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Déclaration solennelle des Collectifs de Guadeloupe (LKP), Guyane (FPAG) & Martinique (K5F)

Publie le jeudi 22 octobre 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

KONFÉRANS ENTEWNASYONAL
LAPWENT 20-21 OKTOB 2009
DÉCLARATION SOLENNELLE

Considérant que la situation économique et sociale actuelle existant en Guyane, Martinique et Guadeloupe résulte de la pérennisation du modèle de l’économie de plantation,

Considérant que cette économie s’appuie sur des rentes de situation de monopoles, des abus de positions dominantes qui génèrent des injustices.

Considérant que ces injustices touchent aussi bien les travailleurs, que les acteurs économiques endogènes.

Considérant que ce sont autant d’obstacles au développement économique endogène et à l’épanouissement social.

Les organisations de masse et les organisations anticolonialsites et anti-capitalistes de Guyane, Martinique et Guadeloupe, respectivement le Front pour l’avenir de la Guyane (FPAG), Kolektif 5 Févriyé (K5F) et Liyannaj Kont Pwofitasyon, réunies les 20 et 21 octobre 2009 en Conférence Internationale, an Bik a Mityalité, Lapwent Gwadloup, déclarent :

Yonn : les travailleurs et les peuples des dernières colonies de la France dans la Caraïbe ont eu raison de s’organiser en collectif, de liyanné les expériences respectives des organisations qui les composent et de se constituer en nouvelles forces à dimension populaire et de masse, diverses tant du fait de leurs pratiques que de leurs orientations stratégiques.

Dé : Ces nouvelles organisations représentent dans la période historique actuelle de vrais espoirs pour les travailleurs et les peuples, de vrais outils pour avancer vers plus de liberté, plus de démocratie et de justice dans ces sociétés.

Twa : La lutte pour la défense des intérêts des travailleurs, plus largement du peuple, et singulièrement de la jeunesse, le combat contre toutes les Pwofitasyon mené dans ces pays relèvent d’un processus de maturation enclenché depuis l’époque esclavagiste et s’inspirent des grandes luttes sociales menées jusqu’à ce jour.

Kat : Ces combats s’inscrivent également dans un contexte international marqué par les luttes de la classe ouvrière et des peuples contre le capitalisme et ses dégâts de tous ordres sur la planète.

Ola nou yé jodi jou (Où en sommes-nous aujourd’hui)

Nous avons négocié et contracté avec l’Etat français et le patronat des accords d’une portée politique et stratégique fondamentale. Pour la première fois dans l’histoire de nos pays, ce sont les travailleurs et les peuples en mouvement dans la rue qui ont imposé la satisfaction de certaines de leurs revendications.

De la Loi PONS à la LODEOM, aucun des schémas dits de développement, élaborés et débattus avec les élus, n’a permis un quelconque développement, ni la diminution du chômage. Pire, ils ont consacré le mépris, l’exclusion et la négation des peuples de nos pays.

A l’évidence, les mouvements FPAG, K5F et LKP ont établi un nouvel équilibre entre la puissance coloniale, sa représentation locale et les travailleurs et le peuple en mouvement, an konsyans é an balan. La persistance des mouvements en terme de durée, la pertinence de leurs initiatives et l’adhésion populaire dont ils bénéficient, sont significatifs d’un mouvement profond, de nature révolutionnaire et dont l’objectif est d’éradiquer la Pwofitasyon.

Fortes de ce parcours, les organisations de masse soussignées, réunies les 20 et 21 octobre 2009, en Guadeloupe, pour échanger et valider leurs expériences respectives, donner de la dimension à leurs pratiques, organiser la solidarité, notamment contre la répression, assurer la victoire des travailleurs de Guyane, de Martinique et de Guadeloupe et satisfaire leurs plate-formes de revendications.

Les organisations soussignées :

  • refusent d’ores et déjà que les conclusions des Etats-Généraux du gouvernement français soient la réponse aux revendications et aspirations des travailleurs et des peuples en mouvement,
  • exigent le respect des accords et la poursuite des négociations,
  • entérinent ce jour l’installation à Pointe à Pitre du Collectif International de Défense créé le 9 aout 2009 à Corte (Corse),
  • appellent à la tenue d’une nouvelle conférence au mois de février 2010 en Martinique.

Les organisations soussignées appellent les travailleurs et les peuples :

  • à populariser leurs idées, à expliquer leur démarche dans les bourgs, les quartiers, les sections, les entreprises et les familles,
  • à se mobiliser pour les luttes en cours et pour le respect des accords concernant l’augmentation des salaires, la baisse des prix du carburant et des produits de première nécessité, le plan d’urgence pour l’emploi et la formation des jeunes,
  • à renforcer la mobilisation pour l’augmentation des minima sociaux, le relèvement des pensions de retraite et l’arrêt de la criminalisation de l’action syndicale,
  • à continuer la lutte pour éradiquer la Pwofitasyon, abolir les privilèges et instaurer de nouveaux rapports économiques et sociaux.

