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En Grèce la jeunesse en action

Publie le vendredi 12 décembre 2008 par Open-Publishing
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« Pain, éducation, liberté » scandaient les étudiants sous la dictature (1967-1974). Les mêmes slogans sont d’actualité. Athènes en flammes. Une situation quasi insurrectionnelle. Mai 68. Le début d’une longue chaîne de réactions. On surveille le centre, c’est la périphérie qui se révolte. Les Grecs montrent l’exemple. Des milliards pour les uns, la misère pour les autres. Une telle société n’est pas vivable. L’assassinat d’un jeune par la police déclenche la colère du peuple. Les symboles du pouvoir sont attaqués, saccagés : Les banques, les magasins de luxe du centre d’Athènes, les bâtiments publics, les locaux universitaires, les portes d’église ... Le Gouvernement bon élève, docile aux directives de FMI, OCDE et Bruxelles, maillon faible en l’Europe, paie ses réformes néolibérales. Les jeunes Grecs refusent d’être une variable d’ajustement. Les salariés réclament leur dû, les étudiants exigent une université publique de qualité.

La France n’est pas à l’abri. Les mêmes symptômes peuvent déclencher les mêmes événements. La France n’est certes pas la Grèce. Les forces de répression en France sont plus organisées, la Presse (Dassault, Lagardère, Rothschild) est aux ordres et l’Université regarde passer les trains de la misère ouvrière.

Les journaux français se contentent de reproduire les dépêches AFP évitant les points sensibles et les causes de la révolte (le fond social, la crise économique, la révolte des étudiants et élèves contre les réformes universitaires).

Le fond social

Le chômage en juillet était de 7% (7,9% en France), 20,9% chez les jeunes 15-24 ans. La pauvreté gagne du terrain. Les marchés populaires sont de plus en plus fréquentés par la population des grandes villes. Des jeunes (anarchistes) dévalisent les supermarchés et distribuent les aliments aux habitants du quartier. La classe ouvrière se défend (relativement) bien malgré la répression des travailleurs en lutte. Le PC à 8% impulse des luttes avec des faibles moyens. La Droite, qui a succédé au PS, depuis 5 ans essaie de placer le programme néolibéral européen que Sarkozy applique en France : attaques contre les retraites, la sécurité sociale, l’Ecole et l’Université, le démantèlement du service publics (hôpitaux, poste, transports, énergie, ports, universités, ...). Le bilan du gouvernement depuis cinq ans est catastrophique : les riches sont plus riches et les pauvres plus pauvres, médecins qui s’enrichissent / hôpitaux publics qui s’appauvrissent, doublement du salaire des juges contre l’impunité des hommes politiques corrompus, vie chère, salaires en stagnation, chômage, impôts, l’église riche qui jouit des privilèges exorbitants, scandales financiers à répétition, politique atlantiste sarkozyste, absence d’Etat, organisation administrative gravement défaillante, …

L’argent ruisselle en Grèce comme en France. Les villas somptueux à la banlieue nord de la capitale trahissent des fortunes colossales (bas salaires, commerces de tout genre, industriels véreux, honoraires médecins et avocats, trafics d’influence, pillage de l’Etat, exploitation des ouvriers étrangers, ...) Un directeur d’un grand service public gagne 40.000€ par mois (carte bleue illimitée, voiture, stock-options). Salaire européen ! Mais pas tout le monde. Le SMIC horaire ouvrier est de 3,8 € (contre 8,71€ en France, en juillet 2008).

Le tout sous la surveillance des « inspecteurs des travaux finis » : Américains et Europe. La semaine dernière l’ambassadeur américain en Grèce menaçait d’arrêter l’importation des médicaments car les sociétés pharmaceutiques américaines n’étaient pas payées à temps ! Quand à Baroso, il a annulé l’aide de trois milliards, sous le prétexte que le déficit dépasse 3% !

Le régime politique

La Grèce, comme la France, est une « démocratie » c’est-à-dire un régime de corruption généralisée. Les scandales se succèdent depuis des années (Droite, PS, Eglise). Une droite classique (autour de 40%) et un PS social-démocrate (autour de 40%) dominent la vie politique depuis la chute de la dictature (guidée par les Américains et tolérée par les Français) en 1974. Le régime politique est un peu plus démocratique en Grèce qu’un France (pas de Sénat, pas de président-roi, proportionnelle quoique renforcée). La droite grecque, débarrassée de la sa composante traditionnelle de l’extrême-droite (dictature récente oblige) a peu de différences avec le PASOK (PS grec). Elle applique bêtement les consignes FMI, OCDE, Bruxelles.

La jeunesse

C’est un invariant grec. La jeunesse se mobilise souvent. Les étudiants sont très actifs. Les jeunes ouvriers étrangers sans papiers sont assez « visibles ». Beaucoup de jeunes diplômés sont sans travail. Ils s’expriment aux manifestations et aux stades de football. Cette génération, dite de 700 euros, voit son avenir bloqué. Le profond malaise s’exprime par un colère non maîtrisée.

