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A-t-on crevé les yeux de No Pasaran ?

Publie le samedi 3 avril 2004 par Open-Publishing

Dans le No Pasaran n° 28 de mars 2004, paraissait un
texte rédigé par la conférence du stage du barreau de
Paris particulièrement sexiste !Nous avions pris
connaissance de ce texte sur les listes de Samizdat et
tout en approuvant le fait qu’il explique tout ce
qu’implique une loi comme la loi Perben 2, nous avons
clairement dénoncé le fait qu’une partie de son
contenu était ouvertement sexiste. No Pasaran a tout
de même cru bon de le diffuser, malgré nos alertes !
Certes le sujet est trop grave pour être ignoré et ce
texte est utile pour comprendre la gravité d’une telle
loi mais en d’autres temps, les antifascistes, dont No
Pasaran, avaient un regard bien plus alerte sur le
sexisme, et auraient diffusé le texte avec les
commentaires qui s’imposent, ce que n’a pas pas fait
No Pasaran !

Nous déplorons de constater la régression de certains
mouvements antifascistes qui perpétuent certains
schémazs et excluent la cause des femmes de leurs
priorités. C’est cela que nous dénonçonsd avec colère
dans cette rubrique ! Le sexisme est, nous le
rappelons à ces mouvements victime de mémoire bancale,
voire sélective, partie intégrante du fascisme ! Voci
le texte qui est l’objet de notre colère suivi de nos
commentaires !

" Perben II : Ca peut vous arriver
 http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=4467

Commentaires :

"Vous aimez votre femme et votre femme vous aime" .

Nous savons que ce mot est entré dans la langue
française, mais que des juristes cautionnent l’idée
qu’une femme puisse "appartenir" à un homme en tant
que femme et non en tant qu’épouse alors que celui-ci
peut "appartenir" à une femme en tant que "mari" et
non "homme" nous posent de gros problème. En outre, le
terme qui aurait dû être défendu par les juristes dans
ce texte aurait dû être "épouse" et non "femme". 1ère
grave erreur (en est-ce une ?) faite par des personnes
qui sont censée manier le droit.

"Vous avez eu ensemble trois enfants que vous adorez".

Ce passage suggère ce qu’une famille aboutie et
heureuse doit être féconde ! Que c’est dans l’ordre
normal des choses. En d’autres terme que le choix de
ne pas avoir d’enfant-s ou de n’en avoir qu’un-e n’est
même pas envisageable !

"Parmi ses nombreux amis, deux sont pour lui comme des
frères".

Même chose que précédemment. Notion de famille appuyée
par l’utilisation du mot "frères" pour désigner un
état de complicité pas si fréquent pourtant dans les
cercles familiaux. Nous rappelons que les mots sont
EXTREMEMENT important dans le droit. Un mot peut
changer un statut, un mot peut enfermer un-e
innocent-e ou acquiter un-e coupable. La loi use de
termes toujours très précis afin d’éviter toute
confusion.

En dehors du fait de ces petits messages pernicieux,
ce passage du texte où l’on parle de la "descendance"
de la femme (Julia ?) et de l’homme (Jules ?)
(forcément marié-es !), ce sont bien sûr-e les garçons
qui sont le clou de l’histoire, les filles étant
supposées être incapable de faire preuve de rébellion
 ! Encore un message que diffuse ce texte et que toute
orga antifasciste digne de ce nom aurait dû relever.

"Trois jours plus tard, un jeune homme souriant aborde
votre fils à la sortie du lycée. Il lui montre une
camionnette spécialement aménagée et lui propose, en
cas de besoin, de transporter gratuitement tout engin
à deux-roues. Julien est étonné. Le jeune homme le
rassure, l’invite à prendre un café et lui offre
finalement un téléphone portable : " appelle-moi ! ".
Cet homme est un policier, habilité par Perben II"

Encore un homme, bien entendu-e. C’est de toute façon
bien connu-e : la police est "un métier d’hommes",
n’est-ce pas ?

"Julien et Arnaud s’emparent du vélo. Ils escaladent
ensuite la grille pour le cacher dans le jardin de
Roselyne Lajoue" C’est bien connu-e, "

Le sport est au garçons ce que les fleurs sont aux
filles" c’est bien cela ?

