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Comment pourrait-on au 21e siècle dépasser le déprimant constat de Thomas More ?
Publie le vendredi 23 avril 2010 par Open-Publishing– Dans son célèbre ouvrage "L’Utopie", le penseur et humaniste anglais du 16e siècle Thomas More, que certains qualifient de plus grand personnage qu’ait donné l’Angleterre, fait ce constat sur les rapports de classes sociales et sur la politique de son époque :
"Mais l’ouvrier, quelle est sa destinée ? Un travail infructueux, stérile, l’écrase présentement, et l’attente d’une vieillesse misérable le tue ; car son salaire journalier ne suffit pas à tous ses besoins du jour ; comment donc pourrait-il augmenter sa fortune et mettre chaque jour de côté un peu de superflu pour les besoins de la vieillesse ?
Ce n’est pas tout. Les riches diminuent, chaque jour, de quelque chose le salaire des pauvres, non seulement par des menées frauduleuses, mais encore en publiant des lois à cet effet. Récompenser si mal ceux qui méritent le mieux de la république semble d’abord une injustice évidente ; mais les riches ont fait une justice de cette monstruosité en la sanctionnant par des lois.
C’est pourquoi, lorsque j’envisage et j’observe les républiques aujourd’hui les plus florissantes, je n’y vois, Dieu me pardonne ! qu’une certaine conspiration des riches faisant au mieux leurs affaires sous le nom et le titre fastueux de république. Les conjurés cherchent par toutes les ruses et par tous les moyens possibles à atteindre ce double but :
Premièrement, s’assurer la possession certaine et indéfinie d’une fortune plus ou moins mal acquise ; secondement, abuser de la misère des pauvres, abuser de leurs personnes, et acheter au plus bas prix possible leur industrie et leurs labeurs.
Et ces machinations décrétées par les riches au nom de l’État, et par conséquent au nom même des pauvres, sont devenues des lois."
– À lire Thomas More, on a l’impression que ce constat aurait pu être fait hier. La question à se poser est comment dépasser ce constat et établir les bases d’une autre façon de vivre ensemble au 21e siècle.
Si les êtres humains n’ont pas été capables de dépasser le constat de Thomas More au cours des 500 dernières années, pourraient-ils le faire un jour ?
More lui-même concluait qu’il le souhaitait plutôt qu’il l’espérait.