Accueil > La CPCP sollicite des mesures de protection pour les leaders du Curvaradó (…)

La CPCP sollicite des mesures de protection pour les leaders du Curvaradó (Colombie)

Publie le mercredi 19 septembre 2007 par Open-Publishing

Lettre de la Coordination Populaire Colombienne de Paris
http://coordinadora.popular.googlep...

à Mr FRANCISCO SANTOS

Vice-président de la République de Colombie

Bogotá (Colombie)

Monsieur Santos,

Pour contribuer à la protection des droits des personnes les plus vulnérables de votre pays, nous nous adressons à vous car nous sommes très préoccupés par les faits qui ont eu lieu le 17 septembre à Belén de Bajirá. Notre Coordination regroupe plusieurs organisations françaises qui soutiennent les communautés de déplacés engagés dans des processus de retour comme les communautés de Caño Manso et Curvaradó qui se trouvent dans les Zones Humanitaires et dialoguent avec le Gouvernement Français sur la situation de violation des droits de l’Homme et la récupération de leurs terres.

Nous avons été informés de l’attentat perpétré dans la nuit du 17 septembre à Belén de Bajira contre MIGUEL HOYOS et UALBERTO HOYOS, leaders reconnus des communautés de Caño Manso et Curvaradó, qui sont témoins dans les procès concernant l’appropriation de leurs terres dans la région et l’assassinat d’ORLANDO VALENCIA en octobre 2005.

Selon des témoins présents, un afrocolombien en civil et armé d’un révolver s’est présenté à la maison des frères Hoyos et leur a tiré dessus. Chacun d’eux a reçu deux impacts de balle dans le thorax et se trouvent actuellement à l’Hôpital d’Apartadó.

Nous savons que peu après cet attentat criminel, des responsables de votre Gouvernement ont été informés des faits et qu’une protection des blessés a été sollicitée pour éviter qu’ils ne soient à nouveau attaqués. Depuis la France, nous réitérons cette demande.

Les membres de nos organisations sont très inquiets car l’attentat a été commis face à la maison de ENRIQUE PETRO, qui a besoin de protection en raison des menaces reçues de la part des groupes paramilitaires des « Aigles Noirs ». Les mesures de sécurité d’ENRIQUE PETRO, comme de MIGUEL HOYOS et d’autres leaders communautaires comme Serafín Orozco et Eugenio Núnez, et maintenant Ualberto Hoyos, doivent être renforcées en vertu des mécanismes de protection de témoins prévus par la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme. Car actuellement, ils ne sont pas seulement vulnérables en raison de menaces : C’est précisément parcequ’ils entendent collaborer avec la justice et défendre les droits des personnes déplacées qu’ils sont en danger.

Le sicaire qui a pris les frères Hoyos pour cible a été vu le jour même par les habitants de Belén de Bajirá en compagnie d’un certain Gustavo, surnommé « Le Secrétaire », éleveur connu pour ses liens avec les paramilitaires qui occupent les haciendas Alejandra I et Alejandra II, usurpées en 1997 à Caño Manso obligeant les habitants à un exil forcé. En août 2007, nous avons appris comment les 80 personnes qui avaient décidé de retourner dans le village de Caño Manso dont ils avaient été expulsés, ont constaté que leurs terrains avaient étaient transformés en grande hacienda appelée Villa Alejandra II. Ce processus de retour avait été dirigé, entre autres, par Miguel et Ualberto Hoyos. Il y a quelques jours, une des fermes que les habitants avaient réussi à construire à leur retour a été brulée par des employés au service des usurpateurs.

Nous savons que des fonctionnaires de votre Gouvernement ne reconnaissent pas les légitimes propriétaires de ces terres et que, bien au contraire, ils soutiennent les nouveaux arrivants regroupés dans le collectif ASPROBEBA qui ont été dénoncés à plusieurs reprises comme ayant été amenés dans la zone par les paramilitaires mêmes qui avaient provoqué l’exode. Une des propriétés usurpées par la violence appartient à la famille Domicó, elle a été prétendument légalisée par des mécanismes frauduleux par la Sœur Teresa Gómez (parente des Castaño Gil) qui se trouve impliquée dans le crime dont a été victime Yolanda Izquierdo. Postérieurement, cette propriété a été transférée à ASOPROBEBA.

Au vu de tout cela, nous vous demandons :

* Une action rapide et efficace qui en finisse avec les structures paramilitaires implantées à Nuevo Oriente, Mutatá, Pavarandocito, Belén de Bajirá, Playa Roja, Riosucio, Caño Manso, lieux bien connus des services de renseignements militaires et policiers et où sont planifiés et ordonnés ces attentats. De nombreux rapports indiquent que c’est là que sont situées les opérations des entreprises qui légalisent l’usurpation violente des territoires, le développement d’agro-industries comme la palme à huile et l’extension de l’élevage, mais aussi le traitement de la coca pour un usage illicite,

* Que soient assignés en urgence les moyens et les mécanismes exigés pour la protection des témoins de crimes perpétrés par les groupes armés,

* Que soit également mis en place un groupe de procureurs chargés des enquêtes contre les leaders des communautés du Curvaradó et Jiguamiandó faussement accusés d’être responsables d’assassinats, de disparitions forcées, d’expulsions

* Et que soient dynamisées les actions d’investigation en vue du procès 3856 intenté par l’Unité des Droits de l’Homme sur la responsabilité entrepreneuriale et paramilitaire dans les crimes contre l’Humanité, l’appropriation illégale des terres et les dégats environnementaux.

Avec l’adoption effective de ces mesures, nous croyons que le Gouvernement Colombien pourra démontrer à la communauté internationale qu’il assume ses responsabilités en matière de défense des droits de la population civile

Veuillez agréer, Monsieur le Vice-Président, l’expression de nos salutations distinguées.

COORDINATION POPULAIRE COLOMBIENNE A PARIS.