Accueil > Le Monde libertaire # 1470 du 22 au 28 mars 2007
Le Monde libertaire # 1470 du 22 au 28 mars 2007
Publie le mercredi 21 mars 2007 par Open-PublishingLe Monde libertaire # 1470 du 22 au 28 mars 2007
« Nous sommes tous des immigrés,il n’y a que le lieu de naissance qui change. »
Anonyme
Le sommaire :
Quelle identité nationale ?, par M. Rajsfus, page 3
Du sable dans l’gosier, par Stéph, page 4
Les joies de la chimie, par Thierry, page 6
Le dico et la calotte, par P. Schindler, page 7
L’autruche… parfois truche, par Fred, page 7
Brèves de combat, page 8
Délinquance instrumentalisée à Berlin, par A. Sulfide, page 9
Danemark, le squat résiste, par Olynx, page 10
La mémoire légiférée, par T. Périssé, page 11
Les femmes... mais les trans ?, par H. Schwartz, page 14
Les Amap en terre ferme, par F. Roux, page 15
Pixotte, le retour, par L. Kahane, page 17
4 morceaux pour une femme, par H. Hurst, page 18
Gaspillage global, par N. Potkine, page 19
Formes et tendances de l’anarchisme, par R. Furth, page 20
La CNT combat l’éducation-répression, page 21
Radio libertaire dans tous ses programmes, page 22
Agenda, page 23
supplément 4 pages spécial Rouen encarté dans le numéro
L’éditorial de la semaine :
l
Prôner l’abolition des frontières, cela semble « utopique » pour bien des gens. Si vous lisez ce journal, alors sûrement rejoignez-vous les anarchistes dans ce combat contre les nationalismes et pour le respect de la dignité humaine. Cette lutte, surtout quand il s’agit d’immigration, est bien loin d’être gagnée.
Le ministère de l’Identité nationale et de l’Immigration que nous propose Nicolas Sarkozy, s’il est élu, est loin de nous réjouir.
Être français… ce n’est qu’une question de circonstances. De même que nous n’avons jamais signé le contrat social qui nous fut imposé dès notre naissance, nous n’avons jamais décidé de notre nationalité, celle enregistrée à l’état civil. Certains ont, à la rigueur, eu à choisir entre la peste et le choléra en fuyant leur pays d’origine. Personne ne s’est encore installé sur un paradis terrestre, tout simplement parce qu’il n’existe pas, ni ici, ni ailleurs, ni « au-delà ».
Mais ne diabolisons pas l’actuel ministre de l’Intérieur et candidat à la présidence de la République, ses concurrents ne valent pas mieux. Derrière leurs discours les plus hostiles (c’est un euphémisme, bien sûr) et les plus humanistes (c’est une hyperbole, bien entendu) au sujet des immigrés et des futurs immigrants, se cachent toujours les frontières fermées, ou prêtes à leur claquer au nez. Vouloir régulariser les sans-papiers est une chose. Abolir les lois xénophobes qui permettent la chasse aux immigrés et justifient le contrôle à répétition de ceux qui ne sont pas blanc de peau en est une autre.
Quant à abolir les frontières, ce n’est pas « au programme »… De toute façon, ce dernier n’engage en rien celui qui le propose.
« On ne peut accueillir toute la misère du monde », nous dit-on. Pourtant, les plus nécessiteux de la Grèce et du Portugal ne se sont pas rués en Scandinavie malgré une relative liberté de circulation permise en Union européenne. L’immigré ne vient pas prendre le pain de la bouche des Français, il vient participer à la production, c’est tout.
Qui plus est, s’il est sans papiers, il le fera « à la sueur de son front », constamment sous la pression du « négrier », de la police qui passe, de l’éventuel délateur qui le regarde du coin de l’oeil…
Pour faire croire qu’ils n’appliqueront pas de simples lois xénophobes (car elles discriminent l’individu en fonction de son origine), les candidats, toutes tendances politiques confondues, plaident pour un « co-développement ». Mais nous avons compris le sousentendu, tout sera fait en sorte que les étrangers ne viennent pas chez vous… Par conséquent, leur combat n’est pas le nôtre.
Personne n’est illégal !
Et en prime un article de Maurice Rajsfus :
Quelle identité nationale ?
DEPUIS QUELQUES ANNÉES, il est devenu évident qu’avec Nicolas Sarkozy Le Pen est
devenu inutile. La tendance s’accélère. Dans ses discours prononcés ces dernières semaines, l’hôte de la place Beauvau a annoncé son intention, dès son élection, de créer un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. Rien que cela !