Que les travailleurs de Guyane, de Martinique et de Guadeloupe nourrissent leur éveil et s’organisent pour le triomphe final de leurs luttes pour la liberté et l’émancipation.

Front pour l’avenir de la Guyane :
Albert DARNAL

Kolektif 5 Févriyé :
Philippe PIERRE-CHARLES

Liyannaj Kont Pwofitasyion :
Elie DOMOTA

Lapwent, le 21 octobre 2009

http://ugtg.org/article_1144.html

Messages

  • Merci pour ce coup de pied au cul. Ici on radote. On fait une marche de temps en temps. On parle. Et des fois même on parle de révolution (chut... un gros mot). Le reste du temps on pense au élections......

    Heureusement que vous ne comptez pas sur nous !

    Carland

  • Kat : Ces combats s’inscrivent également dans un contexte international marqué par les luttes de la classe ouvrière et des peuples contre le capitalisme et ses dégâts de tous ordres sur la planète.

    Comment construire les outils de résistance (outre que dans le discours) ? :

    Les organisations soussignées appellent les travailleurs et les peuples :

    * à populariser leurs idées, à expliquer leur démarche dans les bourgs, les quartiers, les sections, les entreprises et les familles,
    * à se mobiliser pour les luttes en cours et pour le respect des accords concernant l’augmentation des salaires, la baisse des prix du carburant et des produits de première nécessité, le plan d’urgence pour l’emploi et la formation des jeunes,
    * à renforcer la mobilisation pour l’augmentation des minima sociaux, le relèvement des pensions de retraite et l’arrêt de la criminalisation de l’action syndicale,
    * à continuer la lutte pour éradiquer la Pwofitasyon, abolir les privilèges et instaurer de nouveaux rapports économiques et sociaux.

    Damned ! ils n’ont parlé ni des européennes (16% de votants), ni des municipales, ni des régionales....

    Ils ont re-mis les processus électoraux à leur niveau adéquat .

    Bien plus encore, le flux de la mobilisation, de l’efficacité de celui-ci, sont passés à côté completement de la démocratie limitée et étriquée.

    Je n’oppose pas ceci à cela, je constate la difference d’efficacité.

    Et celle-ci prend appui sur un phénomène organisationnel nouveau loin des couilloneries sur les obsessionnels qui ne pensent plus que par le calcul électoral (alors que celui-ci peut éventuellement être une des conséquences d’un mouvement qui n’est pas auto-centré sur la représentation limitée).

    Parle-t-on de socialisme ? de communisme ? regardons les mots utilisés.
    Et pourtant, en utilisant un discours aux termes militaires, pardon, c’est un programme d’action de rupture des lignes de défense du capitalisme et de l’exploitation qui en est sa véritable nature, c’est un programme d’appel à l’organisation jusqu’aux niveaux les plus moléculaires, la famille.

    Jamais on ne fit appel jusqu’à ces plus bas niveaux des organisations humaines, pour organiser une classe .

    Est-ce une position nationaliste ? Pas tant, la Guyane, ce ne sont pas les Antilles, du moins c’est beaucoup moins chauvin et nationaliste, voir xenophobe que ne l’est une bonne partie de la gauche française. Et c’est d’emblée en se plaçant du point de vue d’une classe qui se bat à l’échelle planétaire, pas moins....

    On peut faire mieux ? Peut-être... mais eux font mieux que nous.

    Se pose aussi une autre question sur laquelle ils insistent, organisations de masse, de masse...

    Il semblerait que nous voyons là naitre une nouvelle forme de parti des travailleurs qui rassemble en son sein la classe, avec ses courants politiques et ses courants syndicaux, ses courants associatifs, etc, un parti de type nouveau.

    Tout copiable ?

    Non certainement ! mais quand même !

    Quelle difference entre un mouvement social et politique (ben oui les luttes...) qui prépare méthodiquement la classe ouvrière à tenter sa chance et nos cohortes grises nomenclaturistes qui manœuvrent sans cesse pour empêcher toute préparation et initiative pour faire plier centralement les patrons !

    Quelle difference avec nos négociateurs politiques auto-centrés sur des processus électoraux qui tournent le dos d’avec le terrain central de la lutte des classes.

    Il y a des tas de choses où je pense qu’ils vont avoir des soucis, des tas de choses à discuter voir discutables mais bon dieu, bonjour le coup de torchon, bonjour le coup d’air frais !

    Reste à savoir si nous serons sourds à cet appel et aux leçons de ce processus..

    Car une partie du rapport de force et de la domination qu’ils subissent se joue en Europe et en France, ou, autrement dit, de nos capacités à se hisser à leur niveau d’organisation, de détermination et de massivité se joue une partie de leur sort.

    Une partie des chances de succès de leur bataille de libération et contre l’exploitation dépends de notre capacité à faire reculer ici la bourgeoisie et Sarko.