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Grèce : ça va très mal finir
Auteur : Paul Jorion | Classé dans : Economie, Monde financier
Ce texte est un « article presslib’ » (*)
On en est revenu au même climat que celui qu’on avait connu en 2008, durant les derniers jours de Bear Stearns d’abord, de Lehman Brothers ensuite : une lente érosion, confirmée de jour en jour, ponctuée de commentaires lénifiants que la fin attendue est hors de question car des mesures importantes « prises en haut lieu » interviendront aussitôt que cela s’avèrera réellement nécessaire.
Personne n’y croit bien entendu car ce qu’on sait des mesures en question suggère qu’elles visent un problème différent : du même nom sans doute, mais d’un tout autre ordre de grandeur, soulignant que le ou les chevaliers blancs en puissance n’ont pas compris grand-chose au drame en train de se dérouler. C’est ce qui explique pourquoi le défaut de la Grèce a basculé du côté de l’inexorabilité aussitôt que furent connues les mesures envisagées au niveau européen et à celui du FMI.
Quand les experts du FMI sont arrivés hier à Athènes, les marchés ont aussitôt pénalisé le coût de la dette grecque à dix ans de 31 points de base supplémentaires, la barre des 7% a été enfoncée (1) : il en coûte à la Grèce depuis hier près d’un tiers de pourcent de plus pour emprunter sur dix ans. C’est dire si ces fameux marchés sont rassurés par la qualité des mesures envisagées par la prestigieuse institution internationale.
Bien sûr quand la dynamique en arrive là : quand la prime de risque réclamée des obligations d’une nation passe à la verticale, les dés sont jetés, parce que ce ne sont plus uniquement les spéculateurs qui poussent alors à la faute, ce sont tous ceux qui ont quelque chose à perdre : y compris les banques-mêmes du pays en question qui cherchent à se couvrir dans la débandade générale. Rien de neuf sous le soleil : on se souviendra que durant la crise obligataire de 1994, les banques françaises ont joué contre la France, confrontées au même problème que tout le monde : sauver les meubles dans une situation de sauve qui peut. Quand on en arrive là, le patriotisme ne fait plus partie de la donne, et ce sont les banques grecques elles-mêmes qui apportent depuis quelques jours leur propre eau au moulin.
La nouvelle finance que nous avons laissé s’installer depuis 1980 est sujette à la rétroaction positive, plus connue sous les noms de « réaction en chaîne » et d’« effet boule de neige ». Ni les financiers, ni les politiques ne l’ont encore compris. Je rappelle ce que j’ai dit aussitôt qu’il a été question du caractère préoccupant de la dette grecque : le jour où la Grèce fera défaut, le sort de la dette portugaise sera scellé – et pas pour le mieux, je le précise. Ceux qui prennent aujourd’hui des décisions en notre nom n’ont pas encore pris la mesure de la crise que nous traversons. Ils la prendront j’en suis sûr un jour mais il ne restera alors que ruines et désolation.
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(1) 7,18% au plus haut de la séance, le 7 avril.
7,322 % à 12h50, le 8 avril.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
Messages
1. Grèce : ça va très mal finir, 8 avril 2010, 16:40, par Mengneau Michel
Il n’ont qu’à quitter l’Europe, reprendre leur autonomie monnétaire, voire remettre en service des monnaies locales non spéculatives.. ; l’occasion de sortir du système, mais ça, personne y pense !
2. Grèce : ça va très mal finir, 8 avril 2010, 16:40
Mr.Trichet tenait conference de presse ce jour a Francfort (la bien nommée ?) a 14h.30,pour rassurer la finance.
La reaction des marchés,Wall Street et Europe est aussi frileuse qu’avant ses propos :
BOURSE/Paris : le CAC 40 reste sous pression à cause de la Grèce (-1,47%)
Paris - La Bourse de Paris se maintenait en nette baisse jeudi après-midi, le CAC 40 perdant 1,47% et restant affecté par les difficultés de la Grèce, malgré les tentatives d’apaisement du patron de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet.
A 16H20, l’indice vedette cédait 59,12 points à 3967,85 points, dans un volume de transactions de 2,243 milliards d’euros.
Le marché parisien est miné depuis son ouverture par la situation de la Grèce, dont les taux pour refinancer sa dette ont atteint dans la matinée des niveaux records depuis son entrée dans la zone euro, en 2001.
Lors de la réunion de la BCE jeudi, M. Trichet a tenté de calmer les esprits en affirmant qu’un défaut de paiement de la Grèce était "hors de question" et que le plan d’aide pour la Grèce était en état de fonctionner.
Face à ces craintes, la hausse inattendue du nombre de chômeurs la semaine passée aux Etats-Unis n’a pas permis au marché parisien de se ressaisir.
Hormis Danone (+0,05% à 45,63 euros) et Lagardère (+0,03% à 31,01 euros), toutes les valeurs du CAC 40 étaient dans le rouge.
