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La Réunion : Le taux de chômage repasse sous la barre des 30 %

Publie le dimanche 12 novembre 2006 par Open-Publishing
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Grâce à une baisse de 2,2 points sur l’année écoulée, le taux de chômage s’est établi à 29,1% au deuxième trimestre 2006. C’est la première fois depuis 13 ans qu’il repasse sous la barre des 30%. Une embellie qui profite essentiellement aux salariés du secteur marchand et, nouveauté, aux femmes.

Certes, la victoire est toute relative. Pour la première fois depuis 13 ans, le taux de chômage à La Réunion est repassé au deuxième trimestre 2006 en dessous de la barre des 30%, selon l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques).
S’établissant fin juin à 29,1% avec 93 900 chômeurs soit 3 500 de moins en un an d’après la définition du BIT (Bureau international du travail*), il reste cependant le plus élevé de tout le territoire national, en comparaison des derniers chiffres disponibles en métropole et dans les Dom-Tom.
Si la nouvelle mérite que l’on se réjouisse, c’est donc moins pour sa valeur symbolique que parce qu’elle confirme une embellie débutée au deuxième trimestre 2005 et qu’elle relève de causes structurelles. « Cette diminution du chômage repose sur le dynamisme de l’économie locale », souligne Jean Gaillard, directeur régional de l’Insee. En effet, la baisse du taux de chômage de 2,2 points par rapport au deuxième trimestre 2005 résulte des fortes créations d’emplois salariés dans le secteur marchand, d’emplois aidés dans le secteur non marchand ainsi que d’emplois non salariés.
Parmi les secteurs marchands, qui affichent une hausse d’effectifs de 4,4% en moyenne, la construction et les services aux entreprises se révèlent les plus dynamiques, avec des augmentations respectives de 11,3% et 9,9% du nombre de leurs salariés.
Seule ombre noire au tableau, l’hôtellerie-restauration recense 8% de salariés en moins des trimestres 2005 à 2006 et une diminution portée à 12,2% depuis le début de l’année. Malgré une progression régulière des effectifs depuis le début de la décennie, le secteur subit de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire démarrée fin 2005. « Si le chikungunya affecte la restauration et surtout l’hôtellerie, il semble en revanche épargner le reste de l’économie », précise Jean Gaillard.
Du côté du secteur non marchand, la mise en place du plan de cohésion sociale s’est traduite par une forte augmentation des nouvelles formules d’emplois aidés en début d’année. Au premier semestre, plus de 7 100 contrats d’accompagnement à l’emploi et 2 395 contrats d’avenir ont été signés. Mais la hausse de l’emploi ne concerne pas que les salariés. L’emploi non salarié a ainsi augmenté de 8,5% entre les deuxièmes trimestres 2005 et 2006, ce qui correspond à une création de près de 3 000 emplois supplémentaires, dont une part non négligeable à relier aux créations d’entreprises sur les 12 mois précédents l’enquête Insee.

BOOM DES CONTRATS AIDÉS

Aux cyniques qui soupçonneraient que cette évolution globale positive s’accompagne d’un accroissement de la précarité de l’emploi, les chiffres de l’Insee opposent que les ratios de l’emploi à temps partiel (19%) et des contrats à durée limité (17%) restent stables.
La nouveauté, en revanche, c’est que l’embellie profite surtout aux femmes, qui occupent trois quarts des emplois supplémentaires. Parmi elles, les plus de 30 ans, qui rencontraient jusqu’à présent les plus grandes difficultés pour accéder au travail, ont bénéficié de la moitié des nouveaux postes. Une situation radicalement différente de ce qui s’était passé sur la période précédente, de mai 2004 à mai 2005, où l’essentiel de la reprise de l’emploi avait profité aux hommes et aux moins de 30 ans. Certes, le taux de chômage des femmes reste supérieur à la moyenne de l’ensemble puisqu’il s’établit fin juin à 30,4% contre 28% pour les hommes, mais l’écart se réduit de façon significative (de 7 à 2 points entre les deuxièmes trimestres 2005 et 2006).
A noter que les chiffres de l’Insee et de la direction départementale du travail ne coïncident pas, bien qu’ils indiquent chacun une forte baisse du chômage. A titre de comparaison, la seconde recense 81 300 demandeurs d’emploi, soit 12 000 de moins que l’Insee. Cet écart substantiel peut apparaître comme une incohérence susceptible de jeter le discrédit mais les deux services ont pour habitude d’écarter toute discussion en affirmant travailler chacun sur un périmètre différent et selon des méthode distinctes. Quoi qu’il en soit, après avoir connu un pic de 38% (Insee) en 1998 et 1999, le chômage n’a donc cessé de décroître depuis, excepté deux accidents de parcours en 2003 et 2004. Et aujourd’hui, l’embellie de 2005 se confirme. « Malgré cette dernière baisse enregistrée, le chômage demeure un phénomène préoccupant à La Réunion », remarque Jean Gaillard. En d’autres termes, on est encore loin, bien loin du taux de chômage de l’hexagone, trois à quatre fois inférieur (8,8%). A baisse relative donc, enthousiasme relatif.

Séverine Dargent
J I R .[10 novembre 2006]
(*) Le concept de chômage au sens du BIT regroupe les catégories 1, 2 et 3 de l’ANPE (Agence nationale pour l’emploi) auxquelles on retranche les personnes ayant eu une activité réduite de moins de 78 heures.

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