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Italie : nous sommes en crise

Publie le mercredi 18 mai 2005 par Open-Publishing
8 commentaires

de GALAPAGOS traduit de l’italien par karl&rosa

Il y a un néo-ministre - Micciché - qui est convaincu que l’avenir du Mezzogiorno est tout entier dans le développement des infrastructures touristiques et dans la naissance des casinos. Et il y a un président du conseil qui essaye de justifier la chute du PIB du premier trimestre en soutenant qu’à Pâques les Italiens sont tous allés à la mer, en bloquant ainsi la croissance du revenu. De toute évidence, on dialogue peu dans le gouvernement et Berlusconi et les siens privilégient le soliloque. Mieux : le radotage. Reste la réalité d’une crise sans précédent qui fait suite à une phase de stagnation commencée en 2001.

Selon les économistes, l’Italie est officiellement en récession, puisque pendant deux semestres consécutifs le PIB a marché comme les crabes en reculant de presque 1%. Et la crise est d’autant plus grave qu’est parvenue hier de Bruxelles la nouvelle que, au contraire, l’économie européenne s’est remise à marcher d’un pas (+0,5 les trois derniers mois) un peu plus rapide. Cela met en évidence la spécificité de la crise italienne, que l’on peut synthétiser en deux phénomènes : une baisse de la production industrielle qui se poursuit depuis quatre ans ; une chute des exportations, signal inquiétant d’une crise de la compétitivité et du contenu technologique des marchandises.

La seule donnée qui continue à montrer des allures positives (mais avec des ralentissements la dernière année) est celle de l’emploi. Mais avec un lourd retentissement social : il s’agit d’emploi précaire, caractérisé par des bas salaires, une flexibilité grandissante, une extrême incertitude pour l’avenir. Pour ce type d’emploi Berlusconi est monté en grade, en oubliant que l’Italie reste la lanterne rouge en Europe en ce qui concerne le taux d’activité, surtout féminine et juvénile. Pour les femmes et les jeunes ce gouvernement n’a rien fait. Au contraire, il est en train de démanteler progressivement ces formes de welfare qui pourraient, elles, soutenir l’emploi. Et il convient d’évoquer le manque de crèches, qui empêchent les femmes mères de travailler.

Le résultat de quatre ans de Berlusconi est une condition insoutenable pour des millions de personnes, qui mène d’un côté à une chute de la consommation due au manque d’un revenu adéquat, mais aussi à une hausse de la consommation de produits de luxe pour ceux qui ont modifié la distribution du revenu à leur profit. En somme, nous sommes en présence d’un manque de demande. Mais nous sommes aussi face à une crise dramatique d’offre de produits qui sont réclamés par qui le peut et aussi, parfois,par qui ne le pourrait pas, mais se trouve poussé à une certaine consommation par ceux que l’on qualifiait jadis d’ "agents de la publicité indirecte".

La crise de l’offre est aussi le résultat de l’abandon des politiques de la recherche ; de l’exaltation du tout ce qui est petit est mignon ; de privatisations qui ont créé des monopôles privés qui ne sont pas motivés à développer la recherche ; d’une formation universitaire qui privilégie les "communicateurs" ; d’une école pour laquelle la ministre Moratti a décidé qu’on doit faire grandir des ouvriers dès le plus jeune âge. Mais des ouvriers pour faire quoi, étant donnée la crise irréversible de l’industrie ?

A ce gouvernement arrivent des critiques de droite et de gauche ; de la Confindustria et des autres organisations professionnelles. Désormais tout le monde se démarque en attendant (souvent par opportunisme, pour maximaliser les bénéfices des miettes de la politique économique) la catharsis : la victoire du centre gauche. Mais après ? Jusqu’ici de gauche ne sont arrivées que des critiques à la politique économique du gouvernement. Les propositions alternatives - nous dit-on - sont tenues secrètes dans le laboratoire. Peur que le gouvernement puisse les copier ? Tu parle : ce gouvernement ne copie de personne : il procède dans sa politique de classe. Le problème est qu’à gauche les idées sont rares. Et, en plus, confuses et craintives de sortir des limites d’une tendance internationale codifiée. Le résultat risque d’être un désastreux gouvernement Prodi bis, qui fait serrer la ceinture pour assainir les comptes publics, engagé uniquement dans une - tout à fait convenable - administration correcte de la chose publique.