Les titres les plus touchés étaient ceux des banques, comme Société Générale qui enregistrait la plus forte baisse du CAC 40 (-3,89% à 44,50 euros).
Hors CAC 40, Maurel & Prom cédait 3,64% à 12,16 euros, après avoir plongé dans le rouge en 2009 après la cession de sa filiale colombienne Hocol.
08 avril 2010 16h26
http://www.romandie.com/infos/news/201004081626220AWP.asp
Mais il n’y a pas eu moyen de savoir si l’engagement d’accepter en collateral des avances de la BCE, les obligations grecques detenues par les banques, marche toujours et jusqu’a quand ?...
Une occasion perdue ?
3. Grèce : ça va très mal finir, 8 avril 2010, 17:42, par Copas
Pile poil la même conclusion en suivant cela depuis deux semaines avec de plus en plus d’inquiétude.
Il devient indispensable que se réunisse l’ensemble des forces de la classe populaire afin que dans un premier temps une déclaration soit faite en défense et solidarité au peuple grec et que des initiatives de solidarité soient préparées.
ça va très mal finir
4. Grèce : ça va très mal finir, 8 avril 2010, 18:42
Pistes pour un programme commun minimum de la gauche de classe europeenne ,en solidarité avec la Grece et
les autres :
salaire minimum garanti europeen 1500 € pour 30 H/semaine (GARANTI= MAINTIEN DU SALAIRE MEME EN CAS DE CHOMAGE TECHNIQUE DE DUREE INDETERMINEE )
Interdiction des licenciements partout = maintien du salaire integral acquis jusqu’a la retraite ou un nouvel emploi au salaire identique
revenu garanti europeen inconditionnel de 1000 € pour toutes et tous (jeunes ,chomeurs, etudiants, retraités, malades, precaires, paysans, independants etc)
droits sociaux garantis : santé education et transports collectifs gratuits
echelle mobile des salaires et des revenus
retraite a taux plein a 55 ans,garantie independamment des durées de cotisation
logement garanti avec loyer 10% du revenu
moratoire sur tous les interets des dettes privées et publiques ; 50 Milliards d’interet de la dette publique a payer aux banques dans le budget de l’etat français pour 2009 !!!
municipalisation des banques : cooperatives locales sous controle citoyen ; promotion des monnaies locales d’echanges non speculatives
souveraineté populaire a tous les niveaux de pouvoir y compris BCE, a commencer par la monnaie et le credit ;
controle populaire permanent partout par la nationalisation expropriation des multinationales (banques,assurance,industrie,etc) et leur dementelement
medias publics gratuits sous controle citoyen
loi d’urgence europeenne de municipalisation des terres agricoles peri urbaines,a l’instart de ce qui existe en Suisse et au Japon afin d’assurer l’autonomie alimentaire le plus possible.
toutes les terres agricoles a proximité des villes
(perimetre a definir) sont inventoriées et declarées d’utilité publique donc non constructibles,mises immediatement en production biologique par des agriculteurs candidats ou a defaut par des cooperatives municipales ou collectifs d’habitants s’engageant a produire une agriculture vivriere biologique.
Elles sont declarées inalienables,a statut definitif de terres nourricieres non negociables.
Leurs proprietaires si agriculteurs partant a la retraite seront indemnisés au prix du terrain a batir sous forme d’obligations d’etat avec rente a vie.
Une proposition ignorée :
Assez de cadeaux aux patrons ! Un salaire social pour la jeunesse !
PAR Webmaster
PUBLICATION LE 3 mai 2009
http://www.sud-etudiant.org/article.php3?id_article=1693
5. Leur Europe en crise, 8 avril 2010, 21:38, par gb26100
La monnaie unique européenne devait s’appuyer sur une convergence des économies des différents pays. L’harmonie devait régner dans le meilleur des mondes capitalistes en assurant le bonheur universel selon les règles du libéralisme. Manque de bol pour les libéraux, les économies divergent. La BCE ne peut pas aider des Etats ; il n’est pas prévu de régulation des Etats. Seule la main invisible des marchés doit faire son oeuvre. Aujourd’hui la Grèce, et demain , à qui le tour ?
6. Grèce : ça va très mal finir, 8 avril 2010, 23:04
Pour emprunter sur les marchés internationaux, la Grèce doit payer un taux d’intérêt de 7,508 %. En clair : la Grèce se surendette de plus en plus.
Lisez cet article :
Le taux des obligations grecques à dix ans a atteint jeudi un niveau historique de 7,508 %, inconnu depuis l’adoption de l’euro par la Grèce en 2001. Les investisseurs s’inquiètent de plus en plus de la capacité du pays à financer sa dette.
http://www.lesechos.fr/info/marches/300422837.htm?xtor=EPR-1001-[infosoir]-20100408