Accueil > HONGRIE • Pourquoi Gyurcsány préfère partir

Très contesté, le Premier ministre était perçu comme un obstacle aux réformes économiques.
Ferenc Gyurcsány est l’un des politiciens les plus impopulaires de Hongrie. Les électeurs l’identifient à ses aveux de mensonge, à ses nombreuses réformes (santé, fiscalité, secteur public…) et à ses échecs. Depuis son discours [censé rester confidentiel] de mai 2006, où il reconnaissait avoir menti sur l’état réel de l’économie nationale, il ne détenait plus la véritable légitimité [il avait ensuite reconnu “avoir merdé”] : celle du peuple. La majorité écrasante des Hongrois ne le croyait plus et pensait qu’il était incapable de tenir ses promesses.
C’est alors que la crise est arrivée. A la tête du gouvernement, Gyurcsány a dû geler, voire retirer, toutes ses réformes. Aujourd’hui, 91 % des Hongrois disent que le pays va dans la mauvaise direction et que les responsables en sont lui et son parti, le MSZP [ex-communiste]. Pour Gyurcsány, le plus grand danger est que la crise le balaie de la scène et que, relativement jeune, il entre dans l’Histoire comme l’une des personnalités les plus détestées du pays. En démissionnant de son poste de Premier ministre, il veut à la fois assurer ses arrières (il garde la présidence du MSZP) et refiler la patate chaude à quelqu’un d’autre.
Quelles sont les motivations de Gyurcsány ? Que le MSZP trouve quelqu’un qui serait soutenu par une majorité parlementaire et capable d’introduire les réformes douloureuses. La crise économique a tout bouleversé. C’est désormais une coupe de 1 000 milliards de forints [3,3 milliards d’euros] qui est nécessaire dans le budget hongrois. Un véritable massacre. Mais où trouver l’oiseau rare, celui qui sera accepté à la fois par le monde de la finance et par les partis de gauche et de droite ? L’unique espoir des socialistes est que cet homme n’existe pas et qu’on doive très vite revenir à la case départ.
Ce scénario ne peut être favorable qu’à Gyurcsány. Il garde une chance de pouvoir revêtir un jour le rôle d’un homme politique de gauche, un démocrate socialiste, féru de réformes. Il entrera dans l’Histoire comme celui qui a “merdé” une fois, certes, mais qui a essayé de réparer les dégâts.
András Mózer
Heti Világgazdaság
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=95990