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Impérialisme et révolution

Publie le mardi 8 février 2011 par Open-Publishing
6 commentaires

Le capitalisme est ce mode social de production qui met en rapport de façon antagonique l’ouvrier et son patron. L’antagonisme se situe à la confrontation du salaire et du profit dans la chaîne de procès de la production.
Lorsqu’il obtient une augmentation de salaire, l’ouvrier diminue d’autant le profit du patron. Lorsque le patron refuse l’augmentation de salaire, le patron maintient son niveau de profit. Si le patron fait baisser le salaire, il augmente d’autant son profit. C’est en ce sens qu’il y a antagonisme de classe et conflit Capital/Travail.
C’est ce rapport social de production qui caractérise les sociétés industrielles et même post-industrielles de la zone occidentale.

L’impérialisme renvoie à un tout autre rapport de classe et oppose la bourgeoisie d’un ou plusieurs Etats capitalistes et son/leurs armées à l’ensemble du pays dominé par un ou les autres. L’impérialisme ne crée pas ses richesses dans l’usine de production et ne reproduit pas les mêmes rapports Capital/Travail. L’impérialisme se livre essentiellement à la spoliation des richesses du sol et du sous-sol. L’Etat impérialiste peut très bien choisir de transformer ces richesses dans le pays où elles sont spoliées ; mais il peut tout aussi bien choisir de les transformer dans d’autres pays. Il a ce choix. Pour ce faire, il doit remplir 2 conditions :
 avoir les moyens militaires de contraindre le ou les pays dominés.
 depuis les indépendances nationales, l’impérialisme a besoin d’installer dans le pays dominé un appareil d’Etat qui lui soit fidèle, obéissant et soumis, dirigé par une classe fabriquée à cette fin. En général, ce pouvoir est autoritaire ; il est, le plus souvent, d’aspect dictatorial. Sauf que la dictature n’est pas une dictature pour elle-même mais une dictature au profit de l’Etat impérialiste. Si bien que la dictature exercée n’est pas la dictature du dictateur local mais la dictature du pays dominant car c’est lui qui a intérêt à maintenir un ordre ferme pour contraindre le pays dominé à se laisser spolier, bourgeoisie locale et travailleurs réunis.
Tout pays impérialiste est capitaliste. Tout pays capitaliste n’est pas par définition impérialiste. L’impérialisme crée donc d’autres conditions d’exploitation et d’oppression.

C’est la raison pour laquelle tout révolutionnaire ne doit pas confondre "capitalisme" et "impérialisme", les 2 mots n’étant pas du tout synonymes, l’un ne pouvant s’employer à la place de l’autre. Capitalisme et impérialisme disent des conditions d’accumulation du capital de façon tout à fait différente.
Lorsque l’on évoque la Tunisie, l’Egypte et les autres pays arabes, on doit se garder d’employer des mots galvaudés. Hitler, Mussolini et Franco étaient réellement des dictateurs en tant qu’ils l’étaient pour eux et leurs bourgeoisies nationales. La dictature servait les intérêts immédiats de la bourgeoisie nationale.
En revanche, les dictateurs des pays anciennement colonisés, aujourd’hui néocolonisés, spoliés par les Etats impérialistes, ne sont dictateurs que par procuration. Ils le sont exclusivement pour servir les intérêts des pays impérialistes. Le pouvoir n’est donc pas le même selon qu’il s’exerce dans les pays industrialisés d’Occident, là où l’évolution historique a lentement transformé les anciennes monarchies en régimes parlementaires, dits démocratiques. Ou selon qu’il s’exerce dans les pays néocolonisés du reste du monde, là où l’évolution historique a été marquée par des siècles de colonisation, passée et actuelle. Dans ces pays, le pouvoir est un leurre. Un homme de paille. Un pouvoir par procuration, hypocrite, rien que pour la façade et l’apparence.
Ces pays possèdent ou non leur économie propre, avec ou non leurs structures de production. Ce qui procède d’une économie a été mis en place par l’impérialisme étranger et à son profit exclusif. Les bourgeoisies bananières n’ont pas d’autre rôle que de fabriquer une élite artificielle, intéressée au maintien de l’ordre existant. Elle est rémunérée seulement pour jouer ce rôle. Sauf, bien sûr, qu’elle peut trouver à gérer des affaires privées par rapport auxquelles elle font figure de classes capitalistes. Mais cela ne correspond pas aux secteurs clés et vitaux de cette économie.
Les armées sont nationales, mais complètement financées et organisées par les puissances impérialistes étrangères.

