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La victoire du 29 mai 2005 n’est pas celle de l’extrême-gauche
Publie le samedi 23 décembre 2006 par Open-Publishing2 commentaires
Le remplacement d’une génération par une autre, d’un style par un autre, d’une femme par un homme ne garantit en rien un véritable renouvellement des orientations politiques surtout si les références restent les mêmes. Il plaide au contraire pour la poursuite du débat gauche droite, avec ses repères commodes et ses clientèles.
Depuis trente ans, cette simplification excessive de la vie publique a démontré qu’elle est inapte à créer les conditions d’un vrai changement et qu’elle laisse indifférent un citoyen sur deux….
Notre avenir se décide ailleurs. Les partis politiques n’ont pas une seule fois prouvé qu’ils étaient capables de nous affranchir de la tutelle chaque jour plus destructrice de la mondialisation néo-libérale. Le chômage institutionnalisé, le développement sans limite de la précarité, les innombrables disparitions d’entreprises victimes des délocalisations nous le rappellent chaque jour.
Notre avenir est sombre si nous continuons à respecter les choix que nous imposent ces partis dits de gouvernement avec la complicité des « grands médias ». De discours en promesses le Peuple continuera à souffrir car la richesse globale de notre pays ne cessera de s’enfuir à l’étranger notamment dans les juteux circuits de la spéculation financière internationale et les paradis fiscaux.
Alors qu’il constituait un immense progrès, le système social mis en place après la Libération est décrié par tous ceux qui voient en lui une source de profit… Pour abattre son chien on dit qu’il la rage… Ce système social dont nous avons le droit d’être très fiers collectivement était la cible de tous ceux qui défendaient le Traité Constitutionnel pour l’Europe dont les logiques économiques étaient contraires à la socialisation du risque.
Notre démocratie est prisonnière depuis trop longtemps de l’argent politique, de l’intérêt des groupes constitués, des carrières électorales, du cumul des mandats qui interdisent au citoyen l’expression directe de ses choix, et la faculté de défendre lui même ses perspectives. Les partis politiques font filtre et nous imposent des candidatures préfabriquées.
Voulons nous l’apparence du changement ou le changement lui-même ? Est-il possible, en quelques mois, en quelques semaines d’ouvrir un espace civique dans lequel pourront intervenir les citoyens, personnellement, sans représenter qui que ce soit, simplement pour faire passer leurs préoccupations du plan individuel au plan collectif et investir les lieux de pouvoir sans recourir aux expédients habituels, discours excessifs ou salmigondis idéologiques ? Est-il possible, enfin, de faire vivre la démocratie en la rendant au citoyen ?
En s’appuyant même un peu sur l’existant politique, la réponse est NON. Les tentatives « de la gauche de la gauche » de constituer une force nouvelle le prouve et sont vouées à l’échec, au mieux à la marginalité, même si les objectifs sont pertinents et les revendications indiscutablement orientées vers l’intérêt du plus grand nombre car, en choisissant, contre le bon sens, de s’enfermer dans un camp, et à l’extrême de celui-ci, la démarche pourtant courageuse et nécessaire trouve immédiatement ses limites.
La victoire du 29 mai 2005 n’est pas celle de l’extrême gauche qui y a joué un rôle important mais celle, bien plus ouverte de la coalition directe du Peuple, heureusement divers, mais rassemblé pour dire non à un projet qui le privait du droit d’organiser librement son avenir. Cette coalition spontanée, fruit de l’implication magnifique de milliers d’acteurs inconnus et dévoués, n’a pas disparu le 29 mai 2005. Elle peut réapparaître à l’occasion des prochaines échéances, plus difficilement pour l’élection présidentielle que pour l’élection législative qui suivra aussitôt par ce que cette dernière n’exige que des moyens financiers relativement modestes, à portée des citoyens pour peu qu’ils s’organisent localement.
Il faut faire du neuf, renouveler la représentation nationale dès les prochaines législatives et prioritairement remplacer tous ceux qui ont déjà été élus et entameraient un troisième mandat ou plus. Les renvoyer à leurs occupations ménagères n’a rien de choquant car globalement, ils n’ont rien prouvé. Ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change crieront à la folie.
