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Anarchisme, communisme et luttes de libération nationale
Publie le lundi 20 décembre 2010 par Open-Publishing3 commentaires
Jean Michel est membre de l’OCL de Reims, une organisation issue de l’ORA (Organisation Révolutionnaire Anarchiste) qui existe depuis 40 ans. Présent a Kanbo, nous revenons avec lui sur cette période sociale agitée que nous connaissons dans l’Hexagone.

Qu’est-ce qui vous a donné en vie de participer aux rencontres organisées par Segi ?
L’OCL à une spécificité dans le mouvement anarchiste, son soutien aux luttes de libération nationale. Cela nous tient à cœur., nous avons donc répondu positivement à cette initiative. La plupart des militants de l’OCL ont, à un moment ou à un autre, fait parti de mouvement de lutte de libération nationale. Dans les années 80 nous avons notamment été proches de la lutte basque et bretonne. On constate un gros problème dans le mouvement ouvrier français : hormis le fait qu’il a été pollué par l’idéologie républicaine, la lutte de classe avait du mal à se concrétiser en dehors de l’usine, ce qui est très important pour nous. La culture relie les gens en dehors du rapport de production, c’est potentiellement subversif, voire révolutionnaire.
Segi se revendique généralement du socialisme et du marxisme. Comment vous situez-vous par rapport à ça ?
Je crois que le marxisme n’existe pas, c’est une invention de théoricien qui ont voulu justifier leur autorité à l’intérieur du mouvement culturel. Le débat sur ce point là est réglé depuis longtemps pour moi : si tu es communiste tu es anarchiste et vice versa, il n’y a pas d’autres solutions possibles. Nous, ce qui nous importe aujourd’hui c’est pour résumer : les mouvements sociaux, la lutte des classes et l’écologie.
On a donc dépassé le stade dogmatique des années 70 ?
Je pense que de toute façon ce ne sont pas les révolutionnaires qui font les révolutions. Ce sont les gens. Le boulot du révolutionnaire, c’est d’être dans le mouvement social car il en partage intimement la réalité et de favoriser à l’intérieur de ces mouvements tout ce qui peut amener à la rupture et l’autonomie. Je suis matérialiste et je pense que c’est l’expérience qui forme la conscience, ainsi des revendications qui pouvaient sembler faibles au départ aboutissent à des choses vraiment intéressantes.
Comment l’OCL se situe dans le mouvement social agité d’aujourd’hui ?
Il y a beaucoup de choses intéressantes, des blocages, des actions, mais d’un autre côté les révolutionnaires on peu d’audience et ne sont pas toujours une vraie force de proposition. Plus personne ne parle de classe sociale aujourd’hui. On reste aussi sur de vieux mythes qui ne permettent pas de bloquer l’économie. Il faut créer, devenir autonome et sortir de l’agenda syndical. Ceci dit, il ne faut pas mettre de côté la répression forte de l’État dans ces mouvements.
En somme on vit une époque difficile mais passionnante, car on à tout un tas de choses à écrire avec la possibilité de faire du nouveau.
Dans ce contexte, l’OCL a constaté un regain d’intérêt pour les idées qu’elle développe ?
C’est compliqué, on ne cherche pas vraiment à recruter des gens, c’est un peu une organisation anti-organisationnelle. Nous ne pensons pas que les organisations font la révolution. Ceci dit la jeunesse s’est clairement radicalisée en dehors de toute organisation. Cette jeunesse expérimente, depuis 2002 il ne se passe pas une année ici sans qu’il se passe quelque chose. Plus personne ne croit en cette société. et c’est déjà un premier pas pour pouvoir la transformer.
Un dernier mot : l’Occitanie, qu’est-ce que ça représente pour toi ?
Je ne connais pas bien, je suis du nord, très loin ! J’ai quand même des éléments d’histoire qui me font dire que l’Occitanie c’est pas la France. Il y a une culture, une langue, des traditions différentes de celles du nord mais de toute façon la France ça n’existe pas. Il n’y a rien de commun entre quelqu’un de Lille, Brest et Toulouse. Pour moi la nationalité française est juste un titre administratif. Je sais qu’il y a eu des tentatives en Occitanie, mais que ça a buté du fait du primat du politique sur la lutte de libération nationale. Ce qui est intéressant chez tous les militants occitans que j’ai rencontré, c’est que ça n’a jamais été quelque chose d’exclusif. C’est un discours et des pratiques qui disent : l’Occitanie c’est ce qu’on est là, sans volonté d’exclure l’autre. Cela n’est pas une identité contre une autre et ça me semble très intéressant.