Messages

  • les clones politiques francais de PRODI sont sur la même longueur d’onde , pour le TCE , pour le socialo-libéralisme et pour conserver les intérets de la gauche caviar , la meilleur réponse qu’on peut leur faire c’est de voter NON a leur pseudo référendum qui pour moi est un texte digne de l’OMC et non une constitution

  • Je crois qu’on devrait arrêter avec ces nouveaux types de mots creux comme celui de "socialo-libéralisme", ça brouille les cartes.

    D’abord le mot libéralisme. C’est parce le capitalisme est plus sauvage qu’on le nomme libéralisme, mais c’est pourtant dans la nature même du capitalisme d’aller vers plus de profit au détriment de l’homme, c’est donc le capitalisme en soit que je condamne et pas uniquement sa phase actuelle, particulièrement violente alors qu’il n’y a jamais eu autant de richesses, et je crois en effet qu’il n’existe pas de capitalisme à visage humain, il n’existe que des conquêtes sociales gagnées collectivement contre le système et qui restent malheuresement éphémères si nous ne nous battons plus de manière massive. (CF toutes nos défaites ces dernières années ). Se contenter de parler de libéralisme ne permet pas de saisir la portée des enjeux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.
    Puis sur le PS. Il devient un parti de droite, à force de s’adapter à l’évolution du capitalisme , à supposer qu’il a fait accoucher des revendications socialistes, il a perdu tout son contenu depuis belle lurette (qu’il s’agisse des espoirs qu’il canalisait auprès d’une grande partie d’un peuple aujourd’hui déçu, ou de sa gouvernance qui ne se différencie en rien fondamentalement d’une gestion de droite).
    Je pense que les mots sont importants. Défendre cette expression "socialo-libéralisme" renforce l’idée, il me semble, qu’il n’y a plus de différence entre la droite et la gauche. Le peu d’individus qui portent l’idée de socialisme sont pour la plupart extérieurs au PS. Ne nous adaptons pas au PS, s’il vole de plus en plus une appellation "socialiste", qu’il se démerde avec ses mensonges mais je n’appliquerai pas cette schyzophrénie dans ma lecture de ce qu’est la gauche et la droite.
    La gauche c’est la rue, c’est celle qui met la pression par la base. ("La rue qui gouverne" et que Raffarin déteste tant). Si les idées socialistes sont portées quelque part (même avec des difficultés, même avec des contradictions) c’est bien là, à la base à travers la lutte de classe très concrète. Base syndicale, associative, politique, organisée ou inorganisée, je m’en fous, tout ça c’est la base de classe.

    On ne peut pas être socialiste et libéral, si c’est le cas, c’est qu’on ment forcément. Et en politique pour construire collectivement, consciemment, démocratiquement il ne faut pas mentir. Ni à soi, ni aux autres.

    Une qui vote non, mais qui sait pertinemment qu’un rapport de force passant par la lutte concrète (grève, occupations, Démocratie directe) est nécessaire pour vraiment changer les choses, l’Europe et le monde.

    • Pas du tout !

      "Capitalisme", "capitaliste", "privatisation", c’est notre vocabulaire.

      Mais eux, l’ennemi de classe, ils veulent nous faire croire que c’est eux, la liberté.

      Alors ils remplacent "capitalisme" par "libéralisme".

      Alors ils remplacent "capitaliste" par "libéral".

      Alors ils remplacent "privatisation" par "libéralisation".

