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Caracol V "Qui parle pour tous" de Roberto Barrios,
Zone Nord, Chiapas, Mexique
Conseil de bon gouvernement "Nouvelle Graine qui germera"
Le 10 juin 2010
À la société civile nationale et internationale,
Aux adhérents de l’Autre Campagne,
À la "Sexta" internationale,
Aux organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme,
Chers frères et sœurs,
Nous dénonçons publiquement les faits qui viennent de se produire dans la communauté de Choles de Tumbala, dans la commune autonome d’El Trabajo, situé dans la municipalité officielle de Palenque, au Chiapas.
1. Un groupe de neuf personnes qui étaient établies dans le village zapatiste Choles de Tumbala s’est proposé de déloger des camarades membres des bases d’appui à l’EZLN et sont parvenues à convaincre cinq membres des propres familles de leurs victimes de leur prêter main-forte. Ces personnes problématiques, qui n’ont jamais compris ce qu’est le respect à la communauté et à ses autorités sont :
Gregorio Alvaro Cruz, Miguel Álvaro Montejo, Miguel Sánchez Jiménez, Rafael Alvaro Montejo, Miguel Montejo Arcos, Francisco Montejo Torres, Miguel Méndez Montejo, Santiago López Arcos et Miguel Solís Velasco.
2. Deux de ces neuf personnes, Gregorio Alvaro Cruz et Miguel Álvaro Montejo, prirent contact avec Mario Landero Cárdenas, leader de l’organisation Xi’nich (1) "officielle", leur demandant d’appuyer leur projet d’invasion. Ces leaders désignèrent 79 personnes qui envahirent la communauté Choles de Tumbala. Aux moments des faits, le 20 mai 2010, les envahisseurs furent au nombre de 93. À 9 heures du matin, dirigés par Mario Landero, Gregorio Álvaro et Miguel Álvaro Montejo, ils firent irruption par surprise dans la communauté.
3. Durant les journées du 21 et du 22 mai, sans aucun respect pour nos bases d’appui, assistés par un topographe, ils procédèrent à un relevé de la zone "urbaine" de notre communauté.
4. Le 2 juin, ils provoquèrent l’incendie de 100 hectares de terres [en friche ?] et ceux qui les menaient firent venir un garde forestier de Palenque, prétendant imposer sa présence à la communauté. Actuellement, ces mêmes meneurs accusent nos camarades d’avoir provoqué l’incendie, d’avoir abattu des arbres et d’avoir de plus provoqué la mort d’une citoyenne. Ces agresseurs démontrent par là que, ce qu’ils veulent, c’est fabriquer des délits et nous les imputer pour justifier l’éradication et la répression de nos camarades de la base d’appui.
5. Le 3 juin, ils se mirent à défricher le terrain d’un camarade, prétendant le préparer pour la culture d’une milpa [champs de maïs arrosé par les pluies]. Or ce terrain n’était pas en friche. Notre camarade y cultivait 18 rangées de "chiles" sur une longueur de 90 mètres.
6. Le 5 juin, Gregorio Álvaro Cruz y Miguel Álvaro Montejo se mirent à répartir les terres de ce camarade à des gens venus du dehors. Au centre de ces terres se trouve un terrain collectif de 20 mètres carrés entouré de fil de fer barbelé où des femmes de la communauté élevaient des volailles dans un petit poulailler. Ils s’approprièrent également ce terrain et l’attribuèrent à une personne extérieure à la communauté.
Le 9 juin, Gregorio Àlvaro et sa bande détruisirent la clôture de ce petit terrain, s’appropriant 80 mètres de fil de fer, de nombreuses planches et 40 pieux. Ils transportèrent le poulailler sur le terrain d’une personne appelée Ana Lopez Álvaro.