Le quartier Exarchia, quartier riche au centre d’Athènes, est l’équivalent du quartier latin parisien des années soixante. Facultés, maisons d’édition, galeries d’art, bars et restaurants pour intellectuels, ce quartier est devenu le centre de contestation des jeunes surtout de l’extrême gauche issus des classes aisées, depuis les événements tragiques de l’Ecole polytechnique en novembre 1973. Le jeune tué par les policiers qui fréquentait ce quartier est issu d’une famille aisée (école privée, son père polytechnicien, directeur d’une banque et sa mère propriétaire d’une bijouterie de luxe au centre d’Athènes). Ces jeunes, issus de la petite bourgeoisie éclairée jouissent d’une certaine immunité (les « connus inconnus »). Les affrontements avec la police, qui utilise des provocateurs, sont fréquents. Un climat de peur s’installe exploité efficacement par le gouvernement (« le beurre sur la tartine » du gouvernement). La peur est une arme du pouvoir. (La droite en France a obtenue 354 sièges sur 487 en octobre 1968, après les émeutes du mois de mai).

L’université

Le Pouvoir (en Grèce comme en France) veut des cours fast-food, du prêt à consommer, du light à tous les niveaux, des produits formatés bien intégrés dans la stratégie du patronat, des citoyens sans esprit critique, des consommateurs dociles qui attendent la bienveillance des profs et des diplômes dévalués.

Les étudiants et universitaires refusent les accords de Bologne (LMD, LRU, ...). Ils refusent l’américanisation de l’enseignement (" L’apprentissage de l’imbécillité dans la culture de l’argent ") et la privatisation de l’université. Ils veulent une « université publique, gratuite et les livres gratuits ».

Déjà en décembre 2007 une grève de trois mois a permis de repousser la modification d’un article de la Constitution qui reconnaît le caractère gratuit et public de l’enseignement en tant que " bien national ".

Sur les murs de l’université d’Athènes ce message :

« Bon voyage Alexis. Peut-être qu’il fallait que tu partes pour que nous nous réveillions. Tu seras toujours dans nos cœurs, le dernier sang innocent. »

(dimitri.over-blog.fr)

Messages

  • PARTI-OUVRIER-INDEPENDANT
    87 rue du Faubourg-Saint-Denis
    75010 PARIS
    Tél. : 01.48.01.85.85
    parti-ouvrier-independant@orange.fr

    COMMUNIQUE :

    " À PROPOS DE LA MOBILISATION DE LA POPULATION ET DE LA JEUNESSE EN GRÈCE "

    Le POI est pleinement solidaire de la révolte légitime des jeunes et des travailleurs grecs contre la violence de la police et contre la misère à laquelle ils sont condamnés.
    Les jeunes qui se sont soulevés par milliers appartiennent à la « génération 600 ».
    Pourquoi 600 ? Parce que la déréglementation du travail imposée par un gouvernement qui est le relais de l’Union européenne condamne la majorité d’entre eux à des « petits boulots » payés 600 euros par mois.

    Les centrales syndicales grecques ont refusé de répondre à l’appel à l’union nationale lancé par le gouvernement Caramanlis. Elles ont maintenu leur appel à une grève générale, massivement suivie, contre l’odieuse répression policière, contre les licenciements, les salaires de misère et les privatisations. Qui pourrait contester la légitimité de leur décision, alors que, dans le même temps, banquiers et spéculateurs, comme dans toute l’Union européenne, croulent sous les milliards des plans de « relance » et de « sauvetage » ?

    Le peuple et la jeunesse se sont dressés à Athènes ces derniers jours. Dans toute l’Europe, la politique des gouvernements aux ordres de Bruxelles ne crée-t-elle pas les conditions de l’explosion sociale ?

    Sur l’une des banderoles portée par les jeunes manifestants, on pouvait lire : « Du fric pour l’éducation, pas pour les banquiers, ni les bombardiers F16 ! »

    Ne rejoignent-ils pas le combat des 120 000 enseignants qui manifestaient à Lisbonne le 8 novembre ? Celui des 200 000 lycéens, étudiants et professeurs défilant dans 48 villes de France le 20 novembre ?

    Ce dimanche 7 décembre, 328 délégués se sont réunis en Conférence nationale pour l’unité à Limeil-Brévannes, à l’initiative du POI.
    Ils ont lancé un appel pour une marche unie sur Paris de toute la population, des jeunes, des organisations ouvrières, des élus pour exiger que soient prises les mesures de salut public face à la catastrophe en cours : interdiction des licenciements, annulation de tous les plans et contre-réformes détruisant l’emploi dans les services publics.

    Cet appel doit être entendu.

    En refusant de satisfaire ces revendications vitales, en continuant de relayer les injonctions de la Banque centrale européenne, le gouvernement laisserait-il au peuple et à la jeunesse d’autre choix que la mobilisation générale pour les faire respecter ?
    Paris, le 11 décembre 2008
    Les secrétaires nationaux du POI :
    Claude Jenet, Gérard Schivardi, Jean Markun, Daniel Gluckstein