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Européisme comme peuple-un idéel ou peuple-totalité rêvé

par CD

Publie le jeudi 29 mai 2014 par CD - Open-Publishing
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Européisme comme peuple-un idéel ou peuple-totalité rêvé : une sorte de nationalisme sans nation !

Une sorte de nationalisme sans nation !

Il existe un peuple-nation se présentant faussement comme un tout soit quasiment homogène ethniquement (face ethnos) , soit abstraitement égal au plan de la citoyenneté (peuple nation comme peuple démocratique). Il existe aussi, dans le discours des politiques, une sorte de peuple européen ou même d’Europe sans peuple, une Europe globalisée, unifiée, pour recevoir dans un même idéal (pacifique) tout ses habitants (avec droit de vote épisodique en guise de citoyenneté... mais surtout les solvables !). On a bien là une sorte de nationalisme européen sans nation.

Il ne présente certe pas les mêmes défauts que le nationalisme exacerbé des nations, qui ont une face sombre, mortifère. Thanatos est fortement lié à Nation car la face relativement lumineuse, celle révolutionnaire de 1789 par exemple, s’est éclipsé. Mais l’invocation de l’Europe a néanmoins ses défauts. Disons, en étant bref ici, que ce discours "béat" pro-Europe oublie de dire que l’Union européenne a été d’abord (avant sa création) au service du Grand marché avant d’être depuis plusieurs années au service de la finance comme minorité prédatrice des peuples-classe de l’Union européenne. Et il n’y a pas que les peuples-classe du sud de l’Union européenne à en souffrir.

Peuple cachant l’oligarchie... ou non !

Un peu de théorie est nécessaire pour valider cette conception critique de l’Europe comme Union européenne. A lire Irène Tamba (1) Il importe de réactiver une distinction ancienne, antérieure à Marx, entre peuple-totalité et peuple-partie. En 1789 on demandait à Mirabeau si peuple signifiait plebs soit le petit peuple (assimilé à populace par les élites d’alors) ou populus comme vaste ensemble humain d’un territoire donné soumis aux même lois (en principe). Ce peuple populus a pu s’entendre par la suite, dans le cadre national, comme peuple citoyen titulaire d’un droit de souveraineté et de droits démocratiques. Il peut s’entendre aussi au sens ethnico-national comme disposant d’une culture, une culture dominante avec une langue dominante, une religion dominante (avant la longue sécularisation de tout le XX ème siècle). Et greffé sur la culture on trouve une idéologie nationale qui sert de ciment entre les classes sociales. Ce ciment est efficace en cas de guerre mais aussi lorsque l’écart entre la classe dominante et les classes sociales dominées n’est pas trop important. Ce qui n’est pas le cas avec la montée en puissance du capitalisme néolibéral qui accroit l’écart entre l’oligarchie, nommée par facilité "le 1% d’en-haut", et le peuple-classe.

Le peuple-totalité c’est donc en quelque sorte le peuple-un ou le "peuple tout entier" (hors contexte d’une période de l’URSS qui a usé de cette notion) ; un peuple-totalité distinct du peuple-partie qui est alors le peuple social (les 90% d’en-bas par exemple dans une conception statique) ou le peuple-classe (celui qui subit et résiste à l’oligarchie dans une conception dynamique et conflictuelle).

Le peuple-nation n’est pas tout à fait un peuple-totalité puisqu’il y a une sélection des résidents sur le territoire national. L’Etat a le pouvoir de nomme qui fait partie de la communauté nationale. Il peut y ajouter des résidents-citoyens non nationaux possédant une carte de résident-citoyen d’une durée variable. Au lieu de vouloir agrandir le cercle de la citoyenneté légale il peut vouloir la réduire en réduisant le cercle de la communauté nationale ou des communautés nationales dans le cadre d’un Etat multi-national.

D’une Europe à l’autre !

Le peuple européen n’existe pas mais il est invoqué par les élites qui clament "Europe, Europe, Europe" et qui défendent un européisme béat comprenant dans une même fraternité inter-classiste la haute oligarchie européenne de l’UE et les différents peuples-classe de cette Union européenne. Et au sein de ce peuple-classe il faut encore penser aux couches sociales modestes les plus exposées à l’austérité néolibérale. Mais cette pensée ne doit pas être prétexte à prendre aux couches moyennes pour donner aux couches modestes. La justice sociale exige de ponctionner d’abord les plus riches pour donner aux plus pauvres, ou mieux pour construire une société non marchande forte de services publics distributeurs de valeurs d’usage, en capacité de satisfaire les besoins sociaux sans le filtre de la rentabilité, de la solvabilité et surtout sans l’objectif du profit.

Ce qui importe aux forces de gauche c’est de construire une alliance des peuples-classe d’Europe, ceux dans l’Union et ceux hors de l’Union aussi. Dans cette perspective les syndicats comme la CES ou les associations altermondialistes comme ATTAC et le CADTM et d’autres plus les partis de gauche ont leur mot à dire.

Christian DELARUE

1) "Le peuple" : un nom collectif, une notion ambivalente in Le peuple existe-t-il ? Sciences Humaines Editions 2012 Sous la direction de Miche Wievioka

Suite de :

 Pensée binaire : Euro-béats contre euro-sceptiques !

 Les oligarchies, le social et le sociétal.

