Accueil > Grèce : l’Allemagne impose son plan
Un accouchement dans la douleur. Au bout d’un tête-à-tête serré entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, les Vingt-Sept se rapprochaient ce jeudi soir d’un accord sur un plan d’aide à la Grèce qui verrait l’Union Européenne partager le rôle de prêteur en dernier recours avec le Fonds monétaire international.
L’Allemagne, longtemps réticente à soutenir directement Athènes, a finalement accepté de contribuer financièrement, avec les autres pays européens. En retour, la France et les institutions bruxelloises s’accomoderont de l’entrée du FMI, poussé par Angela Merkel dans la bergerie européenne. Au-delà de l’urgence grecque, les pays de l’euro doivent aussi se préparer à une nouvelle diète budgétaire sur le modèle germanique.
Pour la Grèce, le compromis franco-allemand prévoit un « cadre européen » constitué par des prêts bilatéraux et coordonnés des Etats, d’après l’Elysée. S’y ajoutera un « complément » de prêts du FMI, minoritaires selon Paris.
Le texte, dont les détails restent à ficeler, devait être soumis jeudi soir à un sommet des seize pays de l’euro. L’enveloppe évoquée par les experts est de l’ordre de 20 milliards d’euros. La méthode pourrait être étendue à d’autres pays plongés dans le rouge.
Sur la question budgétaire, la France accepte la demande allemande d’une surveillance européenne renforcée des déficits, « sanctions comprises ». Le scénario d’une révision des traités autorisant ce tour de vis pourrait se préciser avant la fin de l’année. Concession à Berlin, Paris envisage déjà « toutes les options juridiques possibles ».
Dicté par l’urgence, le compromis franco-allemand n’a pas dissippé tous les malentendus. Berlin, à mots couverts, s’inquiète du penchant français pour une croissance française fondée sur la consommation et l’investissement public.
A l’inverse, Paris a ouvertement critiqué, avec Christine Lagarde, un modèle allemand fondé sur l’épargne et l’exportation qui vient nourrir les déficits des voisins.
L’accord franco-allemand devait être élargi aux 16 pays de l’Eurogroupe dans la soirée. Il dicte dans l’immédiat la prescription que l’Union européenne appliquerait, au-delà d’Athènes, à tout pays de la zone euro dépassé par ses déficits. Budgets dans le rouge, explosion de la dette, croissance anémique et faible productivité, le Portugal, l’Espagne et l’Italie partagent les mêmes maux que la Grèce.
La pilule qui s’annonce est amère pour le premier ministre Papandréou. Il attendait de l’Europe qu’elle l’aide à se refinancer à moindre coût. Athènes doit trouver 15 milliards d’euros d’ici début mai et 50 milliards avant la fin de l’année. Les conditions posées par Angela Merkel font du soutien conjoint de l’Union Européenne et du FMI un recours très dissuasif.
La Grèce ne pourra y faire appel qu’en dernier ressort, en clair seulement si les seize pays de l’euro constatent - à l’unanimité selon Berlin - qu’elle ne peut pas se refinancer sur le marché.
Les crédits européens se feront « sans élement de subvention » d’après Paris. Côté FMI, les taux paraissent plus attrayants. Mais ils relèguent la Grèce au rang de pays assisté. Ils passent aussi par une cure d’austérité supplémentaire qu’Athènes aurait du mal à faire passer face à la colère sociale.
Sur le fond, Angela Merkel semblait hier soir sur le point de dicter sa loi au reste de l’Union Européenne. A priori isolée dans son orthodoxie, l’Allemagne a démontré que rien ne peut se faire sans elle dans une Europe en crise. Inflexible, la chancelière a imposé son prix.
Nicolas Sarkozy, le patron de la BCE Jean-Claude Trichet, le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, le chef de l’exécutif européen José Manuel Barroso, tous auraient préféré une solution européenne. Tous voyaient dans le recours au FMI une atteinte à la fierté européenne. Hier soir, la menace d’une débâcle sur l’euro ne leur a pas laissé le choix.
Messages
1. L’architecture européenne KO, 25 mars 2010, 21:38, par gb26100
La Grèce est contrainte de se refinancer sur les marchés financiers infestés par les requins de la spéculation. Les taux d’intérêts vont exploser et les Grecs vont devoir envoyer des signes de garantie. Le peuple va souffrir ! Il est probable que la contagion de la crise va gagner d’autres pays. L’architecture de cette Europe fondée sur les libres marchés et la concurrence non faussée est en faillite. De cette crise va peut-être sortir la volonté des peuples d’imposer une nouvelle Europe sociale et solidaire. Ne ratons pas le rendez-vous. Etre à l’heure quand les événements sont à mâturité est essentiel pour la famille révolutionnaire. Yes we can !
2. l’Allemagne impose son plan, 25 mars 2010, 22:00, par gb26100
VOICI ce que dit une dépêche de presse sur le mécanisme d’aide à la GRECE si ce pays ne parvient pas à emprunter
Le mécanisme, fruit largement de négociations ardues menées depuis plusieurs jours entre la France et l’Allemagne, prévoit la création d’un dispositif de prêts que la Grèce pourrait utiliser "en dernier recours" si elle ne parvenait plus à emprunter à des taux raisonnables sur les marchés pour financer ses déficits. Il sera alimenté majoritairement par des prêts de partenaires de la Grèce au sein de la zone euro, et par des prêts du Fonds monétaire international, selon le texte.
La proportion devrait être de deux tiers du total pour les premiers, et d’un tiers pour l’institution basée à Washington, selon une source diplomatique. Ce mécanisme ne sera utilisé qu’en cas de besoin. Et son activation devra être approuvée à l’unanimité des pays membres, ce qui promet encore de difficiles tractations si le cas se présente à l’avenir.
Aucun montant n’a été fixé. Mais selon un haut responsable européen les besoins potentiels de la Grèce sont évalués entre 20 et 30 milliards d’euros.
3. Grèce : l’Allemagne impose son plan, 25 mars 2010, 22:44, par Cop
Il y a bien sur le scandale de la Grèce égorgée par les groupes financiers internationaux , par la BCE qui donnent les armes nécessaires à cet attentat en prêtant à 1% aux groupes financiers qui vont prêter à +de 6% à nos amis grecs.
Mais il y a également la profonde instabilité du camp bourgeois qui n’arrive pas à se mettre d’accord sans se déchirer.
Il faut prêter attention à ces déchirements bourgeois, malgré leur capacité à la férocité et à la nuisance.
Demain quand des états plus puissants seront dans le maelström, on peut penser que les mêlées seront encore plus sombres entre les différentes cliques dirigeantes .