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La transition postcapitaliste selon Paul Boccara.

Publie le jeudi 13 novembre 2008 par Open-Publishing
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La transition postcapitaliste (1) selon Paul Boccara.

L’expression "post capitalisme" réapparaît plus souvent. Effet de la crise, de leur crise. Elle sonnait il y a peu comme une incongruité . Quant à socialisme, c’était pire encore. Beaucoup moins aujourd’hui. C’est que l’heure est à la sortie du système. La question d’un néo-socialisme se pose alors que pour l’heure ce sont des dirigeants de la "refondation du capitalisme" qui sont aux commandes, à l’exception aléatoire de quelques pays d’Amérique latine.

Plus engagée que celle d’ " autre monde " - formule altermondialiste à ne pas abandonner - l’expression postcapitalisme laisse néanmoins ouverte la question du type de société que l’on veut construire. Elle précise quand même qu’il s’agit de sortir du capitalisme. Son autre avantage – éclairé par le propos de Paul Boccara - semble être de préciser les éléments de la transition pour éviter d’emblé, en quelque sorte, le trou noir du saut dans le socialisme. Dont acte .

Mais, il est des questions qui ne sauraient rester pendantes éternellement sauf à penser que la transition peut durer longtemps ; ce qui est une hypothèse tout aussi valable qu’un’ autre, mais discutable. Ce n’est pas celle que j’aurais tendance à concevoir, pour d’autres raisons de forces variables. La " force néo-marxiste " de P Boccara est-elle exempte de dire dans quel sens elle souhaite mener la transition, si transition il y a. Autrement dit, quelles propositions cette force politique et sociale compte-t-elle proposer au peuple-classe * mobilisé pour son émancipation ? Je dirais que ce n’est pas le PS de Ségolène qui fera ces propositions . Ce n’est peut-être pas comme cela que va se poser exactement le problème, mais ce n’est pas tout a fait une fausse piste non plus.

A ce stade Paul Boccara avance une autre option : au lieu d’employer le terme d’écosocialisme ou de néosocialisme ou de " socialisme vert " il évoque "un modèle néomarxiste" qu’il définit comme "système radicalement mixte". L’argument principal est qu’ "on ne va pas sauter d’un coup dans le non-marchand" dit-il. Certes. Mais tout ne se fera pas non plus sans forte rupture. Il faut aussi redire ici qu’il restera toujours une place pour le marché . Mais immédiatement ajouter que cette place doit reculer franchement et que pour cela il faudra enclencher des "ruptures franches" annonciatrices d’un basculement probablement repérable. Autre chose encore : Si les forces néo-marxistes remettent toujours le socialisme pour plus tard ne risque-t-on pas de favoriser les compromis avec les forces dominantes affaiblies. Question pendante.

Paul Boccara évoque les nationalisations des banques. C’est effectivement nécessaire . Mais la nationalisation et la planification démocratique des secteurs clés de la satisfaction des besoins sociaux ne sauraient tarder. Il est des changements qui doivent intervenir dès les premiers mois après les élections réussies, en présence d’un rapport de force conséquent et en même temps que l’enclenchement des transformations de l’appareil d’Etat. Ce qui laisse à penser qu’il peut effectivement y avoir des décrochages intra-continental (par rapport à l’UE) mais au sein d’une dynamique et d’une perspective d’un socialisme continental et mondial. Et ce n’est pas là clause de style. On ne saurait en effet oublier le but. Le but doit être intégré au quotidien de la transformation sociale, y compris par les syndicats. Le mouvementisme comme force sociale et politique qui bouge mais sans savoir vers ou peut favoriser le statu quo . Or il va tôt ou tard choisir entre misère généralisée ou alter-développement, entre neo-socialisme ou "refondation du capitalisme" .

Dernière remarque, la base sociale "des révolutions" de P Boccara est plus large que le peuple-classe * dont le salariat est la pointe avancée puisqu’il s’agit dit-il du "rapprochement des groupes sociaux dominés : tous les salariés, qu’ils soient plus ou moins qualifiés, les femmes, les personnes âgées, les jeunes, les minorités ethniques, tous les pays et aires culturelles de la planète". Pour lui la mixité transitionnelle semble s’enclencher à l’échelle de la planète alors que je voyais cela à l’échelle continentale, pour tenir compte de l’état du développement inégal et combiné du capitalisme pris dans des zones continentales diversement institutionnalisées .

Christian Delarue

Altermondialiste

Article dans Regards :
POSTCAPITALISME " Pour un modèle néomarxiste ", par Paul Boccara

http://www.regards.fr/article/?id=3555

En finir avec ce capitalisme, ouvrir des perspectives vers le socialisme
 C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article434

http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=3717

Vers un néosocialisme vert : Etendre le marché ou le circonscrire ? - C
Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article354

* "Peuple-classe" : Christian Delarue , voir site amitie-entre-les-peuples.org ou attac france...

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