Accueil > Le peuple-classe défait par la démocratie sans adjectif ?
Le peuple-classe défait par la démocratie sans adjectif ?
Publie le vendredi 12 décembre 2008 par Open-Publishing4 commentaires
Le peuple-classe défait par la démocratie sans adjectif ?
Le "peuple-citoyens" peut-il effacer le peuple-classe ?
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article483
De Patrick TORT, j’ai pu retenir, il y a longtemps, que dans le discours du scientifique il pouvait y avoir de la science et de l’idéologie. Il y a d’autant plus d’idéologie que l’on quitte les sciences dures pour les sciences sociales. Donc de la science politique. Et si je me déclare d’emblée idéologue c’est parce que dire la vérité est difficile mais que c’est néanmoins possible . Il a même des strates ou des niveaux de pertinence d’un discours , allant du noyau dur de la vérité à une périphérie plus sujette aux prises de positions hypothétiques.
Ainsi Sylvain Reboul dans un texte paru (1) après la victoire du NON au TCE a distingué deux significations du mot peuple. Il n’est pas le premier. Mais il n’est pas allé plus loin dans la construction de la distinction, dans sa conceptualisation proprement dite car trop pressé d’en découdre avec les présupposés de cette distinction qu’il a à peine formulée . Le combat idéologique a trop rapidement pris le pas sur l’approfondissement scientifique . Il ne faut donc pas s’étonner qu’il n’ait pas voulu nommer cette différence. Il voulait la faire disparaître. On verra comment après avoir relevé le contenu ses deux peuples que je replace dans la terminologie que je lui ai donné dans "Pour une approche du peuple-classe" (2).
– Peuple-classe ou peuple-citoyen, une distinction "dure"...
Ce que j’ai appelé peuple-nation mais que l’on pourrait nommer peuple-citoyens en pensant aux Etats plurinationaux, correspond ce qu’il décrit ici : "Le peuple est d’abord l’ensemble des citoyens appartenant à un Etat institutionnellement unifié et reconnu par les autres ; ce sens ne distingue pas les riches des pauvres, ceux d’en haut de ceux d’en bas, l’élite des sans grade ; il tend à se confondre parfois avec celui de la nation, sauf lorsqu’un Etat s’affirme comme plurinational où le mot peuple prend le sens de l’union entre deux nations vivant dans un même cadre étatique. Dans ces conditions, c’est le pouvoir unificateur de l’Etat qui constitue le peuple ; c’est dire que sans lui, celui-ci n’existe pas ; il n’y aurait alors, disait en effet Hobbes, au pire que multitude, ou au mieux, population(s)." Dans le peuple-nation ou le peuple-citoyen tous les chats sont gris. Il ne manque quand même que les résidents de longue durée sur le territoire. C’est la seule ombre portée à cette belle notion qui mélange si innocemment l’exploiteur et l’exploité, la bourgeoisie et les autres.
J’ai appelé peuple-classe sa seconde définition. "Le peuple désigne ensuite ceux d’en bas, en tant qu’ils s’opposent, dans l’ensemble juridique qu’est un pays constitué et reconnu, à ceux d’en haut, donc d’abord à l’Etat et ensuite à ceux qui disposent d’un pouvoir, économique, intellectuel, etc., reconnu comme illégitime, voire despotique. Le peuple est alors l’ensemble des dominés qui s’efforcent de combattre la domination qu’ils subissent."
Prendre acte de cette distinction et mieux la préciser, c’est ce que nous avons fait dans "Pour une approche du peuple-classe" (2) et dans les textes qui suivirent. Ce n’est qu’ensuite que l’on s’est aventuré à un usage non pas polémique comme le dit l’auteur - car la notion de peuple-nation ne supprime pas la lutte de classe du simple fait d’une terminologie englobante faussement neutre ou "pacifique" - mais un usage dynamique et stratégique en exploitant pour le peuple-classe le fil du "peuple pour soi", ce qui signifie bien qu’une logique d’émancipation est aisément déployable et déroulable à partir de la notion même (cf J.BIDET - 3). Puisqu’elle prend en charge la distinction dirigés-dirigeants et/ou dominés-dominants. Mais si à l’évidence le concept le permet ajoutons d’emblée que ce n’est pas une nécessité
...qu’il faut redécouvrir sous les aléas de la lutte idéologique.