PAYS BASQUE
SEMAINE DE DÉBATS ENTRE JEUNES Á KANBO
Au cours du mois d’octobre, les jeunes de Libertat ont participé aux journées de débats initiées par Segi, le mouvement de la jeunesse basque abertzale, où se sont retrouvés plusieurs groupes politiques révolutionnaires de l’État français tels qu’Alternative Libertaire, l’Organisation Communiste Libertaire, les Jeunesses marxistes Léninistes et des militants autonomes.
Durant une semaine nous avons pu débattre sur plusieurs thèmes autour de la question révolutionnaire. Au fond « qu’est ce que c’est aujourd’hui d’être un jeune révolutionnaire ? ». Nous avons aussi pu aborder la répression que nous rencontrons à différents niveaux selon nos mouvements, ainsi que les moyens de communication que nous employons pour faire passer notre message. Ces journées de formation ont été un moment de découverte, de partage entre des jeunes organisations qui ne luttent pas forcément pour des questions de libération nationale. Cela nous a permis de nous rendre compte qu’aujourd’hui, malgré des projets révolutionnaires souvent proches, nous créons des barrières entre nous, classifiant à tort nos courants politiques selon différentes catégories. En ce sens, l’État a réussi en divisant les forces révolutionnaires en nous éloignant de notre projet commun. Pour autant cette semaine de débat a mis en avant le fait que ce projet vise à abattre ce même État, à recréer du lien social entre les gens pour lutter, ou encore à impulser des dynamiques alternatives locales.
Même si sur certains sujets, nos opinions divergent et nous empêchent pour l’instant de fournir une réponse précise et commune, ces journées ont marqué une volonté pour toute une partie de la jeunesse révolutionnaire de s’unir, de se retrouver et d’enclencher une solidarité trop peu présente comparée à la situation de crise que nous vivons.
Les jeunes de Libertat ont pu, nous l’espérons, éclairer les divers militants sur la situation occitane, parfois oubliée ou méconnue des luttes de libération nationale, même si l’on note un progrès conséquent ces dernières années, notamment auprès des jeunes basques. Ce genre de rencontres est aussi un temps de formation et d’apprentissage précieux où nous apprenons de chacun, mettant en évidence nos faiblesses mais aussi nos points forts ainsi que des projets de luttes communs. Matieu et Nadèja

SEGI
Segi est le mouvement de la jeunesse révolutionnaire du Pays Basque. Créé en 2001, le mouvement n’a pas résisté longtemps à la politique d’interdiction de Madrid. Il a été dissout la même année, toute appartenance à Segi étant depuis passible de prison dans l’État espagnol, puisque considéré comme activité terroriste. D’inspiration marxiste, Segi lutte aussi bien pour l’indépendance du Pays Basque que pour le socialisme et contre le système capitaliste. Les militants de Ségi possèdent de nombreuses sections des deux côtés de la frontière.
extrait du numéro 3 de La Revista de Libertat
Messages
1. Anarchisme, communisme et luttes de libération nationale, 20 décembre 2010, 17:09
Donc les ouvriers ont été pollués par l’idéologie républicaine ( liberté , égalité et fraternité ?) ; le marxisme n’ existe pas, et vive l’occitanie indépendante......y a des jours où il vaudrait mieux que certains restent couchés.
1. Anarchisme, communisme et luttes de libération nationale, 20 décembre 2010, 21:46
"Les ouvriers ont été pollués par l’idéologie républicaine (liberté , égalité et fraternité) " : oui, hélas, et ils ont marché au son du clairon et du canon : 1917-1948, Algérie...
"Avoir des esclaves n’est rien ; ce qui est intolérable, c’est d’avoir des esclaves en les appelant citoyens."
Denis Diderot
2. Anarchisme, communisme et luttes de libération nationale, 20 décembre 2010, 19:49, par Occitània internacionalista
http://www.youtube.com/watch?v=zfhA...