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DES NOUVELLES DE LA REUNION

Publie le mercredi 22 février 2006 par Open-Publishing

ÉBOULIS SUR LA ROUTE LITTORALE

Une automobiliste tuée
Publié dans l’édition du mardi 21 février 2006

Un éboulis sur la Route du littoral a coûté la vie à la passagère d’une automobile hier matin. Le conducteur a été grièvement blessé. Un drame qui pose une nouvelle fois le problème du choix erroné de l’implantation de cette route entre la falaise et l’océan. Il remet également en cause toute la jurisprudence concernant les responsabilités de la sécurité sur la route littorale.

POLITIQUE DES DÉPLACEMENTS - TRANSPORTS

UNE voiture circulait hier grand matin sur la route littorale dans le sens La Possession - Saint-Denis lorsqu’une pierre a traversé son pare-brise et a écrasé l’avant de la voiture. Touchée au torse par la roche et prise au piège, la passagère n’a pas survécu, malgré l’intervention des secours. Elle était âgée d’une quarantaine d’années et travaillait à l’École d’infirmières de Bellepierre. Le conducteur, son mari, a été également touché et blessé grièvement, il a été hospitalisé.
Fermée tout au long du week-end à la suite des fortes pluies, la route venait d’être rouverte lorsque l’éboulement s’est produit. Une important embouteillage se formait tout de suite.
De l’autre côté, dans le sens Saint-Denis - La Possession, une voiture tombait en panne sur la voie unique de circulation, rendant impossible tout trafic. Des centaines d’automobilistes se retrouvaient ainsi bloqués sous une falaise gorgée d’eau avec tous les risques d’éboulis que cela suppose. La Direction départementale de l’Équipement (DDE) a alors pris la décision de refermer la route. Celle-ci a de nouveau été ouverte dans la journée sur le mode basculé.

"Une route construite en dépit du bon sens"

Cet éboulis, qui a fait un mort et un blessé grave, illustre une nouvelle fois le danger de cette route du fait de son implantation au pied d’une falaise soumise en permanence au phénomène de l’érosion et aux effets de la houle marine. Et dès hier matin sur les ondes de Kanal Océan Indien, la sénatrice Gélita Hoarau a rappelé que "cette route a été construite en dépit du bon sens, contrairement à ce que demandaient nos amis communistes au Conseil général".
L’élue réunionnaise a souligné que le danger reste permanent du fait que "la falaise, imbibée d’eau, va sécher et cela peut provoquer de nouveaux éboulis". Une menace rappelée hier par un responsable de la DDE sur les ondes de Radio-Réunion, où il citait le chiffre de 140 chutes de pierres en moyenne par an, dont 80% sur les voies côté montagne et 20% côté mer. D’où la "nécessité de respecter le principe de précaution", notait hier Gélita Hoarau.

"Une épée de Damoclès au-dessus de la tête"

À cette fin, la DDE est notamment en train de mettre en œuvre à la demande de la Région un projet de sécurisation de la route par l’installation de 450.000 mètres carrés de filets (soit l’équivalent de 75 terrains de football) sur la falaise et par un rehaussement des gabions. Ces chantiers seront réalisés entre mai 2006 et mai 2008. Lorsqu’ils seront terminés, le nombre de jours de basculement de la circulation - de 4 voies à 2 voies plus une côté mer - devrait passer de 60-70 jours par an en moyenne à 6 jours, en particulier lors des grosses houles.
Alors, on peut toujours se dire que le nombre d’accidents et de victimes de la circulation sur cette route est dû davantage aux comportements de certains usagers qu’aux chutes de pierres. On peut également dire qu’un certain nombre de précautions avaient été prises dimanche et hier matin pour s’assurer que l’on pouvait rouvrir la route.
Il n’en demeure pas moins que les responsabilités de l’État sont clairement engagées dans le fait qu’il décide d’ouvrir une route jugée dangereuse quelques minutes plus tôt et qui tue quelqu’un quelques minutes après avoir été réouverte. Ce qui remet en cause toute la jurisprudence en la matière.
Comme on le voit, cette route n’a pas fini de nous poser de nombreux problèmes en termes de solutions alternatives, de sécurisation et de coût de tous ces travaux.
Quels sont les premiers responsables de ces problèmes ? Les représentants de l’État qui ont décidé de construire cette route à cet endroit, au lieu d’écouter les Réunionnais qui leur disaient de la faire passer par en haut. Cela nous aurait évité d’avoir en permanence "une épée de Damoclès au-dessus de la tête", comme le disait hier midi Daniel Caro de l’ORGÉCO sur Radio-Réunion.

L. B.

Article paru dans Témoignages le mardi 21 février 2006