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Berlin prêt à cumuler les deux pare-feu financiers de l’euro

par Les Echos

Publie le dimanche 25 mars 2012 par Les Echos - Open-Publishing

L’Allemagne, sous pression des Européens et des Américains, est en voie d’approuver un renforcement du futur mécanisme européen de stabilité (MES) avec des moyens de l’actuel fonds de secours (FESF). Mais le Bundestag devra approuver ce nouveau schéma.

Ecrit par

Karl de MEYER
Correspondant à Berlin

Anne BAUER
Correspondante à Bruxelles

"Berlin cède enfin à la pression de ses partenaires européens, des Etats-Unis et du FMI. La chancelière Merkel et le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, sont en effet sur le point d’accepter un cumul des moyens des deux pare-feu financiers de la zone euro, selon l’hebdomadaire « Der Spiegel ». Jusqu’à présent, la capacité d’emprunt combinée de l’actuel Fonds de stabilité financière (FESF) et du Mécanisme européen de stabilité (MES), qui doit être lancé en juillet, devait être plafonnée à 500 milliards d’euros.

Plusieurs Etats, dont la France, estiment qu’il faut relever ce filet de sécurité afin de rassurer définitivement les investisseurs sur la capacité de l’Europe à amortir des chocs, y compris dans des grands pays comme l’Espagne ou l’Italie. La Commission européenne plaide pour cumuler les deux fonds, le FESF dont la capacité d’emprunt, garantie par les Etats membres, s’élève à 440 milliards et le MES, dont la capacité d’emprunt, garantie par des contributions au capital des Etats, doit atteindre 500 milliards. Une proposition jugée irréaliste, sur le plan budgétaire, par nombre d’Etats. « Plus d’argent tranquilliserait encore davantage les marchés », qui ne croient « pas que la crise est finie », estime cependant le président du FESF, Klaus Regling, dans un entretien à paraître aujourd’hui.
Solution intermédiaire

Une solution intermédiaire pourrait être de laisser au MES, pendant une période limitée, encore à définir, la capacité des prêts non utilisée du FESF, soit quelque 200 milliards d’euros (en sus des sommes prévues pour l’Irlande, le Portugal et la Grèce). Le plafond du pare-feu serait porté à 700 milliards d’euros. Reste à étudier la meilleure articulation possible entre la montée en puissance du MES, dont le capital sera progressivement porté à 80 milliards d’euros, et le retrait progressif du FESF, sachant que les Etats, notamment la France, ne sont pas en mesure de payer en une seule fois leur contribution au capital du MES.

C’est d’ailleurs ce qui semble justifier l’assouplissement de la position allemande : le MES, à la mise en place progressive, n’aurait pas été en mesure de suffisamment rassurer les marchés. Les versements au capital ne doivent se monter, cette année, qu’à 32 milliards d’euros sur les 80 milliards dont il doit disposer. Berlin a aussi subi les pressions du Secrétaire d’Etat américain au Trésor. Tim Geithner a averti : les Etats-Unis ne mettront pas un centime de plus dans le FMI, au printemps prochain, si l’Europe n’augmente pas ses propres outils de défense financière. Une condition reprise par tous les grands Etats émergents.

Les Finlandais, eux aussi sceptiques à l’origine, ayant indiqué une volonté de trouver un compromis, un accord européen devrait être possible à la réunion des ministres des Finances de Copenhague, les 30 et 31 mars. Mais le gouvernement Merkel devra faire approuver le nouveau schéma par le Bundestag, qui a pour l’instant plafonné la contribution allemande. Or un nombre croissant de députés, notamment dans le parti libéral et la CSU bavaroise, expriment une grande lassitude sur la question de l’euro.

Fin février, pour la première fois, la chancelière n’a pas obtenu la majorité absolue des voix du Parlement avec son seul camp dans un vote sur la gouvernance de la zone euro. La Cour constitutionnelle de Karlsruhe veille scrupuleusement au respect du droit de regard des députés sur les questions budgétaires. On peut donc s’attendre que l’Allemagne réclame de nouveaux gages de discipline. Il se dit que la chancellerie pousse la nomination de Wolfgang Schäuble à la tête de l’Eurogroupe, le club des ministres des finances des pays de la zone euro. Dans ce cas, la présidence du MES pourrait revenir à un espagnol. Enfin, le Luxembourgeois Yves Mersch semble désormais seul en piste pour entrer au directoire de la BCE.

ANNE BAUER (À BRUXELLES) ET KARL DE MEYER (À BERLIN)

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