"Le lundi suivant, à 18 heures, Julien n’est pas
rentré à la maison. Votre femme s’inquiète, Julie et
Juliette le cherchent. 18h30 : le téléphone sonne.
C’est la police." Le texte s’adresse, comme par
hasard, à un homme et indique explicitement l’état
d’inquiétude qui affecte son épouse et leur fille,
mais rien n’est dit de son inquiétude à lui, qui n’en
a pas vraiment. "Oh, il a dû aller draguer" doit-il
penser, affalé devant son foot "quoi de plus normal
pour un homme ?"

- Les tâches sont clairement départagées, mais tout
reste suggéré-e. C’est seulement lorsqu’il apprend que
Julien est en taule que l’inquiétude le guette, et que
les nuits blanches commencent pour lui. Un peu tard
tout même. -

"Le lendemain, un avocat ..."

- Pas une avocate. -

"A 20 heures, quatre hommes sonnent à votre porte. Ce
sont des agents EDF qui viennent relever les
compteurs"

- Des hommes, n’est-ce pas ? -

"Votre femme passe de l’hystérie à l’hébétement."

- Tiens donc ! Voilà une remarque profondément sexiste
 ! Rappelons que les femmes se sont vues régulièrement
qualifiées d’hystériques pour un oui ou pour un non
par les instances machistes. Rappelons que le mot
hystérie a même été conçu dans une optique sexiste vu
qu’il provient du mot "utérus" ! Les deux
caractéristiques supposées entre lesquelles oscillent
les femmes aux dires des machistes sont assez
curieusement l’instabilité nerveuse et la bêtise !
Caractéristiques reprises ici comme un fait tout à
fait ordinaire et connu de tous. D’un autre côté, et
toujours selon les machos, l’homme est censé tempérer
ses émotion, avoir un contrôle sur tout et sur tout le
monde, y compris sur lui. Ici, la femme disjoncte puis
reste hébétée, l’homme, lui, décroche, puis raccroche
le téléphone (ce n’est pas censé être le role de la
femme pour les machos, et pour plusieurs raisons :
elle est chez lui, il a les commandes, le contrôle, il
est actif tandis qu’elle est passive). -

"Voilà une semaine que vous ne vivez plus. Vous êtes
endormi sur le canapé, une bouteille de blanc à la
main."

- Qui s’occupe des repas,du ménage, de la vaisselle,
pendant cette semaine où l’homme se prélasse ???? -

"Vos filles et votre femme s’étant blotties autour de
vous dans le canapé."

- Oh, quel charmant portrait !! Les femmes se
blottisant contre l’homme, le pilier de la famille,
cherchant en lui protection et consolation ! L’homme,
le centre du monde ! L’homme, viril, solide et fort !
Encore un message sexiste ! -

"C’est ainsi entouré que vous finissez la bouteille de
blanc."

- Ca c’est le pompon ! Pas macho pour deux sous
l’bonhomme !!! -

"Elle se permet une première remarque sur l’état de
l’appartement. Vous réussissez à vous contenir. Elle
jacasse ensuite un quart d’heure sur le problème de la
délinquance. Vous sentez que vous allez sortir de vos
gonds. Pour finir, elle vous lance une remarque acerbe
sur l’éducation de Julien. C’en est trop : vous la
giflez. "

- Banalisation des violences faites aux femmes !
Quelle qu’en soit la raison, ces violences sont
éthiquement et juridiquement INACCEPTABLES !!! Pas mal
ce texte du barreau !!! Le message de ce passage est
très clair : si une femme vous emmerde, décollez-lui
une tarte, ça la calmera ! Et ce sont des juristes qui
ont écrit cela ???? Et je ne parle même pas du cliché
de la belle mère emmerdante... Au fait, emmerdante
pourquoi ? Pour son statut de belle-mère ou parce
qu’elle est une femme ???? "Si on ne peut plus cogner
une femme quand on veut, où va-t-on ? " N’est-ce pas ?
"Pourquoi devrait-on en vouloir à Bertrand Cantat ?
Une femme appartient dans sa nature, à l’homme, il a
donc le droit de la cogner si ça lui chante" c’est
bien cela ??? Notons que l’on retrouve également le
vieux cliché machiste des femmes piplettes, qui
parlent pour ne rien dire, en la belle-mère ! -

Voilà en somme tout ce que No Pasaran, Samizdat, Scalp
Réflexes, et tout autre groupe antifasciste auraient
dû relever dans leurs commentaires au lieu de diffuser
ce texte comme un quelconque autre texte ! Ce ne fut
pas fait. Dans l’urgence l’antifascisme retourne à ses
bonnes vieilles priorités dont les femmes sont à
nouveau exclu-es ! CHAPEAU !!

Annydrin
 http://lesfuries.chez.tiscali.fr