Pour les autres il s’agit seulement de décider comment faire : en créant dans chaque circonscription un comité de désignation et de financement d’une candidature citoyenne, aux prochaines élections législatives pour assurer la promotion de personnes libres qui ne représenteront pas les partis politiques mais les citoyens dans leur diversité.
La participation effective des acteurs de la bataille pour le NON au TCE est essentielle. Ils savent faire. Ils sauront organiser le choix de candidats ou de candidates adaptés, honnêtes, dévoués, sans chercher à être eux mêmes élus. Voilà où est leur force, dans le désintéressement personnel fondamental qui les conduit à prendre en charge la « chose publique ». Un contrat de candidature valable pour la treizième législature, disponible, le même pour tous, fixera les règles collectives essentielles et l’orientation politique générale dans la logique du manifeste de Porto Alegre.
Pour rompre enfin avec les promesses non tenues des candidatures partisanes, sans recourir au mandat impératif, illégal en France, chaque comité pourrait passer avec son candidat tandem, un homme une femme ou vice versa, un accord spécifique, ferme, de défendre prioritairement tels et tels dossiers.
Chaque année, l’élu devra impérativement rendre compte de ses engagements contractuels et à mi mandat se soumettre au jugement de ses électeurs si ceux-ci le lui demandent, éventuellement se démettre au profit de son suppléant s’il est mis en minorité. L’argent n’est pas un obstacle. La loi facilite plus qu’on ne le pense une initiative de ce type d’autant que l’effort financier demandé au citoyen peut faire l’objet de protocoles qui permettront à terme d’être remboursé…
Pour les membres d’associations ou de syndicats, pour les adhérents à un parti qui sont désireux d’impulser, à titre personnel cette grande initiative civique et lui donner toutes ses chances, il ne s’agit pas d’être eux-mêmes candidat, mais de participer à la structuration nationale de cette démarche, de créer des liens, y compris et prioritairement sur internet, d’apporter leurs savoirs, leur rigueur, leurs exigences, de surveiller la licéité de toutes les démarches, de garantir le respect des conditions démocratiques de désignation.
Les comités ont intérêt à se constituer rapidement sous un sigle commun qui traduira dès le démarrage de cette opération, leur Entente sur les Thèmes qui Intéressent les Citoyens : ETIC. L’impatience d’un changement véritable transcende tous les clivages.
Régis Roquetanier, adhérent d’Attac s’exprimant à titre personnel, libre de toute attache partisane.
Messages
1. La victoire du 29 mai 2005 n’est pas celle de l’extrême-gauche, 24 décembre 2006, 11:14
Pour parler de "changement" de façon crédible il vaut mieux faire une campagne électorale "changée". Ce qui n’a pas été le cas de de l’Alternative unitaire où l’on a vu les habituels calculs politiciens et bagarres incompréhensibles pour le profane entre groupes, factions et individus.
Et si on ne veut pas faire deux pour cent, comme promis à Marie-George Buffet, il vaut mieux parler la langue des Français et pas la langue des politiciens professionnels. Ce qui n’a pas été le cas de l’Alternative unitaire qui a pratiqué la langue de bois avec autant de brio que l’UMP ou le PS. (Voir le blog d’Autain ou les communiqués rédigés par Salesse au nom du collectif national.)
Un forum intéressant pour rompre avec l’air ambiant :
http://electrons-libres.forumactif.fr
1. La victoire du 29 mai 2005 n’est pas celle de l’extrême-gauche, 24 décembre 2006, 20:18
Là où les partis sont faibles ou inexistants, c’est dans l’individualisme du controle total aux USA et dans ce qu’on appelle les régimes totalitaires Parce que avec ou sans partis, le pouvoir ne fait pas relache. Les partis sont le seul cadre au sein duquel peut etre brisé le principe d’adaptation et de soumission au controle total. Beaucoup de moutons se prennent pour des loups