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Kesler versus Le C.N.R

Publie le dimanche 14 octobre 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

Défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance

Denis KESSLER est de retour. L’ancien n° 2 et idéologue en chef du MEDEF au côté d’Ernest-Antoine Seillières de 1994 à 1998, apôtre du projet de “refondation sociale” d’alors, signe un éditorial dans le journal “Challenge” du 4 octobre 2007. Il éclaire avec le plus grand cynisme la cohérence globale du projet SARKOZY : liquider le modèle social construit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sur la base des rapports de force issus de la Résistance et de la Libération. Il s’agit bien d’une contre-révolution. Bon à savoir pour mieux combattre !
CD

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ADIEU 1945, RACCROCHONS NOTRE PAYS AU MONDE !

par Denis KESSLER

Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie.
Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme…
A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !
A l’époque se forge un pacte politique entre les gaullistes et les communistes. Ce programme est un compromis qui a permis aux premiers que la France ne devienne pas une démocratie populaire, et aux seconds d’obtenir des avancées - toujours qualifiées d’« historiques » - et de cristalliser dans des codes ou des statuts des positions politiques acquises.
Ce compromis, forgé à une période très chaude et particulière de notre histoire contemporaine (où les chars russes étaient à deux étapes du Tour de France, comme aurait dit le Général), se traduit par la création des caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l’importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d’être nationalisées, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc.
Cette « architecture » singulière a tenu tant bien que mal pendant plus d’un demi-siècle. Elle a même été renforcée en 1981, à contresens de l’histoire, par le programme commun. Pourtant, elle est à l’évidence complètement dépassée, inefficace, datée. Elle ne permet plus à notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales. Elle se traduit par un décrochage de notre nation par rapport à pratiquement tous ses partenaires.
Le problème de notre pays est qu’il sanctifie ses institutions, qu’il leur donne une vocation éternelle, qu’il les « tabouise » en quelque sorte. Si bien que lorsqu’elles existent, quiconque essaie de les réformer apparaît comme animé d’une intention diabolique. Et nombreux sont ceux qui s’érigent en gardien des temples sacrés, qui en tirent leur légitimité et leur position économique, sociale et politique. Et ceux qui s’attaquent à ces institutions d’après guerre apparaissent sacrilèges.
Il aura fallu attendre la chute du mur de Berlin, la quasi-disparition du parti communiste, la relégation de la CGT dans quelques places fortes, l’essoufflement asthmatique du Parti socialiste comme conditions nécessaires pour que l’on puisse envisager l’aggiornamento qui s’annonce.
Mais cela ne suffisait pas. Il fallait aussi que le débat interne au sein du monde gaulliste soit tranché, et que ceux qui croyaient pouvoir continuer à rafistoler sans cesse un modèle usé, devenu inadapté, laissent place à une nouvelle génération d’entrepreneurs politiques et sociaux. Désavouer les pères fondateurs n’est pas un problème qu’en psychanalyse.

par Denis Kessler
“Challenge” - 4 octobre 2007

Messages

  • les chars russes étaient à deux étapes du Tour de France

    Vous savez quoi, c’est cela la base de cette haine anti-communiste.

    En effet, les faits sont terriblements pro-communistes concernant le 20eme siècle.

    Par exemple, ce sont des chars Nazis qui sont entrés en France, pas des chars Russes.

    Autre exemple, c’est avec l’allemagne Nazie que la grande majorité des industriels français ont collaborés, pas avec le très criminel Staline.

    Voilà d’où vient ce dépit : Hitler à perdu, et le Medef de l’époque avait parié sur sa victoire.

    D’où le CNR, qui a foutu la honte à tout le patronat français de l’après guerre.
    Heureuseusement qu’il y avait le grand charles, sinon, c’était les chars russes.

    Le coup des chars russes, ils nous l’ont fait :
     En 1939
     En 1945
     En 1968
     En 1981

    C’est à desespérer de la force de frappe militaire soviétique, non ???

