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Le contrat social entre le peuple-classe et la classe dominante n’existe plus.

par CD

Publie le samedi 14 janvier 2012 par CD - Open-Publishing
8 commentaires

Le contrat social entre le peuple-classe et la classe dominante n’existe plus.

Critique de "Vers la fin de la société ?" de Yann Fiévet

Quel vivre ensemble sous le capitalisme néolibéral ? Celui du partage des miettes ? Déjà du temps de l’Etat social, ce "contrat social" était de dupe. Il était fondé sur la spoliation du Tiers-Monde et sur la concurrence paradoxale avec les pays de l’Est.

Comment vouloir "faire société" avec une domination aussi renforcée de la bourgeoisie contre la classe dominante ?

La notion d’intérêt général était le masque de l’intérêt des dominants. L’affaire est encore plus évidente. Le rare champ ou cette notion pouvait avoir qlq pertinence était le service public car ce dernier n’était pas orienté principalement vers la satisfaction des profits mais vers la satisfaction des besoins sociaux. Avec la montée en force du néolibéralisme l’intérêt général au sein des services publics s’est amenuisé et ce qui en reste a été perverti.

La cohésion sociale est devenue fracture sociale. Il y a même un immense fossé entre les riches et le reste de la société. Il y a bien sûr une autre distinction celle des très riches (2%) qui sont membres de la classe dominante et en-dessous les "aisés " (la petite-bourgeoisie) que F Hollande voyait au-dessus de 4000 euros net par mois. Dans ce cadre "Solidarité avec les plus démunis !" sonne comme simple accommodement à un système économique injuste. Cela sonne plus caritatif que réelle répartition des richesses. La gauche PS a su un temps donner un RMI aux pauvres tout en préservant les riches et en taxant les couches moyennes.

CD

Messages

  • Autant inclure le texte qui n’est pas si long.


    Paru sur "Le Grand Soir" par Yann Fievet

    Vers la fin de la société ?

    Nous acceptons difficilement de regarder la réalité en face. Nous préférons souvent nous persuader, sans en être totalement convaincus, que tout ce à quoi nous avons été attaché dans le passé est toujours présent et le sera encore demain. Ainsi, nous croyons que ce que nous nommons communément société existe encore.

    Bien sûr, nous entendons dire que nous sommes gouverné désormais par une oligarchie, que l’Etat partout se désengage de ses missions traditionnelles , que les citoyens ne sont pas consultés à propos des affaires sérieuses de la Cité. Mais, sous ces arguments pertinents nous espérons pouvoir encore distinguer une société attendant son heure pour redevenir pleinement elle-même. Affirmons-le enfin : cet espoir n’est plus de mise. La société est en voie de disparition. Le principal agent de cette disparition est l’abandon de l’intérêt général au profit de la satisfaction d’intérêts particuliers à la puissance chaque jour renforcé. Lutter contre la disparition de la société devrait être la seule préoccupation de la prochaine élection présidentielle.

    La société est un corps éminemment complexe se dotant, tout au long d’une histoire mouvementée, d’organes de gouvernement et de régulation normalement chargés de renforcer la cohésion sociale. L’idée de société s’oppose donc à celle de la simple addition d’individus occupés à la seule recherche de satisfaction de leur intérêt personnel ou de celui de leurs proches. Les sociétés dignes de cette définition – qu’il est erroné de croire trop ambitieuse – sont celles qui réussissent à développer le « vivre ensemble », ce concept si facilement méprisé par les chantres de l’autorégulation sociale. Pour satisfaire une telle exigence encore faut-il que la société soit capable de faire vivre un principe fondamental : l’intérêt général. C’est à l’Etat de le définir et de le faire accepter par le corps social dans son entier. Deux condition au moins sont nécessaires à cela : que l’Etat dispose de toute sa légitimité auprès du corps social et que celui-ci ait gardé en lui la volonté de solidarité envers les plus démunis. Le moins que l’on puisse dire est que ces deux conditions ne sont plus remplies en France aujourd’hui.