Cela forme des nations totalement différentes entre elles. Les systèmes institutionnels des pays néocolonisés sont les singes, les répliques, les importations des nations industrialisées. Elles ont été imposées et ne correspondent pas, souvent, au génie des peuples qui pourtant s’en voient dotés. Car non, ces institutions ne sont pas universelles, comme ne l’est pas le modèle européocentriste, toujours ethnocentriste et fondamentalement raciste. C’est-à-dire colonialiste.

Il serait important, à mes yeux, de prolonger ce débat en ayant le souci de mieux préciser l’ensemble des notions et des réalités que ces notions recouvrent. Y compris dans la démarche marxiste visant à l’analyse du réel, car il n’est pas sûr du tout que les lois théoriques d’ici correspondent aux réalités, riches et complexes, de là. Gardons-nous d’exporter nos grilles de lecture et de nous transformer en ethnocentristes du discours révolutionnaire...

Messages

  • La définition proposée est vérolée, l’impérialisme ne doit pas se confondre avec le colonialisme. La bourgeoisie locale, toute ou partie, trouve souvent quelques intérêts dans l’impérialisme alors qu’elle n’en trouve aucun dans le colonialisme...etc Voir Lénine : l’impérialisme stade suprème du capitalisme

    • Et en effet c’est exactement ce qui distingue le colonialisme de l’impérialisme. Ce qui n’est pas anodin puisque pour maintenir l’état de dépendance et légaliser la spoliation, les indépendances ont fait semblant de se doter d’un appareil d’Etat, libre et souverain, lequel n’a d’autre fonction que de permettre de maintenir, grâce à ce déguisement, la colonisation.

      Il importe donc de distinguer les différentes bourgeoisies :

       celles des pays dominants et impérialistes, nées de la marchandise, du commerce, de l’industrie depuis le Moyen-Age et passant par l’industrialisation des pays coloniaux : on importait les richesses minières qu’on transformait en Europe pour produire des objets manufacturés. Les bourgeoisies ont fini par combattre les monarchies pour donner libre cours au capitalisme et aux structures politiques et sociales propres à son meilleur développement.

       celles des pays colonisés puis néocolonisés qui ont été installées pour permettre, justement, cette néocolonisation. Historiquement, cette bourgeoisie constituait une "élite" plus ou moins propriétaire, éduquée et cultivée, capable d’administrer sur place les affaires coloniales.

      Le colonialisme a interrompu brutalement le développement "naturel" de ces sociétés pour les adapter aux intérêts immédiats des puissances coloniales. Cette élite a fini par singer les bourgeoisies des pays coloniaux en adoptant leur culture, leurs principes et leurs valeurs, ce qui a permis l’universalisation de l’euroethnocentrisme.

    • je pense que ici lenine veut insinuer que le capitalisme mene forcement à l’imperialisme. celà n’est pas evident.
      je pense que c’est le terme "capitalisme" qui doit etre actualiser dans le mental des populations qui jouissent de ce régime. celà pourrait aider à au moins rendre matures et realistes les jeunesses, du tiers monde particulierement. car, un homme averti en vaut deux. l’imperialisme, c’est du passé, ou du moins le commencement de la fin. Pour preuve, jeter un oeil a la tunisie ou l’egypte.
      Ps : je ne suis pas spécialiste dans le domaine, mais je pense que c’est la solution, avec tous le respect que je vous dois. merci