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"Conforter la démocratie en Géorgie" : l’appel de Wilfried Martens

par Benoît Clerc

Publie le jeudi 5 juillet 2012 par Benoît Clerc - Open-Publishing

"Conforter la démocratie en Géorgie" : c’est l’appel de Wilfried Martens, président du Parti populaire européen (PPE). À quelques mois des élections législatives en Géorgie, l’homme politique européen s’inquiète de la poussée des pro-russes qui tentent de revenir au pouvoir presque dix ans après la Révolution des Roses.

Face au président Saakachvili, on trouve un nouvel opposant : Bidzina Ivanishvili. Nouveau en politique, Ivanishvili veut utiliser les élections législatives d’octobre 2012 comme tremplin pour le scrutin présidentiel de 2013. Ivanishvili est surtout connu pour sa proximité avec la Russie. Néo-oligarque ayant fait fortune en Russie après avoir quitté sa Géorgie natale, Ivanishvili est à la tête d’une fortune de 6,4 milliards de dollars avec notamment des participations dans de grandes entreprises russes. Derrière Ivanishvili, la manoeuvre russe semble assez visible.

De retour au pays, Ivanishvili met sa fortune à contribution d’une campagne électorale où le clientélisme l’emporte assez clairement sur le débat d’idée. En effet, les ressources dont dispose Ivanishvili sont actuellement utilisées pour des actions de "philanthropie" qui ont tout de l’achat de vote : distribution massive d’appareils électriques pour les familles (téléviseurs, frigidaires, antennes satellites), dons aux universités et aux institutions culturelles, séduction des fonctionnaires avec des promesses de rémunérations cent fois supérieures s’ils quittent l’administration

Cette campagne ne touche pas seulement la Géorgie. En Amérique du Nord et en Europe, l’image de Ivanishvili est "travaillée" par des cabinets de lobbying. Parlementaires, hauts fonctionnaires, intellectuels et journalistes à Washington, Londres, Berlin, Paris et Bruxelles, Ivanishvili s’appuie sur une armée de lobbyistes pour changer son image et "vendre" sa candidature.

Ivanishvili et son parti se sont ainsi lancés dans une campagne électorale outrancièrement offensive avec le risque d’un retour au pouvoir des pro-russes. Cette inquiétude est notamment partagée par Wilfried Martens, président du PPE et ancien premier ministre de la Belgique. Dans une tribune publiée dans Le Monde, Wilfried Martens appelle à "conforter la démocratie en Géorgie" en soutenant l’actuel président Mikhail Saakachvili.

"Argent et politique ne font pas bon ménage. L’exemple géorgien, certes encore méconnu mais particulièrement explicite, nous rappelle les dangers d’une telle collusion" appelle ainsi le président du PPE.

Réputé proche des intérêts du Kremlin, Ivanishvili est soupçonné de rouler pour Poutine avec l’objectif de ramener le pays dans la sphère d’influence russe. Ivanishvili ne s’en cache d’ailleurs pas puisqu’il propose aux Géorgiens le marché suivant : rompre avec l’occident pour se rapprocher de Moscou, qui pourrait en échange restituer au pays les régions entées en dissidence lors de la guerre de 2008.

Meurtris dans leur fierté par cette amputation, les Géorgiens viscéralement attachés à leur indépendance pourraient bien ne pas se laisser prendre à la manœuvre en dépit des flots d’argent clientélistes déversés par Ivansihvili pour parvenir à ses fins.