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Empêcher in extrémis le génocide des Indiens de Guyane !
Publie le jeudi 1er février 2007 par Open-PublishingChirac veut absolument être LE Président qui aura réussi à créer un Parc National en Guyane Française. Comme le temps presse (calendrier électoral et très bientôt la fin de la session parlementaire), le Ministère de l’Ecologie a décidé soudain de ne pas tenir compte de la récente enquête publique, car modifier les limites internes du parc, à la demande des Indiens (voir la lettre de Këpëtomac Tamo à J. Chirac, sur Bellaciao ou www.solidarite-guyane.org ) aurait entraîné selon lui un facheux contre-temps. Les Indiens seront donc condamnés à vivre dans la partie du parc autorisée aux chercheurs d’or. De plus, sous la pression des entrepreneurs en tourisme, le créneau porteur du spectacle exotique de la nudité amérindienne deviendra à nouveau possible : un arrêté préfectoral protégeant les Indiens de l’ethno-tourisme interdisait depuis 1970 l’invasion du voyeurisme malsain dans tout le tiers sud de la Guyane. Avec ce Parc, on va assister au retour des "zoos humains" , comme du temps des colonies !
Ci dessous, les explications de I.C.R.A. et le modèle de lettre proposée pour protester en l’envoyant au président de la République.
Ce texte ci dessous de ICRA est retrouvable sur =
http://www.icrainternational.org/urgence/346
ICRA = Comité international pour la défense des droits des Peuples Aborigènes
Actions urgentes
Guyane : Un parc contre les Amérindiens
Le dernier projet proposé par la mission pour la création du parc de Guyane présente de nombreuses lacunes et ne semble pas répondre aux demandes et aux intérêts de nombreuses communautés amérindiennes, notamment des Wayana, Emerillons et Wayampi du haut Maroni.
ICRA vient d’écrire au Président de la République pour lui faire part des revendications amérindiennes.
Vous aussi, soutenez les Amérindiens de Guyane.
La création du parc national de Guyane est en discussion depuis plus d’une décennie. ICRA et de nombreuses communautés amérindiennes, qui militaient pour un parc au nord de la Guyane (là où la biodiversité est la plus importante) et surtout pour la création d’un territoire autonome amérindien au sud, n’ont pas été entendues.
Dans ce projet, le parc, situé au sud de la Guyane, est constitué de zones coeur (où l’activité minière est interdite) et de zones de droit d’usage (comprises dans les espaces de libre adhésion du Parc) où la pratique minière, notamment l’orpaillage, sera autorisée avec tous les dangers que représente cette activité (déjà fortement développée) pour les hommes et leur environnement.
Les analyses mercure effectuées par certains organismes comme l’association Solidarité-Guyane mettent en évidence l’accroissement du niveau d’empoisonnement des populations amérindiennes de Guyane de génération en génération, confirmant les craintes des plus éminents spécialistes mondiaux du mercure qui ont très souvent alerté sur l’évolution locale vers le syndrome de Minamata qui sera atteint dans 2 ou 3 générations au rythme actuel. Ainsi, rendre l’orpaillage légal dans ces zones où vivent de nombreuses communautés autochtones s’apparente donc à un “génocide” des peuples premiers résidents dans ces espaces.
Pour les territoires Amérindiens en zone coeur
Un certain nombre de chefs coutumiers de villages amérindiens concernés sont favorables au parc mais refusent toute activité d’orpaillage. Ils n’ont été que partiellement entendus par la mission Parc : Ainsi, dans la commune de Camopi, où les amérindiens ont autorité, une grande partie des terres seraient incluses dans le coeur de Parc afin d’être protégée de l’orpaillage, alors que sur la commune de Maripasoula, moins de la moitié des terres serait en zone coeur.
Les populations amérindiennes Wayana et Teko de cette commune redoutent à juste titre un développement accéléré des pratiques minières sur leurs terres.
Par ailleurs, la création du parc rendrait de fait caduc l’arrêté préfectoral de 1970 qui protége le pays indien en interdisant à toute personne de pénétrer sur le territoire amérindien sans autorisation préalable.
Les amérindiens du sud verraient ainsi leur acculturation et leur destructuration sociale s’accélérer avec l’arrivée de nombreux touristes en mal d’exotisme. Une deuxième colonisation de leur espace traditionnel se prépare avec la réduction de leurs prérogatives sur leurs zones de vie, lesquelles sont indispensables à la satisfaction de leurs besoins alimentaires.
