. En 2001, il devient sénateur. À la mairie de Saint-André, face aux communistes, socialistes et free domiens réunis, Jean-Paul Virapoullé n’a jamais connu la défaite. En revanche, depuis 2004, la donne a quelque peu changé : ses deux poulains Serge Camatchy et Jean-Claude Ramsamy se sont fait dégommer aux cantonales par les communistes de l’Alliance, Eric Fruteau et Yvon Virapin. Un avertissement à Virapoullé ?

Il a compris la leçon, raison pour laquelle il ne quitte plus sa commune. Y’a le feu dans la maison. Du matin au soir, il reçoit en mairie, chez lui dans sa cour, fait du porte-à-porte, multiplie les réunions de cellule. Il a repris en main les dossiers communaux. Il a d’ores et déjà activé son staff de campagne. Saint-André est certes une ville qui s’est développée durant ces dernières décennies, mais elle reste une commune “crade” avec un centre commercial “dégueu”, de nombreuses rues encore dépourvues d’éclairage public - un comble dans la capitale du Dipavali, ville de lumière - un taux de chômage de jeunes très élevé et d’échec scolaire alarmant. Il devra également remettre de l’ordre dans les finances communales mises à mal par une gestion “gros doigt” et par certains élus et employés communaux sans scrupules qui ont pris des libertés certaines avec l’argent des contribuables. 40 ans après ses débuts triomphants, le voilà sur la sellette. Virapoullé a du pain sur la planche !

Yves Mont-Rouge

http://www.clicanoo.com/article.php...

Messages

  • ...Vergès est un communiste, ancien autonomiste, indépendantiste, devenu aujourd’hui libéraliste pactisant avec le grand patronat et plus que jamais départementaliste, n’hésitant pas à embrasser le fils Debré alors qu’il a combattu le père durant toute sa carrière politique”, note un élu socialiste.

    L’élu se trompe sur un point : Vergès est tout ce qu’il dit sauf un ancien indépendantiste. Il n’a jamais cessé de l’être. Il a dû se faire une raison car les Réunionnais n’ont jamais voulu le suivre. Mais il n’a pas renoncé, il attend juste l’opportunité de se passer de leur l’accord. Il se fait passer pour un départementaliste mais il attend "mieux". Devant le refus massif de ses compatriotes, il a mis une sourdine à ses revendications séparatistes, mais si le diable (de l’Intérieur par exemple) lui offrait la possibilité de les "contourner" alors il pactiserait avec le diable.

    Pourquoi l’élu croit-il que Vergès attend "la parole" de Ségolène et même celle de Sarkozy au lieu de se déclarer partenaire de l’AU ?

    Il y a une chose que le journaliste ne dit pas c’est que le monsieur n’est pas partisan de faire consulter les Réunionnais par référendum sur une éventuelle indépendance de la Réunion. Cela veut tout dire !

    Voilà une des raisons - en plus de celles décrites dans l’article - pour laquelle ce monsieur n’a pas le temps de s’opposer au libéralisme, de s’inquiéter du sort que le capitalisme réserve aux Français et de s’apitoyer sur la réussite de l’AU.

    VCR