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L’ANTIPOPULISME

Publie le samedi 18 juin 2005 par Open-Publishing
9 commentaires

Les victimes de la déculottée référendaire te le crachent au visage : « Espèce de populiste ! » Aussitôt réconfortées, elles s’en retournent à leurs divinités comptables et à leur modèle danois. En fustigeant le populisme, on est combattant pour la démocratie, guerrier de l’antifascisme, voire fier fantassin de la lutte des classes. Car le populisme est vilain : il caresse dans le sens du poil le peuple arriéré et sa misère intellectuelle qui sent mauvais sous les bras. Mais pour démêler les fils d’une telle injure, il faut considérer qui l’emploie et à quelle fin. Ce prétendu uppercut verbal est généralement asséné par ceux qui s’activent en tous sens à conserver ou à conquérir l’autorité ou le pouvoir. On a pu le vérifier ad nauseam à l’occasion de la raclée du 29 mai. Pour eux, le peuple, cette masse informe, se doit d’être éduqué, pacifié, évangélisé. Aux propriétaires de l’ordre social de convaincre ce magma obscur de la justesse de leurs perspectives. Ils savent, eux, ce qui est bon pour lui, comment il doit être et ce qu’il doit faire. C’est à leurs actes et délires, et à eux seuls, que se mesure la qualité d’une civilisation. Certes, les gérants de l’humanité montrent moins d’ardeur à pourfendre le populisme lorsqu’il s’agit de leur propre business. Pour asseoir « émissions populaires », consommation de masse et légitimité issue des urnes, ils se laissent même aller à cajoler le populo. Celui-ci est alors appelé « opinion publique » ou « cœur de cible ». Tant que le peuple vote et consomme plus ou moins comme il faut, tout va bien. Après tout, la constitution le proclame souverain, les tribunaux condamnent en son nom, c’est à lui que les marchands s’adressent et c’est de lui qu’ils se nourrissent.

Mais que les gens de rien osent manifester quelque défiance ou résistance et voilà nos évangélisateurs fulminant contre ce retour de la barbarie. Le peuple perd alors tous les charmes que lui valait son acquiescement : la gauche le décrète magma de beaufs xénophobes et réactionnaires, la droite de masse délinquante, analphabète et, là aussi, réactionnaire. Ce qu’ils exècrent dans le populisme n’est pas la flatterie ou la démagogie, ils en sont les spécialistes : c’est le risque de voir chuter leurs parts de marché. Qu’ils le flattent ou le haïssent, le peuple reste au cœur de leurs préoccupations. Sociologues, chercheurs, publicistes, spécialistes en com’, merchandisers ou économistes, tous tentent d’en analyser la « structure », de le diviser en catégories, de le décortiquer, d’en capturer le fonctionnement interne, de le contenir pour l’éternité. Car ce qu’ils redoutent, c’est sa capacité d’inertie qui vient régulièrement contrecarrer les grandes œuvres de l’agitation marchande. « S’il fut un temps où ce qui était supposé menacer l’ordre et les traditions civilisatrices de la culture occidentale, c’était la “révolte des masses”, il semble bien, de nos jours, que la principale menace provienne non des masses, mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie. » (Christopher Lasch, La révolte des élites) Ah ! si seulement ils pouvaient rester entre eux, si seulement la terre n’était peuplée que de financiers, d’industriels, de journalistes, d’hommes d’État, de militaires, de stars et de clowns serviles, le « populisme » serait définitivement terrassé. Le peuple deviendrait enfin « People », et son existence calquée sur les aventures du stérilet de Steph’ de Monac’ ou de la prostate de PPDA.

Publié dans CQFD n°24, juin 2005.

http://www.cequilfautdetruire.org/

Messages

  • c’est vrai, trop longtemps le populisme, le poujadisme, le lepénisme, le souverainisme, le communisme ont fait l’objet de toutes les railleries de la part des intellos... s’attaquer à de Villiers ou Le Pen et leurs électeurs était devenu un peu trop facile

    certains intellos ont même manifesté un certain 1er mai 2002, quelle honte !

    il faut que cela cesse : l’idée d’une dictature du prolétariat doit être rétablie

    • c’est marran comme les ouistes ne venlent voir qu’une chose : en dehors des libéraux il n’y aurrait donc que des souverainistes, des fascistes. cécité intellectuelle ?

      si on dit merde aux libéraux, pas d’alternative : on ne peut être que raciste, fasciste....quelle mauvaise foie...ça devient même pathologique là.

    • on pourrait retourner l’argument
      si on est ouiste, on serait obligatoirement hypercapitaliste, ultra-libéral, bourge, intello, antisocial : débilité mentale ?

      ce n’est pas la faute aux ouistes si l’extrême droite a fait la même lecture et analyse du TCE que l’extrême gauche

      faut assumer l’alliance nouvelle des nonnards et ne pas l’oublier

    • je vois pas pourquoi retourner l’argument puisque nous les NON on ne passe pas notre temps à vous dire que vous êtes des vendus du capital, .....par contre vous vous en démordez pas de nous traiter de tous les noms dans une mauvaise foie incroyable.

