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La tension monte entre les syndicats et le pouvoir

Publie le dimanche 17 octobre 2010 par Open-Publishing
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PARIS (Reuters) - Les opposants à la réforme des retraites en France ont appelé dimanche à durcir le mouvement pour une semaine cruciale du conflit, mais le gouvernement a répondu qu’il ferait au besoin usage de la force pour empêcher la paralysie du pays.

Alors que des pénuries croissantes de carburant frappaient les stations-service et que la grève et les blocages se poursuivaient dans les douze raffineries et les dépôts de carburants, les syndicats de la SCNF ont appelé à amplifier la grève et les routiers devaient rejoindre le mouvement lundi.

Invité au journal de 20h de TF1, le Premier ministre François Fillon a lancé un avertissement aux protestataires.

"Le droit de grève, ce n’est pas le droit d’empêcher l’accès à un dépôt de carburant, ça c’est une action illégale. Je ne laisserai pas bloquer notre pays, je ne laisserai pas l’économie française étouffée par un blocage de l’approvisionnement en carburant", a-t-il dit.

Le débat ira "à son terme" au Sénat, a poursuivi François Fillon, rejetant la demande d’une suspension. Le vote final était prévu mercredi mais il pourrait finalement être plus tardif. Le Premier ministre n’a donné aucune date.

Après une cinquième journée d’action qui a vu défiler samedi entre 825.000 et trois millions de personnes, les syndicats appellent à une sixième journée de contestation ce mardi.

Les opposants comptent sur le renfort des chauffeurs routiers qui devaient commencer à bloquer des axes routiers ou des sites stratégiques à partir de 22h00 dimanche.

FILES D’ATTENTE AUX STATIONS

La ruée des automobilistes dans les stations a commencé à tarir les pompes et créé des files d’attente autour de Paris, a constaté un reporter de Reuters télévisions. "Je voulais prendre de l’essence pour la semaine, mais je vais être dans la m... J’ai 180 km d’autonomie, si le mouvement de grève dure, ce sera un problème", a dit Michel Bonnet, un automobiliste qui a attendu en vain pour faire le plein.

La société Total ne rendra plus public aucun chiffre de stations "à sec", a dit un porte-parole.

Quatre syndicats de cheminots - CGT, Unsa, Sud-Rail et CFDT - ont parallèlement appelé à étendre les grèves dimanche soir et demandé à ceux qui avaient suspendu le mouvement de le reprendre.

Didier Le Reste, patron de la CGT-Cheminots, critique le texte mais aussi la méthode. "Le chef de l’Etat et le gouvernement méprisent le peuple", a-t-il dit. La SNCF prévoie pour lundi un trafic en moyenne d’un train sur deux pour les TGV, supérieur à un train sur deux pour les Transiliens et les TER et d’un train sur trois pour les Corail.

Le gouvernement exclut toute concession sur les deux mesures-clés du texte, le passage de 60 à 62 ans de l’âge légal de départ à la retraite, et de 65 à 67 ans pour un départ avec une pension de retraite à taux plein.

Concernant l’idée d’une taxation des revenus de la finance, François Fillon a parlé "d’escroquerie" sur TF1 et il a imputé le blocage de la situation aux syndicats qui, à ses yeux, se montrent trop inflexibles sur les questions d’âge.

D’ultimes amendements au Sénat ne sont pas exclus, mais l’opposition demande la réouverture complète des discussions.

"Il faut que le gouvernement ouvre sa porte parce que sinon, il rajoute à une incompétence manifeste, une intolérance, ça fait beaucoup", a dit l’ex-Premier ministre socialiste Laurent Fabius sur Radio J.

CONTROVERSE SUR LES PRIX DE L’ESSENCE

Le secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau a assuré que le risque de pénurie de carburant à l’aéroport de Roissy n’était plus d’actualité, après le retour de l’alimentation en kérosène dans l’oléoduc Trapil qui dessert une partie de la région parisienne, notamment les aéroports.

Le terminal pétrolier de Fos-Lavéra, près de Marseille, est entré dans son 21e jour de grève, bloquant en rade 61 navires dont 47 pétroliers. Une grève des éboueurs a amené par ailleurs une accumulation d’ordures dans la ville.

Laurent Fabius a appelé le gouvernement à agir contre un phénomène de hausse des prix du carburant à la pompe. La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a répondu en annonçant des contrôles et de possibles sanctions contre les "abus".

Elle assure qu’il n’y a pas de problème de réserves de carburant mais la CGT affirme elle que l’aggravation des pénuries dans les stations est inéluctable. "Un bac qui est presque vide et qu’on ne remplit pas finit par être complètement vide", a dit à Reuters Eric Sellini, de la CGT Total.