Il serait possible de théoriser, un peu d’ailleurs comme le fait l’auteur, l’idée du meilleur niveau d’émancipation possible à partir de la conception du régime pluraliste qui serait le moins mauvais des régimes existants. Pour ma part j’ai souligné ailleurs (4) que la démocratie existante était doublement restreinte. Aussi, dire, ainsi que le fait Sylvain Reboul, que "l’idée démocratique n’a de sens qu’à être élective et représentative" permet d’empêcher de penser l’intervention citoyenne élargie sur des choix de développement, des choix de production dans l’entreprise voire hors d’elle, ou des chois d’investissement dans le cadre d’une planification démocratique. On peut donc voter pour autre chose que pour des individus. On peut aussi penser des procédures qui brisent la séparation élu-électeur qui reconduit les mêmes dirigeants.
Qu’il y aient des élections justes ou pas, de l’alternance ou pas, cela ne change en rien qu’il y a toujours une distinction entre peuple-nation et peuple-classe, sauf si cette élection se déroule dans un processus de crise qui écarte totalement la classe dominante pour instaurer un autre ordre politique précisément fondé sur l’alterdémocratie (5) autrement dit un niveau qualitativement très supérieur de démocratie n’ayant rien à voir avec les élections de la démocatie libérale qui elle organise réellement la dépossession du peuple-classe.
Cette distinction peuple-classe/peuple-nation n’a rien à voir avec le fait qu’une nouvelle direction ou avant garde puisse ou non émerger en "se réclamant " du peuple-classe. Le fait est sans doute un brin utopique mais néanmoins pensable que le peuple-classe s’élève de lui-même au niveau de sa propre organisation et gestion. Ce qui briserait le "cercle carré de la démocratie" libérale qui ne cesse d’approfondir l’écart entre le peuple-classe et son oligarchie au lieu de le réduire voir - même si c’est utopique - de l’anéantir .
Quand la laïcité remplace Dieu pour effacer les classes !
Je vais terminer comme l’auteur qui dit "Seule une unification religieuse sous l’autorité transcendante de Dieu et de ses représentants sur terre est susceptible de former un peuple dans une même foi (le peuple de Dieu) ". Voilà bien un propos qui sous couvert de défendre la laïcité, en vient à nier les intérêts communs objectifs du peuple-classe par-delà leur conflits internes secondaires et à la suite, plus subjectivement, la prise de conscience possible de leur existence. Empêcher cette prise de conscience est l’objet classique de la lutte idéologique, de la lutte de classe de la bourgeoisie. On voit donc, et j’aurais du commencer par là, que le recours au citoyen comme seul acteur du changement permet surtout de camoufler les classes en lutte.
La crise systémique, qui derrière sa multiplicité sociale, écologique, alimentaire, géopolitique est essentiellement ,celle des capitalistes, va peut-être ouvrit les yeux du peuple-classe. Cela ne se fera pas tout seul car les dominants possèdent un puissant appareil d’influence idéologique avec de nombreux clercs spécialisés dans le brouillage idéologique. Si le trajet qui mène à l’émancipation du peuple-classe n’est pas tracé d’avance au moins est-il bon de réaffirmer son existence et de savoir qui sont nos ennemis principaux pour ne pas se focaliser constamment sur les rapports conflictuels secondaires. Ce serait un bon début.
Christian Delarue
ATTAC France
1) Le peuple fait-il la démocratie ? Sylvain Reboul
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=7799
2) Pour une approche du peuple-classe . Christian Delarue
http://www.france.attac.org/spip.php?article9082
3) Stratégie sociale et politique : unir le peuple-classe - Lire J Bidet
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article472
4) Sur la démocratie restreinte.lire : *Les deux conceptions de l’alterdémocratie* De l’alterdémocratie "de complément" à l’alterdémocratie "globale" et alternative. Christian Delarue
http://www.amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article218
5) Alterdémocratie Introduction : aller vers une autre démocratie, citoyenne et populaire
http://www.local.attac.org/35/Introduction-ALLER-VERS-UNE-AUTRE
6) Sur les contadictions internes secondaires Le peuple-classe, ses ennemis et ses contradictions internes
Messages
1. Le peuple-classe défait par la démocratie sans adjectif ?, 12 décembre 2008, 22:59
A quoi conduit tout ce verbiage, sinon á ce que pseudo intélectuel se fasse plaisir en se prenant pour un grand penseur.
1. Le peuple-classe défait par la démocratie sans adjectif ?, 14 décembre 2008, 16:00, par CD
La notion de peuple est floue ; celle de peuple-classe se veut plus précise.