7. Ce même jour, 9 juin, à 3 heures de l’après-midi, alors que cinq de nos camarades se trouvaient à proximité de leur coopérative, ceux-ci furent surpris par un groupe de huit hommes armés de machettes et conduits par Gregorio Àlvaro Cruz. Dans une démonstration de violence, ils chassèrent les camarades en les menaçant de les tuer. Ceux-ci se cachèrent dans les fourrés ou rentrèrent chez eux afin de ne pas tomber sous les coups des agresseurs. Au moment de lancer l’attaque, Gregorio Álvaro menaça les camarades en leur disant qu’ils allaient être délogés et éliminés l’un après l’autre. Après avoir photographié un de nos camarades, les attaquants émirent la menace que, pour les déloger, ils allaient faire intervenir les forces de sécurité publique [la police officielle].
8. L’origine de toutes ces menaces et tous ces délits est claire pour nous. Toutes ces exactions sont promues et organisées par le mauvais gouvernement. Les acteurs locaux [comme les envahisseurs menés par Gregorio Álvaro] font ce que bon leur semble parce qu’ils se savent protégés par le gouvernement.
9. Les meneurs des groupes de personnes qui créent ces conflits sont : Mario Landero Cárdenas, Gregorio Álvaro Cruz et Miguel Álvaro Montejo. Ce sont eux qui organisent et manipulent les autres, les suiveurs, qu’ils trompent et les convainquent de prendre possession de terrains habités par nos camarades des bases d’appui [à l’EZLN].
10. Nous tenons à manifester, face à l’opinion publique, que le Conseil de bon gouvernement s’est efforcé de trouver une solution à l’amiable à ce conflit. Par trois fois, nous avons invité les neuf meneurs à se présenter au Conseil, mais ils n’ont fait que se moquer de nous et ne se sont jamais présentés. De même, nous avons écrit à Mario Landero pour le prier de retirer les renforts qu’il a dépêchés en appui au groupe violent, mais nous n’avons pas reçu de réponse.
Tous ces faits sont révélateurs de la stratégie de contre-insurrection que le gouvernement bourgeois déploie contre nos peuples, en lutte et résistance contre le projet néolibéral qui prétend affaiblir notre résistance au moyen des actes de prévarication de leaders locaux au service des intérêts des riches et de leur gouvernement. Ils trompent, confondent et manipulent les gens pauvres, créent des conflits parmi les opprimés de notre société. C’est ce que ne cessent de faire Mario Landero, Gregorio Álvaro Cruz, Miguel Álvaro Montejo.
Face à cette situation, nous tenons à manifester à l’opinion publique que, quoi qu’il arrive, les premiers coupables seront Mario Landero, Gregorio Álvaro Cruz, Miguel Álvaro Montejo et, en chacun des trois niveaux du gouvernement, Felipe Calderón, Juan Sabines et Alfredo Cruz Guzmán. [respectivement président de la République, gouverneur de l’État de Chiapas, président municipal de Palenque].
Nous sommes les maîtres légitimes de cette terre, ses possesseurs historiques parce qu’en elle reposent les corps de nos ancêtres. Nous avons recouvré sa possession en 1994 au prix du sang et de la vie de bien
des camarades et nous la défendrons quoi qu’il nous en coûte.
Respectueusement,
Au nom du Conseil de bon gouvernement : Diana Pérez Ramírez, Leticia Arcos Díaz, Eliseo Jiménez Arcos, David Gómez Gómez
(1) Xi’nich, "le chemin est à nous", nom de la marche de 1 300 km qu’en 1992 250 indigènes effectuèrent du Chiapas à la capitale du Mexique. Nom, depuis cette marche, d’une organisation indépendante sympathisante des zapatistes. Xi’nich "officielle" : parodie de cette organisation manipulée par le gouvernement (NdT).
Traduit par J.R.

Diffusé par nos camarades français du Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL, Paris) - 33, rue des Vignoles - 75020 Paris - France assemblée (hebdomadaire et ouverte) le mercredi à partir de 20 h 30
http://cspcl.ouvaton.org
cspcl@altern.org
Proletaris de tots los país, pòbles e nacions opprimats, unissetz-vos