    Ce que l’on pouvait nommer hier, avec une certaine fierté, « le modèle social français » est désormais attaqué de toutes parts. Construit pour l’essentiel au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il reposait sur des politiques publiques se donnant les moyens de leur ambition. C’était avant l’avènement du néolibéralisme, avant que la plupart des hommes politiques ne décident que le Marché devait s’emparer progressivement de bon nombre des anciennes prérogatives de l’Etat, pour une meilleure efficacité économique et financière comme ils s’en disent convaincus. Au bout de trente années de ce glissement – longtemps sournois, maintenant débridé- le monde politique est devenu impuissant, otage qu’il est de la dictature des marchés financiers. Nous rendons-nous réellement compte de la folie qui tourmente notre société : les agences de notation nord-américaines évaluent désormais jusqu’aux performances financières de la Sécurité Sociale et de la plupart de ce qu’il nous reste de services publics ! Retirer à notre système de protection sociale son « triple A » relèverait de la triple C. Et triplera la misère !

    De « providentiel » l’Etat est devenu répressif et destructeur. On ne pousse pas dans l’insécurité sociale les moins armés pour affronter « la compétition de tous contre tous » sans faire naître des risques de délits intrinsèquement liés à cette insécurité, lien que l’on fait mine d’ignorer. On réprimera de plus en plus durement ces délits « socialement déclenchés » d’autant plus facilement que l’on en dissimule la cause et qu’il faut bien tenir en respect tous ceux que l’on suspecte de pouvoir passer à l’acte un jour prochain. L’Etat social fait place petit à petit à l’Etat pénal. Pour donner libre cours à sa nouvelle « vocation destructrice » l’Etat s’est doté d’une machine de guerre nommée RGPP. Cette Révision générale des politiques publiques est en réalité un rabougrissement généralisé des prérogatives publiques. La volonté affichée d’évaluer les politiques publiques pour les rendre plus efficaces est une mascarade, n’est qu’une opération de communication pour citoyens non avertis. L’impact social de ces politiques n’est plus mesuré depuis longtemps. Le bilan n’est pas fait des nombreuses réformes successives engagées dans les divers domaines d’intervention de l’Etat. Des cabinets d’audit privés évaluent financièrement – avec les critères que l’on imagine - chaque mission pour les décréter trop coûteuses le plus souvent. On confie ensuite ces missions à des agences de droit privée, telle l’Agence du médicament, chargées de « réguler » grâce à leurs experts inféodés aux firmes privés, le domaine qui leur a été concédé. Il existe aujourd’hui en France près de 650 agences de ce type. Le scandale du Médiator devrait pourtant inciter à une remise en cause de cette façon qu’a la puissance publique d’abdiquer de ses missions d’intérêt général.

    Partout on casse ce que la société avait patiemment bâti pour atténuer ou compenser les effets pervers du fonctionnement de l’économie. Une idéologie mortifère est à l’œuvre où les victimes de la sauvagerie du système économico-financier deviennent coupables. Coupables d’être trop coûteux pour la collectivité que l’on ne se donne plus la peine de définir autrement qu’en termes strictement budgétaires. Les pauvres et les chômeurs sont dénoncés comme les premiers responsables de leur pauvreté et de leur chômage. L’Etat et la société telle qu’elle devient n’aiment plus les fonctionnaires. Grâce à la loi « mobilité » on va enfin « dégraisser le mammouth » : le licenciement des fonctionnaires sans motif est désormais possible. Demain le fonctionnaire ne sera plus attaché à un corps et pourra être déplacé au gré de l’évolution capricieuse des besoins définis budgétairement. Ainsi, les enseignants ne resteront pas nécessairement enseignants. Bientôt ils ne seront plus évalués sur leurs qualités pédagogiques mais sur leur capacité à entrer dans un cadre de compétences définies en dehors de la nécessité absolue de dispenser dans les meilleures conditions possibles leurs connaissances acquises au cours d’un long parcours. N’est-il pas temps de sortir de cette spirale infernale par laquelle sont broyées des vies et des volontés. La Droite ne le fera évidemment pas. La Gauche « de gouvernement » ne semble pas s’apprêter à le faire. Sombre perspective !

    Yann Fiévet

    http://www.legrandsoir.info/vers-la-fin-de-la-societe.html

  • Le contrat social entre le peuple-classe et la classe dominante n’existe plus.

    A-t-il existé un jour ?
    Ou n’était-ce qu’une ligne de cessez-le-feu précaire et agitée ?

    De « providentiel » l’Etat est devenu répressif et destructeur.

    Hum, providentiel et non répressif pour les Algériens, les malgaches, les indochinois ?
    pour les centaines d’Algériens assassinés du 17 octobre 1961 ? des mineurs tués par les gendarmes , des 218 616 mineurs votants pour la grève (25 086 contre, et 15 502 abstentions) contre les attaques pour baisser les salaires et les primes, qui furent blessés, pourchassés, tués ? des auto-mitrailleuses circulant autour des mines,des puits, des axes ferroviaires ?

