Accueil > Bolivie : attentat contre la COB, la droite est accusée
Bolivie : attentat contre la COB, la droite est accusée
Publie le mercredi 26 décembre 2007 par Open-Publishing
Le gouvernement et la COB ont attribué l’attaque avec de la dynamite à des groupes "racistes et antigouvernementaux" avalisés par les autorités conservatrices. Les incidents qui ont comme cibles les mouvements sociaux et le gouvernementalisme sont déjà au nombre de cinq.
Avant qu’arrive Noël, une explosion a agité La Paz. Ce ne furent pas des feux d’artifice, mais de la dynamite qui a fait trembler lundi le siège paceña de la Centrale Ouvrière de Bolivie (COB). Après un attentat récent contre un hôtel de Santa Cruz où se loge généralement le président Evo Morales, le gouvernement a attribué l’attaque à une organisation terroriste inconnue. À des moments où l’opposition lutte pour l’autonomie départementale, le député gouvernementaliste César Navarro en dialogue avec Página/12 a accusé les autorités de droite d’avoir connaissance de groupes « racistes et antigouvernementaux ». Bien que l’opposition se soit démarqué du dernier attentat, la COB a responsabilisé la « droite », a exigé du gouvernement des mesures immédiates et trois de ses dirigeants se sont déclarés en grève de faim.
Jusqu’hier dans l’après-midi il y avait seulement un rapport technique sur l’explosion de lundi, a informé la policie de La Paz. Bien qu’on ne connaisse pas les auteurs présumés, la Force Spéciale de Lutte Contre le Crime fera des recherches sur l’explosif de haute qualité qui avant-hier matin a détruit les fenêtres de la centrale ouvrière, sans causer de victimes, dans un acte que la COB a considéré comme étant délibéré. « Nous avons souffert un attentat terroriste dans la chambre du secrétaire exécutif de la COB, Pedro Montes », a dénoncé le secrétaire syndical en charge des Finances, Ramiro Congori, en conversation avec Página/12.
Tandis que Morales insiste pour dialoguer avec l’opposition, l’attaque présumée contre la centrale a amené hier le gouvernement a soupçonner que l’escalade violente est en rapport avec la demande officielle de paix pour les festivités. « Nous sommes en présence d’une organisation de caractère terroriste, puisque ce sont des attentats successifs avec utilisation d’explosifs et dans quelques cas d’armement et cela constitue un attentat à la société démocratique bolivienne », a dit le ministre d’Intérieur, Alfredo Rada.
Avec l’explosion de lundi les incidents, pour ce qui va du mois de décembre sont au nombre de 5, qui semblent avoir comme cibles des attaques autant des mouvements sociaux que le gouvernementalisme. Ce week-end la vague violente est arrivée près du président, quand une explosion a affecté un luxueux hôtel de Santa Cruz, où quelques jours auparavant avait été hébergé Morales. Bien que beaucoup de dénonciations visent des groupes de l’opposition, quelques chefs anti-gouvernement ont des versions elon lesquelles le gouvernement pourrait être derrière l’attaque à la COB. « On ne sait jamais d’où cela vient mais pour beaucoup cela a été une action du gouvernement », a indiqué le président de droite du comité civique de Chuquisaca, John Caba. Le dirigeant civique a expliqué qu’à La Paz, où la dernière explosion s’est produite, a seulement force les pro-gouvernement et non l’opposition.
Par contre, le législateur gouvernementaliste César Navarro croit que les comités et les préfectures ont une responsabilité dans cette escalade violente. « Il y a des groupes autonomes à caractère irrégulier, raciste et antigouvernemental, parce que les comités et les préfets leur ont permis d’agir à Santa Cruz », a-il signalé. Depuis que le comité opposant a publié une liste d’ennemis dans cette ville, a-il ajouté, des paysans et des indigènes ont été attaqués. Quant à l’explosion dans la centrale ouvrière, Navarro l’a attribué à la proximité de la COB avec le gouvernement.
Toutefois, la dirigencia syndicale s’est montrée distante du Palais Quemado. « Nous avons reçu la solidarité des autorités, mais cela ne suffit pas. Le gouvernement ne fait rien pour éclaircir les attentats de décembre », a indiqué Ramiro Congori. La centrale croit que l’attaque à son siège est due à son affrontement avec l’« oligarchie » et le partage de terres qui prévoit la nouvelle Constitution.
« Quand il y a deux semaines nous voyions le danger d’une guerre civile pour l’autonomie que veut la Demie-Lune, nous avons fait une marche de 20.000 personnes pour défendre la lutte des travailleurs qui vient de 2003 et de 2005, quand le président a été élu. Cette protestation a géné l’opposition », a-t’il dit. Faisant explicite le fait que la COB n’est pas subordonnée au gouvernement, Congori a indiqué que Morales a commis plusieurs erreurs comme l’élection directe des préfets - qui selon lui a favorisé l’opposition - et l’appel à la Constituante sans le présumé consensus des travailleurs et des mouvements sociaux. « Nous attendons que le président agisse et que les préfets s’asseyent à la table avec lui. Nous voulons éviter un affrontement entre boliviens », a-t’il ajouté.
Juan Manuel Barca, Pagina/12, 26 décembre 2007.