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Affaire Lepaon : les questions qui agitent la CGT

par Catherine Gasté

Publie le dimanche 14 décembre 2014 par Catherine Gasté - Open-Publishing
2 commentaires

Revenus, indemnités, factures trop élevées : le leader syndical Thierry Lepaon peine à convaincre, à la veille d’une réunion au sommet.

La suspicion est à tous les étages à la CGT. Depuis plus d’un mois, le secrétaire général Thierry Lepaon se défend, allant récemment jusqu’à dévoiler son salaire, ses impôts... comme le demandaient ses détracteurs. Le 5 décembre dernier, il a lâché devant une dizaine de personnes : « Je gagne 5 000 € par mois et je paie 22 000 € d’impôts par an. » Problème : Thierry Lepaon serait alors énormément taxé... plus d’un tiers de son salaire y passerait. Cette déclaration censée lever tous les soupçons a eu l’effet inverse, y compris chez les fidèles de Lepaon, qui désormais s’interrogent.

Y a-t-il eu une surfacturation des travaux ?

Un lot de parquet flottant à 11 498 €, la plomberie et le carrelage à 24 067€ ou un lot de mobilier à 28 500 €... De l’appartement au bureau, les dispendieux devis font tourner les têtes. Et si cela cachait autre chose ? Jusque-là, on en parlait sous le manteau. Mais un élément nouveau est venu relancer les conjectures. Mardi, devant la commission exécutive, le président de la commission de contrôle (une instance indépendante mandatée pour faire la lumière sur les affaires), Michel Faivre-Picon, a remis un rapport d’étape. Selon nos informations, les montants des travaux ont été jugés beaucoup trop élevés. Une seule entreprise avait accepté de faire les travaux au pied levé, moyennant une rémunération plus importante, avait fait valoir il y a quelques semaines l’ex-trésorier Eric Lafont. « Pas suffisant » aux yeux de la commission. Dans l’assistance, certains ont posé la question d’une possible surfacturation. « Pas dans les premières analyses », a répondu Faivre-Picon, avant d’assurer qu’il poursuivait les investigations.

Que cache la prime de départ ?

Mardi dernier aussi, Thierry Lepaon a dû s’expliquer sur la prime de départ touchée lorsqu’il est passé de la direction du comité régional CGT de Normandie au poste de secrétaire général de la confédération en mars 2013. A-t-il touché 100 000 €, comme le disent de tenaces rumeurs ? Selon nos informations, il s’agit bien d’une somme totale de 100 830 € qui a été payée par la CGT de Montreuil au comité régional CGT de Normandie pour solde de tout compte du salarié Lepaon (arrivé à Paris en novembre 2012 et devenu leader national en mars 2013). Dans le détail : il s’agit de 26 000 € de salaires entre novembre 2012 et mars 2013 ; 6 000 € de frais (hôtels, cigarettes... et repas) ; 60 800 € d’indemnités de départ brut (soit 31 000 € net), pour compenser trois ans de chômage entre 2001 et 2003. Deux virements ont été effectués par la CGT, sur le compte du comité régional normand, l’un rétroactif pour 2012 au titre des salaires visés, l’autre sur les comptes 2013. Reste la question principale. Pourquoi la CGT de Montreuil a-t-elle dû payer cette somme alors que c’était au comité régional normand de le faire ?

Un mail de menace envoyé d’un cybercafé
Qui en veut au secrétaire général ? Cherche-t-on à nuire plus largement à la CGT ? Les deux questions hantent depuis des semaines les couloirs de la grande cathédrale de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Un salarié licencié qui réglerait ses comptes ; un mystérieux corbeau choqué par certaines pratiques ; des opposants de la première heure au successeur de Bernard Thibault, complotistes de l’intérieur ? Même si Thierry Lepaon a déjà sa petite idée et penche pour cette théorie du complot venu de l’intérieur, rien n’est à exclure. Sans compter d’autres pistes encore... Une chose est sûre : quelqu’un a bien mis la main sur un dossier confidentiel, dont des éléments ont fuité dans la presse. Retour sur les étapes de cette lente descente aux affaires.