    Les grèves des mineurs de 1963 où De Gaulle signe des décrets de réquisition et de travail obligatoire pour les mineurs ?

    Et je ne parle que des mines, à tous point de vue l’état en lui-même ne fut ni providentiel ni non-répressif mais la plupart du temps bien plus répressif que de nos jours.

    Sur le fond il y a un peu des lunettes déformantes sur le passé, re-doré à l’or fin, sur l’état et sa neutralité, sur la construction de conquêtes sociales (avec l’imaginaire que c’est un état neutre qui les garantirait, etc)...

    Il faut expliquer cela aux jeunes de maintenant qui ont une vue déformée (et donc des conclusions déformées) sur ce qui fut appelées les trente glorieuses, elles n’eurent rien de glorieux, ce furent des années âpres et dures, répressives, avec des nombres considérables de morts, mais également avec le souffle profond d’un peuple qui tentait de se battre, de conquérir et de défendre.

    Il y a quelque chose qu’il faut bien voir en face ce sont les conditions qui n’étaient pas tant stables de la défense des conquêtes sociales, de la résistance à l’appropriation du bien public par la bourgeoisie, etc sur une quarantaine d’années.

    Le pillage de pays colonisés continua sur plus de 15 ans des fameuses 30 glorieuses, avec un coût humain en millions de morts pour les peuples soumis à tyrannie coloniale par la seule France, au profit d’intérets privés bien déterminés et établis.

    Les tickets de rationnement pour certains produits alimentaires existèrent jusqu’en 1949 en France.

    Les conquêtes naquirent d’abord surgis de la résistance armée et populaire à la barbarie capitaliste fasciste.

    Ce sont bien ces résistances populaires, les peurs de se faire emporter qui construisent les reculs du capital. Et ces reculs n’ont jamais été un sol solide, mais des sables mouvants, des batailles pied à pied dans lesquels l’état n’a jamais pu garantir quoique ce soit .

    Cette situation fut toujours instable et marquées par la puissance du mouvement ouvrier et populaire qui était, est et sera le seul rempart possible face au capitalisme (l’intégration dans l’état d’une série de conquêtes est dépendante de ce qui se passe à l’extérieur de l’état qui n’en est pas garant) .

    En 1945, le capital, malgré tout, surgit de la sortie de guerre avec d’énormes taux de profits : les "bienfaits" de la guerre pour le capitalisme se sont les heures sup, la militarisation du travail et de l’organisation de la production, la discipline, etc.

    Cet équilibre est et fut sans cesse en mouvement mais sans que l’état ne soit un quelconque lieu neutre et garant de quoique ce soit, comme le démontrèrent d’innombrables batailles ouvrières qui commencèrent dés la libération, des grandes grèves de Renault, à l’armée tirant sur les mineurs, jusqu’à Mai 68, des affrontements géants des sidérurgistes sous Giscard, etc.

    C’est le triomphe, dans les organisations du mouvement ouvrier, de la croyance généralisée en une neutralité de l’état (qu’il suffirait d’investir pour le faire marcher droit) , qui amène progressivement les reculs sur les "contrats" sociaux qui n’avaient fonction que d’armistices et pas de traités de paix entre bourgeois et travailleurs.

    La croyance que le champ de bataille est centralisé dans l’état, du point de vue du mouvement ouvrier, fut mortifère et un oubli des conditions des conquêtes.

    Et celles-ci furent le fruit de batailles acharnées . Mais le déplacement du balancier politique vers l’état tel qu’il est et fut désarma et affaiblit profondément les travailleurs.

    La croyance en une bienveillance de l’état lima les dents du mouvement ouvrier et fit naitre les stratégies de pression dans le mouvement syndical, toutes stratégies menant à des échecs quand elles sont conçues en elles-mêmes pour faire reculer le capital.

    Nous sommes dans la fin de ce cycle où les stratégies de pénétration dans l’appareil d’état ont épuisé le mouvement ouvrier organisé, où il faut le-construire maintenant.

    Ce n’est pas la fin de l’état à bienveillance providentielle, c’est la fin de la croyance parmi une partie des travailleurs de la bienveillance de l’état.

    Bien sur que les périodes ne se ressemblent pas complètement, mais il faut bien regarder en quoi.