De nombreuses communautés concernées par le parc, comme les Wayana et les Teko des villages du Haut-Maroni et du Tampoc, ont demandé une modification du zonage du futur parc afin de protéger leurs villages de l’activité aurifère qui détruit leur espace de vie. Ainsi, le collectif de défense Këpëtomak Tamo des Wayana et Emérillons de Guyane a demandé cet automne, notamment au commissaire enquêteur, le rattachement de leur territoire à la zone coeur du parc. Extrait de leur lettre au commissaire :
“Cette lettre exprime la volonté de la très large majorité de nos familles à mettre notre zone de subsistance traditionnelle sous la protection du coeur du futur Parc national amazonien de Guyane.
Cet espace de subsistance comprend, dès l’amont de la ville de Maripasoula, les bassins versants des rivières Tampok, Waki, Alitani et Maroni. Toute cette zone et sa forêt amazonienne, abritant et nourrissant nos peuples, doit être protégée des nuisances causées notamment par l’orpaillage et par toute activité dégradant son biotope fragile afin que nous puissions continuer à y vivre selon nos traditions.
A cette fin, les dispositions constitutives du coeur du futur Parc amazonien de Guyane, garantissent nos droits d’usage traditionnel de la forêt et sa protection totale de toute ingérence destructrice.(…)
Nous demandons que nos territoires soient placés en zone coeur du parc afin qu’il nous soit assuré d’une perspective d’avenir à vivre, amérindiens, dans la forêt de Guyane. Une vie sans orpaillage et sans violence.
L’état veut passer en force
Fin décembre 2006, le gouvernement annonce qu’il ne va pas donner suite aux demandes de modifications des limites du futur parc national, pas plus qu’il ne prendra en compte les recommandations des commissaires enquêteurs dans leur rapport sur le parc. Le décret de création qu’il prépare ne répondra ni aux demandes des opérateurs miniers, ni à celles des Amérindiens.
ICRA écrit au président de la République
ICRA, qui milite pour que l’ensemble des territoires amérindiens soit rattaché à la zone coeur du parc et pour le maintien de l’arrêté préfectoral de 1970 afin de protéger le pays indien d’un développement rapide d’un ethnotourisme bien souvent non maîtrisé et acculturant, soutient l’initiative du collectif de défense Këpëtomak Tamo et vient d’écrire au Président de la République afin de lui demander de tenir compte des demandes légitimes des Amérindiens de Guyane.
Vous aussi, soutenez les Amérindiens de Guyane en écrivant au Président de la République.
Télécharger et envoyer la lettre au Président
La création d’un territoire autonome amérindien au sud de la Guyane, sur le modèle du Nunavut créé il y a quelques années dans le grand nord canadien, est désormais bien compromise. Il nous reste à tout faire pour éviter que le pays indien soit envahi par les orpailleurs et les groupes de pseudo ethnotouristes en mal d’exotisme.
Nom :
Prénom :
Adresse :
Monsieur le Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du Faubourg Saint Honoré
75008 PARIS
Objet : Parc national de Guyane
Monsieur le Président,
Les communautés amérindiennes Wayana, Emerillons et Wayampi du haut Maroni et du Haut Oyapock sont très inquiètes des conséquences que pourront avoir sur elles les décisions et démarcations prévues pour le parc de Guyane.
Ces ethnies amérindiennes sont en effet menacées aujourd’hui par les conséquences et les pollutions dues aux activités d’orpaillage dans et aux limites de leurs terres. Elles sont également très inquiètes des conséquences néfastes du développement programmé d’une forme d’éco ou d’ethnotourisme qui
ne pourra qu’entraîner à court terme la folklorisation de leurs cultures et la dégradation de leurs modes de vie et des équilibres qui se sont installés depuis des temps immémoriaux dans leurs sociétés amérindiennes.
Connaissant votre sincère intérêt pour les sociétés traditionnelles et les peuples premiers, j’espère - comme vous le demande solennellement le collectif Këpëtomak Tamo des Amérindiens du Haut-Maroni - une intervention salutaire de votre part pour que les modalités de création de ce parc soient revues en tenant compte des avis des populations amérindiennes concernées par les impacts directs ou indirects dus à l’implantation de ce parc Amazonien de Guyane.
Je vous demande donc de :
• respecter la volonté des amérindiens en rattachant leurs territoires de vie aux zones coeur du parc (zone sans orpaillage),
• de maintenir l’arrêté préfectoral de 1970 qui protége le pays indien en interdisant à toute personne de pénétrer sur le territoire amérindien sans autorisation préalable afin d’ éviter un développement non contrôlé de l’ethnotourisme.
Dans l’espoir de pouvoir connaître bientôt vos intentions qui j’en suis sûr, iront dans le sens souhaité par les peuples premiers de Guyane.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de ma plus haute estime.
Signature