Accueil > Grèce : « La rigueur favorisera l’économie souterraine ».

Grèce : « La rigueur favorisera l’économie souterraine ».

Publie le vendredi 19 mars 2010 par Open-Publishing
1 commentaire

Dans quel état se trouve l’économie grecque ? Jens Bastian, économiste à la Fondation hellénique pour la politique étrangère et européenne (ELIAMEP), est très pessimiste.

Lefigaro.fr/jdf.com : Dans quelle mesure l’économie grecque est-elle touchée par la crise ?

Jens Bastian : Le produit intérieur brut grec a reculé de 2% en 2009 (contre - 4,1% pour l’ensemble de la zone euro, NDLR), et de 2,5% pour le seul quatrième trimestre 2009. Les investissements directs étrangers ont chuté de 21%. Les secteurs les plus importants de l’économie ont connu d’importants reculs de l’activité, car ils sont très dépendants de la conjoncture. Le chiffre d’affaires du tourisme s’est effondré de 13%, celui de la construction navale et du transport maritime a reculé de 7,8%. Tout cela traduit, au-delà de la crise, une perte de compétitivité de l’économie grecque.

Lefigaro.fr/jdf.com : Pourquoi ?

Prenez le tourisme. La Grèce est devenue une destination coûteuse, alors même que les alternatives se sont multipliées ces dernières années autour de la Méditerranée. Les touristes peuvent de nouveau se rendre en Croatie et en Slovénie, par exemple, des destinations meilleur marché. La Turquie également est moins chère. Le secteur pâtit par ailleurs d’un manque d’investissements, qui ne justifie plus la différence de prix entre la Grèce et ses concurrentes.

Lefigaro.fr/jdf.com : Quel sera l’impact du plan d’austérité ?

Les études montrent qu’il coûtera l’équivalent de 1,5 à 2 points de croissance. Et pour cause : TVA augmentée de 19% à 21%, impôts relevés, baisses drastiques des salaires dans le public… tout cela aura une conséquence négative aussi bien sur les investissements que sur la demande des ménages.

Lefigaro.fr/jdf.com : La guerre contre l’économie souterraine déclarée par le gouvernement peut-elle être efficace ?

Je ne suis pas très optimiste. L’économie grise, comme disent les spécialistes, représente aujourd’hui entre 25 et 30% du PIB. Le plan d’austérité pourrait paradoxalement encore en favoriser le développement. Les Grecs pourraient réagir au plan d’austérité en se tournant vers l’économie parallèle, surtout certaines professions devant faire face à des taux de TVA élevés, comme les stations essences, les nourrices, les femmes de ménage et les professions libérales. Une partie du plan consiste certes à mieux contrôler l’activité de ces secteurs, les entreprises seront obligées de tout facturer, mais l’efficacité du contrôle de l’Etat va être mis à rude épreuve. Pour ma part, je m’attends à une montée en puissance de l’économie souterraine dans les deux prochaines années.

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/03/18/04016-20100318ARTFIG00551-grece-la-rigueur-favorisera-l-economie-souterraine-.php

Conclusion : l’économie souterraine va se développer encore plus. L’Etat grec encaissera de moins en moins de rentrées fiscales. Le remède imposé à la Grèce sera pire que le mal.

Messages

  • La Grece resiste depuis longtemps a la generalisation de la monnaie electronique,aux cartes de credit bancaires, le cash est encore roi :

    Lundi 8 février 2010 1 08 /02 /2010 11:44
    « Crédit à Mort », par Anselm Jappe.

    Pour-ne-pas-perir-avec-le-capitalisme.jpgCi-dessous, le texte d’Anselm Jappe paru dans le numéro de la revue française Lignes dans son numéro 30, octobre-novembre 2009. Merci à JF pour le texte.

    « Le site du Guardian pointait vendredi que l°oimmeuble de Time Square, au coeur de Manhattan, affichant sur son fronton le montant de la dette publique américaine, n°oa plus assez de place pour loger la quantité astronomique de milliards de dollars, précisément 10 299 020 383, une énormité due notamment au financement du plan Paulson et à la mise sous perfusion des agences Freddie Mac et Fannie Mae. Il a même fallu éliminer le symbole „$°o, qui occupait la dernière case de l°oaffichage, pour que le passant puisse boire ce chiffre jusqu°oà la lie

    1. » Qui veut s’en souvenir maintenant ? La grande peur d’octobre dernier semble déjà plus loin que la « grande peur » du début de la Révolution française. Il y a un an pourtant, on avait l’impression que des voies d’eau s’étaient grandes ouvertes et que le navire coulait à pic. On avait même l’impression que tout le monde, sans le dire, s’y attendait depuis longtemps.

    Les experts s’interrogeaient ouvertement sur la solvabilité des Etats même les plus puissants, et les journaux évoquaient en première page la possibilité d’une faillite en chaîne des caisses d’épargne en France. Les conseils de famille discutaient pour savoir s’il était nécessaire de retirer tout l’argent de la banque et de le garder chez soi ; des usagers des trains se demandaient, en achetant un billet à l’avance, si ceux-ci circuleraient encore deux semaines plus tard.

    Le président américain George Bush s’adressait à la nation, pour parler de la crise financière, en des termes semblables à ceux employés après le 11 septembre 2001, et Le Monde intitulait son magazine d’octobre 2008 : « La fin d’un monde ». Tous les commentateurs étaient d’accords pour estimer que ce qui était en train de se passer n’était pas une simple turbulence passagère des marchés financiers, mais la pire crise depuis la Deuxième Guerre Mondiale, ou depuis 1929.

    Il était bien étonnant de constater que les mêmes, du top manager au RMiste, qui, jusqu’à la crise, semblaient convaincus que la vie capitaliste ordinaire continuerait à fonctionner durant un temps indéfini, pourraient se faire si vite à l’idée d’une crise majeure. L’impression générale de se sentir au bord d’un précipice était d’autant plus surprenante qu’il ne s’agissait alors, en principe, que d’une crise financière dont le citoyen moyen n’avait connaissance que par les médias.

    Pas de licenciements de masse, pas d’interruptions dans la distribution des produits de première nécessité, pas de caisses automatiques qui ne distribuent plus de billets de banque, pas de commerçants qui refusent les cartes de crédit. Pas encore de crise « visible », donc. Et pourtant, une atmosphère de fin de règne. Ce qui ne s’explique qu’en supposant que, déjà, avant la crise, tout un chacun sentait vaguement, mais sans vouloir s’en rendre entièrement compte, qu’il avançait sur une mince couche de glace, ou sur une corde tendue.

    Quand la crise a éclaté, aucun individu contemporain n’a été, au fond, davantage surpris qu’un gros fumeur à qui l’on apprend qu’il a le cancer.

    Sans que cela apparût clairement, la sensation était déjà largement répandue que cela ne pouvait plus continuer « comme ça ». Mais peut-être faut-il s’étonner davantage encore de la célébrité avec laquelle les médias ont mis l’apocalypse au rancart, pour recommencer à s’occuper des pêcheurs d’huîtres ou des frasques de Berlusconi.

    La suite =>

    http://palim-psao.over-blog.fr/article-credit-a-mort-par-anselm-jappe-44513245.html