    Pour recadrer le discours actuel, il faut se rappeler que l’occupation armée de l’OTAN en allemagne des forces américaines, anglaises et françaises n’a cessés qu’au début des années 1990, juste après le démantèlement de l’union soviétique.

    jyd.

  • C’est pas ce gogo qui a friquoté avec les maoistes des sixties ! c’est peut etre qu’il il avait trop tiré dessus ! toujours est il qu’il n’est pas revenu de son bad treap. C’est trop gros son discours et non cohérent car en contradiction d’avec ce que l’Agité tente de vampiriser le PS. Son analyse politique est mauvaise car puérilement fan de ! il n’a pas encore perdu ses boutons boutonneux d’adoléscent en mal de reconnaissance ! Il veillit mal Kesler. Skapad

    • Non, ce n’est certainement pas "trop gros" !

      Kessler ne fait que dire dans un résumé extrêmement brutal ce que Parizot répète à longueur d’interventions.

      Et si l’on regarde tant soit peu le programme que Sarkozy met en place, c’est très exactement le programme de Parizot.

      Il le fait avec la complicité de quelques syndicats Jaunes (1), et de la Mutualité, qui ne rève que de prendre la place de la Sécu, perdue en 1946

      Patrice Bardet


      lire à ce propos Un accord dangereux pour les victimes ; cet accord a été signé par toutes les confédérations, sauf la CGT et... surprise...la CGC

      laissons parler le MEDEF, qui révèle bien les "dessous" de cet accord pourri

      Enfin, nous avons fait le choix d’une réparation personnalisée et responsable plus favorable aux victimes. La réparation intégrale des préjudices - qui n’existe dans aucun système européen - n’est pas envisageable dans notre système actuel. Celui-ci accorde en effet aux victimes une réparation forfaitaire et automatique sans recours à la justice (présomption d’origine professionnelle). Les partenaires sociaux ont choisi de maintenir ces principes tout en améliorant l’étendue de la réparation au bénéfice de la victime.

      et la mission "amiante" de l’assemblée

      http://www.assemblee-nationale.fr/12/rap-info/i2884-tII.asp#P4069_706049

      M. Dominique FLORIO : (...)C’est un exemple parmi tant d’autres. Il arrive aussi qu’un promoteur privé achète une usine avec du calorifugeage, du flocage, et la fasse désamianter par des gens du voyage, en échange de la récupération, par ces derniers, de matériaux comme le laiton ou l’aluminium.
      (...)

      M. Gérard du CHESNE : À la Fédération, je suis en contact quotidien avec des entrepreneurs ayant répondu à des appels d’offres et qui s’aperçoivent, sur le chantier, qu’il y a de l’amiante. (...)Résultat, lorsqu’un problème est constaté le vendredi, si l’on revient sur le chantier le lundi, l’amiante a disparu, par miracle. Notre fédération, je tiens à le dire, ne valide pas ces procédés mais demande que la législation soit lisible et raisonnable : le confinement est parfois nécessaire mais pas toujours, pour des questions de coûts et de délais.

      (...)

      M. le Rapporteur : Les statistiques dont vous nous avez parlé témoignent d’une progression des maladies professionnelles liées à l’amiante. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

      M. Jean-François BOULAT : Cette augmentation, dans le BTP, est due à 80 % au développement des plaques pleurales, affections bénignes - il s’agit de calcifications de la plèvre - mais qui sont signées par l’amiante. C’est donc relativement inquiétant.

      Le nombre d’affections malignes croît chaque année faiblement, mais nous nous attendons à une explosion des mésothéliomes dans les vingt ans à venir, le temps de latence allant de vingt à quarante ans. Quant au cancer broncho-pulmonaire, sa fréquence est aggravée par l’amiante mais il est difficile de faire la part des choses avec le tabac, les symptômes étant parfaitement identiques.