Comme le chef du Front national, Nicolas Sarkozy a compris tout l’intérêt qu’il y avait à chatouiller la fibre nationale de la France profonde. Cette identité nationale, hautement proclamée, a des relents xénophobes qui prennent leurs racines dans l’Action française de Charles Maurras, tout comme chez les Croix-de-Feu du colonel de La Roque. Plus grave encore, cette identité nationale, qui paraît aller de soi, nous renvoie à la tentation raciste née de l’affaire Dreyfus, à la fin du XIXe siècle.
Ces évocations sont-elles excessives ? Il ne semble pas. En effet, dès lors que l’on met le doigt dans l’engrenage de la marginalisation et de l’exclusion, il n’y a plus guère de limites car les supporters de la politique du rejet arrivent en nombre à la rescousse. Il est bien connu que les pervers s’estimant soutenus ne cessent de multiplier les lois restrictives et les vexations diverses.
Bien sûr, il n’est pas question, ici, de faire le moindre amalgame, mais il y a des similitudes qui ne peuvent manquer de faire réfléchir. Depuis le début de la campagne pour l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy ne cesse de parler d’immigration choisie.
Cela ne peut que nous renvoyer à cette loi de Philippe Pétain, du 27 septembre 1940, sur les « étrangers en surnombre dans l’économie française ». Rapidement, plusieurs dizaines de milliers d’étrangers allaient se retrouver dans des Groupes de travailleurs étrangers (GTE) et enfermés dans des camps. Cette loi précédait de quelques jours la publication du statut des Juifs de France, le 3 octobre 1940.
Fort heureusement, rien de semblable de nos jours. On n’enferme plus massivement, on expulse (environ 25 000 expulsions en 2006). On n’inquiète plus les Juifs mais on s’intéresse plutôt aux Arabes, que l’on diabolise en les désignant comme musulmans. Il n’y a plus de camps de concentration (nous sommes en démocratie) mais des centres de rétention administrative, d’où l’on expulse systématiquement.
Pourtant, comme au temps des années noires de l’occupation nazie et du régime de Vichy, il y a des rafles ponctuelles dans certains quartiers de Paris, mais cela ne concerne que des Noirs… De même, les policiers de la République n’hésitent jamais à arrêter des femmes et des enfants – sans doute au nom du regroupement familial.
Nicolas Sarkozy nous explique que l’on n’accueillera plus, au pays des droits de l’homme, que des étrangers connaissant déjà notre langue et nos coutumes. À ce niveau de réflexion, mon père n’aurait jamais été admis en France, en 1923, et pas davantage ma mère, en 1924. C’était l’époque où les Polonais arrivaient par dizaines de milliers pour extraire le charbon des bassins miniers, qui connaissaient un déficit de mineurs français, et qu’un nombre aussi important d’Italiens commençaient à travailler dans la sidérurgie lorraine. L’économie française ne devait pas se plaindre de cet afflux de travailleurs étrangers.
Revenons au régime de Vichy. Dès l’automne 1940 était mise en place une politique de dénaturalisation. Le 7 octobre 1940, le gouvernement Laval abrogeait le décret Crémieux du 24 octobre 1870 qui avait attribué la citoyenneté française aux juifs d’Algérie. Rapidement allaient être dénaturalisés les juifs d’Europe centrale qui avaient acquis la nationalité française après 1936. Rien de tel à envisager de nos jours, mais il convient de se poser la question.
Maurice Rajsfus
Et pour finir, l’agenda du Monde libertaire :
Jeudi 22 mars
Paris 18e
25 ans d’indépendance. Soirée de soutien à Radio Libertaire : 19 heures, Slam avec Caroline Carl, Nicolas Magat, Isabelle Sojfer et Yo, 20h15 concert avec Jean François Pauvros, Jean François Paux, Hélène Labarrière, Sylvain Kassap, Linda, Toups Bebey à l’Olympic Café 20, rue Léon. Entrée à prix libre.
Vendredi 23 mars
Le Havre
Le groupe Zéro de conduite de la Fédération anarchiste propose une causerie avec Jacques Lesage de La Haye pour son livre La Mort de l’asile (éditions Libertaires). Rendez-vous à 19 heures à l’Apple Pie, 18, place de Gaulle. Entrée libre.
Toulouse
Présentation de Joe Hill & les IWW par Fred à 20h30, à la Librairie associative autogestionnaire Le Chat noir toulousain, 18, avenue de la Gloire.
Saint-Denis (93)
Contre Benoît XVI. Le Vatican ennemi des libertés par Jocelyn Bézecourt, à 19h30 à la Bourse du Travail de Saint-Denis, rue Genin (métro ligne 13 station Porte de Paris). Soirée organisée par l’association de défense des laïques non-croyants, non-croyantes et
athées.