Un mystérieux mail de pression.Début septembre, selon nos informations, un mail a été adressé au siège de la confédération, à la direction de la centrale. L’auteur prend alors bien garde de protéger son anonymat : ce courriel est envoyé depuis un cybercafé et via une adresse cryptée, comme le révélera une enquête en interne. Et pour cause : il s’agit d’un mail de menace rédigé par quelqu’un se revendiquant être « un militant de l’UMP ». L’auteur écrit être au courant des « travaux exorbitants » faits par la centrale pour le compte du secrétaire général. Il menace de faire des révélations. Deux mois après...

L’appartement 5 étoiles.Le 29 octobre 2014, « le Parisien » - « Aujourd’hui en France » et « le Canard enchaîné » révèlent que l’appartement de fonction du secrétaire général de 120 m2 (selon l’entourage de Thierry Lepaon, il ne mesure que 79 m2), situé dans un immeuble bourgeois en lisière du bois de Vincennes, a été rénové à grands frais. Le montant du devis des travaux est compris entre 130 000 € et 149 000 €. L’addition salée fait scandale. Thierry Lepaon dit « avoir appris par la presse le devis et le montant des travaux », qui selon lui s’élevaient à 105 000 €.

Le bureau class business.Le 26 novembre 2014, « le Canard enchaîné » révèle les frais dispendieux des récents travaux effectués dans le bureau de Thierry Lepaon, au 8e étage de la CGT. Coût de la rénovation, version design japonais : 62 000 € pour une surface d’environ 30 m2 et des meubles sur mesure.

Les primes dorées. Le 1er décembre 2014, Thierry Lepaon admet dans « l’Express » avoir négocié et touché une indemnité de départ quand il est passé de la direction du comité régional CGT de Normandie au poste de secrétaire général de la confédération, en mars 2013. Son argument : un changement d’employeur. De la CGT à la CGT ? Les militants sont estomaqués. D’autant qu’une persistante rumeur circule au siège de Montreuil : Thierry Lepaon aurait touché de la CGT jusqu’à 100 000 €.

Le fusible. Le 9 décembre 2014, Eric Lafont, l’administrateur-trésorier de la CGT qui a validé les coûteuses dépenses pour l’appartement et le bureau du secrétaire général, ainsi que ses indemnités négociées en 2013, démissionne. Thierry Lepaon se charge de lire une lettre en son nom devant la commission exécutive de la CGT.

http://www.leparisien.fr/economie/affaire-lepaon-les-questions-qui-agitent-la-cgt-14-12-2014-4372933.php

Messages

  • Lorsque l’"affaire LePaon" n’était qu’une histoire de travaux dans un logement de fonction j’étais très indulgent, voire partisan de la théorie du complot des sycophantes qui montent en épingle une histoire de cornecul...
    Lorsque j’ai vu le bureau ultra cher et d’un mauvais goût exécrable...j’ai craqué ! TROP c’est TROP !!!
    PUIS l’histoire de l’indemnisation... BONJOUR la NAUSEE !!!
    Il faut que les camarades combattifs et dévoués mesurent la gravité du problème...
    C’est PIRE que l’affaire CAHUZAC !!!
    LePAON devrait déjà être viré depuis quelques jours...Ainsi que tous ses soutiens !!!
    L’image de la CGT est injustement souillée. Il est presque trop tard pour la rétablir...
    Pour résister à l’offensive VALLS-GATTAZ-MACRON-ROTSCHILD je ne vois qu’une GREVE GENERALE très longue et hargneuse qui, idéalement, devrait commencer début mars 2015 et finir par une victoire en JUIN...
    Les travailleurs ont besoin d’avoir CONFIANCE pour se lancer dans un tel conflit, alors il faudra éviter soigneusement d’utiliser le sigle CGT .
    Je propose aux camarades combattifs et dévoués de créer une CUT (coordination unitaire des travailleurs) pour préparer, organiser et diriger la GREVE GENERALE indispensable... C’est beaucoup plus pertinent que d’organiser un congrès nombriliste qui ne règlera pas grand chose...