      La meilleure connaissance des maladies et des risques d’exposition, qui a conduit à l’interdiction de l’amiante, a fait décoller les statistiques il y a sept ou huit ans. Mais, je le répète, nous craignons surtout une explosion du nombre de mésothéliomes d’ici à vingt ans, due non seulement aux expositions antérieures mais aussi aux expositions actuelles du secteur 3.

      M. le Président : Seriez-vous en mesure d’effectuer une projection aléatoire à vingt ans ?

      M. Jean-François BOULAT : Des estimations ont déjà été effectuées par l’Institut de veille sanitaire et dans beaucoup d’articles publiés en Europe et aux États-Unis : le nombre de victimes supplémentaires, d’ici à vingt ans, atteindrait le nombre astronomique de 100 000. Il est néanmoins impossible d’effectuer des projections profession par profession.

      Je déplore l’insuffisance du plan de surveillance du mésothéliome : seuls dix-sept départements disposent d’un registre du mésothéliome et les résultats nationaux sont extrapolés à partir de leurs statistiques. Ce sujet requiert beaucoup plus de moyens.

      M. le Président : Il serait intéressant que vous communiquiez votre sentiment au nouveau directeur général de la santé !

      M. le Rapporteur : Depuis que le problème a été popularisé, il y a dix ans, on prête davantage attention à l’amiante, alors qu’auparavant, les affections broncho-pulmonaires étaient systématiquement attribuées à l’hérédité ou au tabac. Vous avez parlé de 100 000 morts prévisibles et, dans l’audition précédente, le chiffre de 300 000 a été avancé. Je crois que toute estimation, dans ce domaine, est très aléatoire.

      cynisme !

      M. Michel CRETIN

      À la suite de ces élargissements successifs, le nombre des bénéficiaires de l’allocation de cessation anticipée d’activité pour les travailleurs de l’amiante, qui était de moins de 4 000 en 2000, a atteint environ 27 000 en 2005 et les charges ont connu un accroissement rapide, passant de 54 millions d’euros en 2000 à 650 millions d’euros en 2004 pour s’établir, en gros, à 788 millions d’euros en 2005. Or 10 % seulement des bénéficiaires de l’Allocation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante (ACAATA) sont effectivement atteints d’une pathologie associée à l’amiante, plaques pleurales incluses...

      Le recensement des abus les plus manifestes, et même de certains détournements, a pu cacher l’essentiel : le dispositif financé par la branche AT-MP bénéficie à des salariés dont la majorité ne développera jamais de pathologie liée à l’amiante ! Or les fonds que la branche dépense pour ces dispositifs de préretraites sont près de deux fois supérieurs à ceux qu’elle consacre à l’indemnisation des victimes. Le PLFSS pour 2006 illustre bien ce que l’on peut être tenté de qualifier de « paradoxe », puisqu’il prévoit une dotation de 700 millions d’euros au profit du FCAATA et seulement 315 millions d’euros pour le FIVA. Il se pose donc, aux yeux de la Cour, un problème d’allocation des ressources.

      Dans le prolongement de la communication remise au Sénat, le rapport annuel de la Cour sur la sécurité sociale publié en septembre 2005 indique que le financement du FCAATA « apparaît à bien des égards une charge indûment supportée par la branche AT-MP et contribuant pour une part importante de son déficit. Les financements que la branche AT-MP a consacrés au FCAATA sont depuis 2002, année d’apparition du déficit, supérieurs en cumulé au déficit de la branche. Un recentrage des financements accidents du travail et maladies professionnelles sur les préretraites servies par le FCAATA aux seules victimes ayant développé une maladie s’impose41. » C’est pourquoi la Cour propose que la situation des personnes ayant été exposées à l’amiante dans leur travail, mais n’ayant pas développé de pathologies soit examinée, par exemple, dans le cadre des travaux de mise en œuvre de l’article 12 de la loi portant réforme des retraites sur la prise en compte de la pénibilité dans les conditions de départ à la retraite.