 Europe des peuples-nation ou Europe des peuples-classe ?

Messages

  • Les oligarchies, le social et le sociétal.

    27 MAI 2014 | PAR CHRISTIAN DELARUE

    Les oligarchies, le social et le sociétal.

    « L’extrême droite jette à ses électeurs des os à ronger, toujours les mêmes : l’étranger, la sécurité, l’ordre petit-bourgeois, le nationalisme. Comme des chiens affamés, les déchus et les déçus se pourlèchent les babines de ces vieux restes réchauffés, tandis que les affaires se corsent dans leur dos ». C’est de Juliette Keating sur son blog.

    Il y a cet aspect auquel il faudra répondre, mais il y a aussi ce que l’on a longtemps appelé la « question sociale ». Elle peut se cacher derrière un mauvais vote ! « La Famille Le Pen et les fascistes français et européens ont compris ,avec une partie de la bourgeoisie, qu’il faut coller à la colère populaire appauvrie par l’austérité et le chômage permanent en progression constante . » écrit Bernard Sartron sur Bellaciao !

    Voilà résumé toute l’ambiguité !

    La montée du FN va déboucher sur des fronts communs qui risquent de perdre les exigences de la situation avec le temps, à savoir refuser les politiques austéritaires et anti-sociales contre le peuple-classe, aussi bien les couches modestes que moyennes. Il ne va pas suffire de riposter contre le FN sans rien changer aux politiques néolibérales menées depuis plusieurs années dans divers secteurs.

    Ce qui est alors visé c’est bien le pouvoir oligarchique , tant au plan national, continental (UE) que mondial, car il empêche les solutions favorables au monde du travail. Une lutte « classiste » renouvelée, tantôt dans un cadre national, tantôt au plan européen ! Là ou on peut ! Le syndicalisme européen va devoir aussi se poser des questions !

    1 - La domination oligarchique encore et toujours !

    Oligarchie / peuple-classe : Le dernier Piketty (2013) confirme la distinction 1% / 99 %

    Ce que disent les cadres d’appui des oligarchies : Servir le peuple, peuple-nation plus que peuple-classe, en servant d’abord et toujours les puissants, les grands maîtres de la nation et du monde ! En invoquant parfois l’intérêt général et en pensant que le « petit peuple » ouvrier, employés et paysans n’y verra que du feu !

    La domination oligarchique semble à beaucoup ne s’exercer que dans le cadre démocratique en la transformant en gouvernance autoritaire. C’est une erreur. Non seulement elle pèse contre le « système démocratique réellement existant » pour amoindrir le pouvoir des citoyens mais, en plus, elle a un rôle anti-social (politique d’austérité, politique de privatisations, etc...) contre les peuples-classe de la nation (France) ou du continent (Union européenne). Elle a aussi une fonction de retardement de la transition écologique. Elle est aussi à la pointe du combat militaro-impérialiste dans les pays du sud. Cela fait beaucoup !

    2 - Urgence printemps 2014 : La réponse à la question sociale en évitant des travers connus.

    La montée de la « crise démocratique » (ci-dessus) s’analyse pour partie comme une incapacité des oligarques à résoudre la question sociale par le haut, ie par des politiques de justice sociale, de résorption des inégalités.

    Mais cette réponse sociale voire socialiste ne doit pas se faire par une politique impériale accélérée ou une politique anti-écologique. Il faut aussi veiller à fortifier la démocratisation vers une alter-démocratie et non la diminuer par des débats qui évitent de montrer les véritables responsables en montrant des « boucs émissaires ». Ce que font les racistes et autres xénophobes.

    Il n’est pas mauvais de rappeler concernant l’impérialisme la formule « alter » : « Il y a du Nord au Sud et du Sud au Nord » donc il y a aussi des classes dominantes, des bourgeoisies possédantes dans les pays d’Afrique ou ailleurs dans le Sud.
    Il y a aussi du sud - les peuples-classe - dans les pays du Nord ou ce sont les oligarchies qui décident et financent les opérations militaires et celles ensuite d’implantation de structures économique lors de l’après guerre, notamment pour reconstruire.

    3 - La question dite sociétale : culturelle, religieuse, laïque et de genre .

    Les peuples du sud sont souvent (pas toujours) très religieux ou mystiques. C’est dira-t-on « l’opium de la créature accablée ». Cette religion peut prendre divers aspects dont l’obscurantisme qui n’est pas le plus nuisible car il y a surtout l’intégrisme. Il y sévit massivement. Et il est certain qu’il faille combattre fermement l’intégrisme . Pour autant, et c’est important, il est tout aussi certain que cela ne doit surtout pas être le prétexte à intervention militaire du Nord contre le Sud. Tout au plus peut-on apporter une aide financière ou matérielle mais aucune oligarchie du nord n’a le droit d’intervenir au sud.

    L’intégrisme religieux est aussi porteur d’oppressions diverses contre les autres religions, les femmes, les athées mécréants. Le fait qu’il existe des athées racistes et sexistes n’est pas une excuse pour ne pas riposter aux intégrismes religieux. Car ces derniers apportent une forte justification idéologique aux jeunes hommes qui n’est pas à négliger. Tout comme le STRASS en France par ailleurs apporte lui un fort soutien au proxénétisme et à la prostitution.

    Christian Delarue