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AZF TOULOUSE : UN ALGÉRIEN DE 32 ANS, ATTEINT DE SURDITÉ DEPUIS L’EXPLOSION MENACE DE ETRE EXPULSÉ

Publie le vendredi 20 août 2004 par Open-Publishing

La Dépêche, article paru le 19/08/2004

de Sébastien Marti

JUSTICE.UN ALGÉRIEN DE 32 ANS, ATTEINT DE SURDITÉ PARTIELLE DEPUIS L’EXPLOSION, EST SOUS LA MENACE D’UNE RECONDUCTION À LA FRONTIÈRE.
Blessé par AZF, il veut rester en France

Si Abdelwaheb Kébilène, un Algérien de 32 ans en situation irrégulière, devait être expulsé vers son pays d’origine, son état de santé, déjà déficient, pourrait s’aggraver. C’est ce qu’a plaidé hier son avocat, Me Julien Rasoaveloson, qui a obtenu auprès du juge de la liberté et des détentions sa remise en liberté provisoire. Depuis hier soir, Abdelwaheb est hébergé à Toulouse, chez sa sœur où il est assigné à résidence avant que le tribunal administratif ne statue sur l’arrêté d’expulsion le concernant, pris le 20 mars 2003 par la préfecture de Haute-Garonne. Me Rasoaveloson doit déposer aujourd’hui devant le tribunal administratif une demande d’annulation de l’arrêté d’expulsion. Parce que le cas d’Abdelwaheb Kébilène est « très spécifique » comme le souligne le conseiller municipal d’opposition François Simon qui tente de susciter un mouvement de soutien autour de lui.

Kébilène a quitté l’Algérie en 2001 pour arriver à Toulouse. « J’ai déposé une demande d’asile politique, explique-t-il. Puis le 21 septembre 2001, j’étais à la faculté du Mirail pour m’inscrire en formation continue. L’explosion d’AZF m’a fait exploser le tympan de l’oreille gauche. J’ai dû arrêter les études, entreprendre des soins. Mon handicap est reconnu et je dois porter un appareil. Je ne supporte plus le moindre bruit, j’ai mal et je perçois des bourdonnements en permanence... »

L’année dernière, Abdelwaheb se retrouve en situation irrégulière, ne bénéficiant d’aucun titre de séjour. Il travaille sur les chantiers, « à droite à gauche pour gagner un peu d’argent ». En mars 2003, la préfecture de Haute-Garonne considère que « son état de santé ne nécessite pas de prise en charge particulière », refuse de lui délivrer un titre de séjour pour étranger malade et ordonne l’expulsion. Il adresse alors un complèment d’informations à la Ddass (direction des affaires sanitaires et sociales) qui lui assure que son dossier va être réactualisé. Comme il n’a plus de nouvelles de l’administration et qu’il ne peut travailler faute de papiers, il sollicite l’intervention de François Simon. Le conseiller municipal entre en contact avec le préfet, Jean Daubigny, afin qu’il réexamine le cas de Kébilène.
« LÀ-BAS C’EST L’ENFER »

Or lundi, lors d’un contrôle de police, Kébilène est arrêté et conduit au centre de rétention des Minimes. Il l’a quitté hier soir... Reste, comme le rappelle son avocat, « que la bataille n’est pas finie ». Pour lui, « il faut que M. Kébilène reste en France. D’abord parce que sa pathologie nécessite un traitement continu ; ensuite, parce que les structures hospitalières algériennes ne sont pas en état de lui prodiguer les soins ou de délivrer les médicaments appropriés ». « Là-bas, je n’ai plus rien, c’est l’enfer, confirme Abdelwaheb. Je n’y serais pas soigné correctement ».

Sébastien Marti

Selon François Simon, « il s’agit d’un cas très spécifique sur lequel le préfet peut intervenir pour des raisons humanitaires. Par ailleurs, c’est une situation qui ne peut pas faire jurisprudence puisque des personnes blessées par AZF, on ne va pas en recréer ». Le 1er juin dernier, Jean Daubigny avait répondu à François Simon, écrivant : « Je rappelle, ce jour, cette affaire à l’examen attentif de mes services ». Selon l’avocat de Kébilène, cette réponse a valeur d’engagement : « Il y a une contradiction. D’un côté la préfecture s’engage à réexaminer son dossier ; de l’autre on précipite la délivrance d’un arrêté de reconduite à la frontière. » Sollicitée hier, la préfecture n’a pas réagi.