      (...)

      M. Michel CRETIN : Le seul critère objectif dont nous disposons pour recentrer le FCAATA sur les véritables victimes est l’apparition de la maladie. Aussi la Cour propose-t-elle que le bénéfice du FCAATA soit réservé aux seules personnes ayant développé une pathologie avérée.

      (...)

      M. Frédéric SALAS : Mais on en est bien arrivé jusque-là... En sens inverse, j’ai découvert que, dans les fonderies de Fumel, par exemple, les salariés ayant développé une silicose ou une sidérose sont plus nombreux que ceux victimes d’affections de l’amiante, mais c’est au titre de celle-ci qu’ont été effectués les départs en préretraite FCAATA. La silicose, affection particulièrement grave, ne donne, en effet, droit à aucun traitement particulier. Comment expliquer cette différence de traitement ? Pourquoi l’amiante et pas la silicose ?

      (....)

      M. le Président : En tant que président de la commission des affaires sociales, j’ai activement contribué à faire évoluer la législation, pour ce qui concerne les dockers notamment. Mais nous avons le plus grand respect pour la Cour des comptes et ses rapports...

      Pour commencer, comment êtes-vous arrivés à ce chiffre de 10 % de bénéficiaires réellement atteints d’une maladie professionnelle liée à l’amiante ?

      M. Frédéric SALAS : J’ai repris les statistiques d’entrées dans le dispositif du FCAATA : 10 % y sont entrés au titre d’une maladie liée à l’amiante, 90 % pour avoir travaillé dans une entreprise listée.

      M. le Président : Mais vous ne savez pas combien, parmi ces 90 %, ont développé une pathologie.

      Mme Rolande RUELLAN : Nous n’avons jamais dit autre chose.

      (...)

      M. le Rapporteur : Faire bénéficier quelqu’un qui ne présente ni plaque pleurale ni aucun symptôme d’affections autrement plus graves - pour certaines irrémédiables - est en quelque sorte une façon de lui donner un peu plus de temps hors travail pour le cas où il serait atteint d’une maladie après quelques années de retraite. Autrement dit, une façon d’accorder une sorte d’indemnisation sur la durée de vie... C’est en tout cas ainsi que le dispositif est fortement ressenti.

      Mme Rolande RUELLAN : Mais pourquoi réserver ce dispositif aux seuls malades de l’amiante ? On connaît nombre de maladies professionnelles, de cancers liés aux produits que l’on respire et, pourtant, on ne va pas mettre les personnes en préretraite à cinquante ans au motif que, à un moment de leur vie, ils ont été en contact avec tel produit... Cela ferait sauter la banque à coup sûr et c’est précisément cela qui nous préoccupe.

      (....)

      Mme Rolande RUELLAN : La négociation partenariale reste incontournable. La branche AT-MP est précisément celle que les partenaires sociaux s’estiment le plus légitimement en droit de contrôler et de piloter. Ce qui ne signifie pas pour autant que l’État abdique de ses responsabilités. L’amiante servira probablement de leçon pour les partenaires sociaux et particulièrement les syndicats, jusqu’alors totalement inexistants dans la commission « accidents du travail » de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), pilotée par le MEDEF. On y sentait une sorte de complicité dans la non-défense des intérêts des salariés. Sans chercher à se substituer totalement aux partenaires sociaux, l’État devra se montrer plus vigilant qu’il ne l’a été dans la défense des intérêts de la santé au travail. Un plan a été élaboré...

      (...)

      Mme Rolande RUELLAN : La commission des maladies professionnelles au ministère du travail met des années, du fait de l’obstruction du MEDEF, à reconnaître une évolution et à accepter la modification d’un tableau et l’inscription d’une nouvelle maladie ou d’une nouvelle condition. L’État est trop faible...

      Samedi 13 Octobre l’ANDEVA, la FNATH, la CGT manifestaient aussi contre cet accord pour réclamer la réparation intégrale