      Ils font ça pour nous tromper sur la marchandise. Parce que c’est pas avec du vinaigre qu’on attrappe les mouches.

      N’oubliez jamais que le vocabulaire "libéral" pour parler du système capitaliste, c’est le vocabulaire de l’ennemi !

      A+

      do

      http://mai68.org

      Pour comprendre l’importance du vocabulaire, je vous invite à lire ma thc (théorie du concept, et non pas Tétra Hydro Canabinol, bande de ce que vous êtes !) :

      http://mai68.org/liens/concept.htm

    • Et comme le libéralisme commence à montrer son vrai visage, on le renomme “économie de marché”, voire “démocratie de marché”...

    • Do,
      Je ne vois pas ce que tu contestes dans mon post de 23h42. Faudrait t’expliquer....

      Encore une fois je le répète, de plus en plus de gens dans notre camp se refusent à nommer le capitalisme par son vrai nom et se cachent sous le mot libéralisme. Le capitalisme accélère ses attaques (et prende une forme plus moderne : bulles financières etc... qui est nommée communément libéralisme) et permet aux capitalistes de revenir sur les acquis du XX ème siècle.

      Si des gens de gauche se refusent à nommer le capitalisme par son vrai nom, c’est qu’ils n’espèrent peut être pas le remettre en cause, mais juste le "réformer". Seulement :
      1) Sans rapport de force à la base, pas de conquêtes sociales ni de réformes
      2) Ce système arrive dans une logique où ses marges de manoeuvres pour distribuer quelques miettes en maintenant la concurrence devient moindre, à nous de l’abbatre.

      Alors je vais préciser mon intervention précédente : malheureusement les critiques de la gauche ne portent sur l’essentiel que sur les soit disant "excès" du capitalisme (le libéralisme) par sur les fondements des inégalités sociales (le système capitaliste basé sur le profit et qui se contrefout des humains et du reste).

      Je vois pas ce qui te choque mon grand !

    • le libéralisme c’est la théorie, le capitalisme c’est le système

    • Salut,

      Au 19° siècle, le capitalisme était bien plus sauvage qu’aujourd’hui ; pourtant, les révolutionnaires de l’époque le nommaient tous "capitalisme". À commencer par Karl Marx.

      Dans les années 60-70, personne n’utilisait le vocabulaire "libéral" pour parler du capitalisme. Aujourd’hui, presque tout le monde l’emploie. Si tel est le cas, c’est seulement parce que la télé a pu faire en sorte que ce soit ainsi. Et je voulais seulement rectifier le tir.

      Si aujourd’hui le capitalisme est nommé "libéralisme", ce n’est pas parce que ce mot, dont l’éthymologie le réclame de la liberté, exprime mieux sa sauvagerie. C’est parce que depuis 20-25 ans, le rapport de force a tellement évolué en faveur des capitalistes qu’ils ont même réussi à nous imposer leur vocabulaire.

      Le chemin de la désaliénation est le même que celui de l’aliénation mais parcouru à l’envers.

      C’est pourquoi je propose de reconquérir notre vocabulaire et de cesser totalement d’utiliser celui de l’ennemi qui n’est là que pour nous faire de la publicité subliminale à son système chéri.

      Amicalement,

      do

      http://mai68.org

    • Alors d’accord avec toi Do !

      Ceci dit, si tu compares le capitalisme d’aujourd’hui à celui du XIXème siècle, on est dans une sacrée phase, car aujourd’hui les forces de prodution sont tellement développées qu’elles permettraient à tous de vivre dignement. C’est aussi en cela que je le trouve particulièrement violent. On vit dans des contradictions de ouf !

      Et puis la démonstration que nous vivons depuis 20-25 ans c’est que le "progrès" n’existe pas comme quelquechose d’acquis et immuable, puisque le capitalisme (avec la complicité des gouvernements successifs) a détruit nombre des conquêtes sociales du XXème siècle.

      Bon courage à toi.