    • quand à cette prétendue alliance vous l’inventez de toute pièce. Il n’y a pas eu d’alliance, juste un référundum avec une réponse par oui ou non. et lepen quand il a dit non à la guerre en irak, je ne pense pas que vous vous en étiez offusqués. le texte de TCE était pour moi une guerre déclarée à ma liberté. que lepen dise non pour les raison qui sont les sienne, j’en ai pas grand chose à foutre, sachant que le même aurrait pu dire oui de toute façon. ce n’ai pas le capitalisme qui le dérange, c’est juste qu’il veut du natioanalisme. et ça na rien avoir avec l’orientation majoritaire du vote, qui dans sa large majorité veut une europe solidaire, sociale, écologique réspectueuse des libérté individuelle et collective.

      bon mais je sais, 9a sert à rien de débattre avec vous.

      vous tenez tellement à être convincu que ce vote exprimé est un vote raciste xénophobe fasciste....

      aller bye.

    • ta gueule tu veux bien ???

      marxisme, stalinisme, trotskysme, capitalisme, royalisme, imperialisme sont tous des synonymes obsolétes et qu’il faudrai, pour le bien de la planete et de l’humanité, enterrer profondément sous terre.

      La seule voie de developpement positif envisageable pour l’humanité et la destruction des classes et de leurs causes : l’inegalité, l’ignorance installée par les riches chez les pauvres, l’individualisme exacerbé, la competition, l’etat, le pouvoir et surtout l’irresponsabilité.

      Le seul avenir c’est une entente et une collaboration planétaire non basée sur la compétition economique et sur des systemes de pouvoir verticaux.

    • ce n’est pas la faute aux ouistes si l’extrême droite a fait la même lecture et analyse du TCE que l’extrême gauche
      faut assumer l’alliance nouvelle des nonnards et ne pas l’oublier »

      Il n’y a eu ni alliance ni consensus entre les tenants du Non de gauche et les Souverainistes. Faire l’amalgame entre ces deux groupes bien distincts relève de la malhonnêteté intellectuelle.

      Quant à la lecture et l’analyse du TCE, il est évident que si nous ne les avions pas faites (contrairement à ce que conseillaient les ouistes), nous les NON de gauche, nous en serions, nous aussi, à répéter comme des perroquets les poncifs et contre-vérités que l’on nous oppose.

      En revanche, ce que je n’oublierai jamais, c’est la fusion (jusqu’à poser sur la même photo dans un magazine pipole) entre tenants du oui.

      Or de ces deux partis "dominants", l’un s’annonce comme « socialiste » et l’autre s’est chargé de poursuivre l’œuvre de destruction du tissu social français entamée par les premiers et accélérée par les seconds, avec l’aval des autres (j’me comprends).

      Et c’est ainsi qu’en moins de cinq ans :
       ont été démantelés ou sont en voie de l’être : le système des retraites, de la sécu, tous les services publics les uns après les autres, systématiquement.

       ont été créées des lois discriminatoires et liberticides (lois Perven, Sarkozy, Fillon, etc.) qui s’attaquent à toutes les couches de la population en les saignant, en les précarisant, en les paupérisant, en les culpabilisant et en les terrorisant : classes moyennes, chômeurs, démunis, sans-papiers, français issus de l’immigration, immigrés.

      C’est ainsi que ce gouvernement ne pense qu’à organiser la répression : en vrac, répression contre la jeunesse qui manifeste, contre la jeunesse qui se réunit en bas de l’immeuble, répression contre les syndicalistes, contre les enfants de sans-papiers qu’on vient extraire de l’Ecole pour les jeter avec leurs parents dans des centres de rétention, contre les travailleurs qui luttent pour maintenir leur outil de travail, répression contre toute la « France d’en bas ». Répression, asservissement et avilissement.

      Un gouvernement auquel appartient Sarkozy (un des deux personnages sur la photo) dont les méthodes et les déclarations n’ont rien à envier à un Le Pen (quotas d’immigration, mesures répressives relayées par les médias etc.)

      Un gouvernement qui a abaissé les impôts pour mieux donner aux riches et qui impose ensuite des journées de travail gratuit aux travailleurs (au mépris du code du travail) pour une soit-disant solidarité avec les personnes âgées et dont le reste de la population (y compris tous les riches) est exonérée.

      Un gouvernement qui a décidé de gouverner par ordonnances pour finir plus vite son travail de sape, alors que sa politique a été rejetée massivement à plusieurs reprises.

      J’en passe.

      Et c’est aux côtés de ceux-là que s’est affiché le PS pendant des mois, avançant la main dans la main, parlant d’une seule voix. Va-t-on nous faire croire que le PS pourra un jour nous sauver de ces exactions commises par l’UMP ?

      Moi, plus jamais.

      Les Ouignares feraient bien de commencer à le lire, le TCE. Ils comprendront, a posteriori (mais il n’est jamais trop tard pour bien faire), que ce qu’il propose n’est rien moins que ce que nous vivons actuellement ici : la mainmise d’une minorité sur les richesses d’un pays, d’un continent au détriment de ses citoyens.

      Comment cela s’appelle, déjà ?

  • A propos du peuple, c’est-à-dire des prolos, combien de ses représentants siègent-ils dans les différentes assemblées ?

    • Le peuple c’est pas les prolos : c’est l’ensemble des citoyens en tant qu’ils sont censés exercés la souveraineté populaire en démocratie.

      Cela dit c’est clair que le peuple n’est pas bien représenté étant donné l’homogénéité sociologique des "représentants" (aussi bien politique que médiatique, d’ailleurs).