Périgueux
L’association des précaires et chômeurs de Dordogne (APCD) organise une projection suivie d’un débat de Putain d’usine de Jean-Pierre Levaray au local associatif les Thétarts, 3, rue Sully à partir de 20h30.
Samedi 24 mars
Paris 20e
Les Vingts ans de l’émission Femmes libres : de Mujeres libres de 1936, à la commémoration de l’émission Femmes libres qui débuta en 1986, avec Claude Michel à accordéon pour l’accueil en chanson féministe, Les voix rebelles (chansons féministes dans les rues, les manifestations… et la fête !), Nelly Pouget (saxophoniste, un peu de jazz et de free, pour être femme et libre) + apéro pour se rencontrer, échanger, discuter en toute convivialité + Exposition d’oeuvres et de réalisations de féministes, à 18 heures, à l’espace Louise-Michel, 42 ter, rue des cascades. Métro Pyrénées.
Saint-Denis (93)
Séminaire « Maitron des anarchistes » : apprendre à construire et rédiger une biographie militante de 13h30 et dimanche 25 mars 2007 de 9 heures à 15 heures, à la Bourse du Travail de Saint-Denis, Métro Porte-de-Paris, Ligne 13, direction Saint-Denis-Université (Demander Clinique de la Porte de Paris).
Besançon (25)
Rencontre signature avec Kerroum Achir autour de son livre Les Kaffars ou l’Algérie des années quatrevingt, à 18h30, à la librairie L’Autodidacte, 5, rue Marulaz.
Toulouse
Concert de Fred Alpi, rock libertaire, en soutien à la Librairie associative autogestionnaire Le Chat noir toulousain à 19 heures, à L’Autan, Rond-point Arnaud-Bernard. Trois euros.
Laon (02)
Rencontre-débat sur la « Décroissance », avec Jean-Pierre Tertrais, auteur de « Du Développement à la Décroissance : De la nécessité de sortir de l’impasse suicidaire du capitalisme », paru aux éditions Libertaires en 2006.Organisée par le groupe Pierre Kropotkine de la Fédération anarchiste, cette rencontre aura lieu à 20 heures : Maison des associations, Rue du Bourg (Ville haute). Table de presse, Documentaires à partir de 16 heures. Renseignements : 0323801709.
Dimanche 25 mars
Erdeven (56)
À 15 heures, plage de Kerhilio, manifestation contre le gigantesque projet d’extraction de sable (600000 tonnes par an) par les cimentiers Lafarge et Italcementi, entre Gâvres et Quiberon, à l’appel du collectif « peuple des dunes », auquel s’est rattaché la Fédération anarchiste du Morbihan.
Mardi 27 mars
Rennes
Le groupe la sociale organise à 20 heures au local la commune, au 17, rue de Chateaudun, une projection-débat sur Oaxaca dans le cadre de la création du collectif de soutien aux insurgés de Oaxaca.
Mercredi 28 mars
Aubenas (07)
Réunion-débat dans le cadre de la campagne anti-électorale de la Fédération anarchiste, à 20 heures, à l’Espace Combegayre, 18, avenue de Sierre.
Vendredi 30 mars
Besançon (25)
Conférence anti-électorale organisée par le groupe Proudhon de la Fédération anarchiste à 20h30 à la librairie L’Autodidacte, 5, rue Marulaz.
Périgueux
Fabrice Taponard joue son adaptation du manuscrit d’Antoine Gimenez Souvenirs de la guerre d’Espagne, à 20h30, salle Grassé du Nouveau théâtre de Périgueux, 1, avenue d’Aquitaine. Renseignements : 0671726508. gimenez@plusloin.org. Entrée libre. Participation aux frais souhaitée.
Samedi 31 mars
Rouen
De 14 heures à 22 heures, « Huit heures pour la révolution sociale » (Halle aux Toiles), colloque (Jean-Pierre Garnier, Hugues Lenoir…), débat, film (Pas lieu d’être), bouffe et chansons, avec Bruno Daraquy.
Vendredi 6 avril
Toulon
« Agir au lieu d’élire ! » Réunion – débat « la salle » à 20h30, rue H. Poincaré - quartier la rode + spectacle : ils ont vote et puis après… Meille chante Ferré, Brassens. Table de presse, buffet. Entrée libre. Organisé par le groupe Nada de la Fédération anarchiste.
Le Monde libertaire, hebdomadaire de la Fédération anarchiste, adhérente à l’Internationale des fédérations anarchistes
Chaque jeudi dans vos kiosques, 24 pages d’actualité vue en couleurs par les anarchistes pour deux euros