Christian DELARUE
Adresse pour un débat au sein du Conseil scientifique d’ ATTAC France
% % %
La notion de peuple ne figure pas dans Alter, notre dictionnaire altermondialiste. Elle est floue . Par contre, celle de peuple-classe (ou quasi-classe) se rapporte à une conception de la domination et des rapports de domination. Il ne s’agit pas d’une notion globale ou chacun met un contenu variable . Pourtant elle est plus large que celle de prolétariat ou de salariat. Le peuple-classe exclue en-haut mais intègre en-bas : la notion intègre les résidents extra-européens, les "sans", les petits paysans et artisans mais pas la bourgeoisie nationale dominante (et plus encore la transnationale).
La notion même de classe sociale est un objet de lutte, tant dans le champ universitaire qu’en dehors. Il en va de même de la lutte de classes. Certains sociologues théorisent une société stratifiée en groupes et débattent des critères. Les même ou d’autres vont développer une sociologie du consensus, de la coopération, ou de la "société unidimensionnelle" (hiérarchiquement stratifiée) ou de la division entre inclus et exclus qui débouchera sur celle de la "cohésion sociale" , tout donc sauf des luttes de classes . Bref il existe une lutte de classement dans le champ universitaire et extra-universitaire (médias, syndicats, partis politiques) . C’est déjà un acquis de l’histoire des sciences sociales. "L’émergence de la notion de classe s’est accompagnée d’un effort pour occulter les conflits de classes" écrit Larry Portis (2) dans un ouvrage qui fait l"histoire de ces luttes de conceptions. L’ouvrage ne porte pas principalement sur la définition des classes mais sur l’évolution des modes de classement : "classer c’est définir et définir c’est juger".
Ces luttes de classement sont passible d’une histoire : Un histoire qui révèle une répétition dans le temps de la dénégation quand d’autres améliorent leurs analyses des classes et des luttes en fonction du contexte .La répétition avec quelques variations relève de l’idéologie, "une prophétie réïtérée" (S Bosc) celle de la fin des classes et des luttes alors que la démarche scientifique marxiste cherche à préciser quels groupes ou classes sont en luttes en fonction d’un contexte social et économique. Un troisième acteur scientifique mais sur le mode stratificationniste est apparu avec le corps de "la statistique d’Etat" dans de nombreux pays. Déterminer des groupes sociaux est devenu chose complexe, affaire de professionnels de par l’importance des matériaux néce . Un même auteur peut alors changer dans ses théorisations. C’est le cas de Bourdieu notamment. Au-delà de ses variations de définition, il a à une période donnée fait reculer les conceptions durkheimmiennes de l’intégration des exclus - ce qui était positif à mes yeux - ; conception qui reviennent maintenant sous couvert des politiques de "cohésion sociale" qui voit l’Etat libéral faire la promotion du RMI de misère ( à la place du SMIC pour tous) ou d’autres revenus minimalistes de remplacement portant des noms divers suivant les gouvernements et les années.
Christian Delarue
1) Sur le peuple-classe il y a deux contributions sur le site d’ATTAC France, les autres sont sur amitie-entre-les-peuples.org.
Peuple-nation et peuple-classe - C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article470
2) Larry Portis Les classes sociales en France - Un débat inachevé (1789 - 1989) F Dubet "Inclus/exclu : une opposition pertinente ?" Cahiers françai n°314 La Documentation française
2. Le peuple-classe défait par la démocratie sans adjectif ?, 14 décembre 2008, 20:59
BLABLA prétentieux et insignifiant.
3. Le peuple-classe défait par la démocratie sans adjectif ?, 28 décembre 2008, 11:41, par cd
Prétentieux ? Il pose une définition nouvelle mais dans le cadre d’une argumentation pas par simple affichage.
Insignifiant ? Vous ne savez donc pas lire la portée d’une argumentation !
On voit ce que vous savez faire sous couvert de l’anonymat : du dénigrement. Pauvre individu !
Sachez Monsieur ou Madame qui postez tjrs le même message d’invective de bas niveau sous plusieurs de mes textes sur le peuple-classe, que :
1 Je suis pas un "intellectuel" professionnel mais je ne suis pas non plus un individu qui s’abstient de penser à la mesure de ses moyens ;
2 Si vous pensez mieux que moi, montrez-moi. Je préfère quelqu’un qui me fait une démonstration, sans invective ni forfanterie mais avec des arguments car cela m’enrichis et enrichis tout le monde dans le même mouvement ;
3 Je suis donc preneur de vos analyses sur la question du peuple et des ses définitions.
CD