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Le pluralisme mis à mal à la télé

Publie le jeudi 11 janvier 2007 par Open-Publishing
6 commentaires

de Sébastien Crépel

Élections . Après les remontrances du CSA aux chaînes de télé sur leur traitement bipartisan de la présidentielle, les inquiétudes s’accentuent sur l’accès à l’antenne de tous les candidats.

Les Français vont-ils subir un matraquage médiatique univoque comme lors de la campagne référendaire de 2005 ? Après le premier avertissement lancé par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), vendredi dernier, les raisons de s’inquiéter du traitement réservé à la campagne électorale pour 2007 ne manquent pas. La réédition du phénomène n’est pas loin, cette fois en faveur du bipartisme incarné par Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.

Le directeur de l’information de TF1, Robert Namias, a clairement annoncé la couleur : le dispositif retenu par la chaîne la plus populaire de France fera la part belle au duo ultra-médiatisé, avec une émission réservée en prime time pour chacun d’eux. Une marche en dessous sur le podium, Jean-Marie Le Pen et François Bayrou devront se contenter d’une émission pour deux. Tous les autres se partageront un unique numéro de Face à la Une, magazine diffusé le samedi après-midi. Bonjour le débat "pluraliste" !

La starisation des politiques n’explique pas tout

Pourtant, TF1 n’est pas la chaîne qui maltraite le plus la diversité des candidats à la présidentielle, du moins selon la méthode de comptage utilisée par le CSA. Ainsi, au cours du mois dernier, M6 a consacré au duo Sarkozy-Royal 71,9 % du temps dévolu aux candidats et leurs soutiens dans ses JT et magazines, quand TF1 s’est « contentée » de 46 %. Face à cette domination outrancière, les autres candidats font figure de nains médiatiques, particulièrement sur la Six : 8,1 % pour Bayrou, 4,4 % pour Buffet, 3,4 % pour Villiers... et zéro pour Laguiller, Besancenot ou Voynet. Le service public ne donne pas franchement le bon exemple avec 62,4 % au couple Sarkozy-Royal sur France 2. Une disproportion flagrante, alimentée par la pipolisation de la vie politique, où le moindre geste des personnalités en vue est commenté (« L’épouse de Jacques Chirac, qui arbore le même tailleur rose depuis plusieurs semaines... », écrit le Monde daté de ce matin). Mais cette starisation n’explique pas tout : beaucoup ont épousé la cause d’un bipartisme présenté comme une réalité de fait. « Le système est aujourd’hui objectivement bipartite », affirme ainsi Hélène Jouan, chef du service politique à France Inter (l’Humanité du 2 janvier), station qui affiche pourtant ses efforts de pluralisme après les critiques des auditeurs sur la campagne de ses chroniqueurs pour le « oui » au référendum.

Un lavage de cerveau médiatique

On comprend mieux le sens de la remontrance du CSA, qui a estimé que « certaines chaînes » traitent la présidentielle avec « une bipolarisation excessive au profit de deux candidats ». Les règles en la matière sont pourtant loin d’imposer l’égalité de traitement. Celle-ci ne sera obligatoire que durant la campagne officielle, c’est-à-dire entre le 9 et le 22 avril. En attendant, le CSA préfère la notion d’« équité ». Un concept flou, en vérité, puisqu’il introduit une série de variables comme le poids politique des candidats ou leur dynamique de campagne. D’où un phénomène de production artificielle des thèmes et des candidats vedettes, avec une exposition médiatique qui favorise la popularité, justifiant en retour l’intensité du matraquage. Jusqu’à l’intoxication ? On se souvient en effet combien l’obsession sécuritaire sur les ondes a contribué à engendrer la surprise Le Pen en 2002, alors que les médias tentaient de vendre aux Français un match joué d’avance entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. Le 29 mai 2005 a montré comment la machine médiatique finit par s’enrayer quand son travail fait songer à une opération de lavage des cerveaux. L’intense pilonnage du « oui », l’avantage éhonté accordé à ses partisans au nom de leur « poids politique » dans le pays, enfin l’intimidation des Français rétifs à cette pensée unique n’ont pas permis d’endiguer la montée du « non ». Au point de se demander si elle ne l’a pas, d’une certaine manière, favorisée.

Les médias n’ont pas retenu les leçons du passé

Rien ne dit que les Français se laisseront dicter leur choix le 22 avril. Les élections précédentes tendent même à prouver le contraire. En 1988, en 1995, en 2002, tous les pronostics ont été déjoués par les électeurs. Personne n’a prévu non plus l’ampleur de la « vague rose » de 2004 qui a submergé les régions. En 2005, le « non » est revenu de très loin, ne pointant en tête dans les enquêtes qu’à partir du 18 mars... Mais aucune leçon ne semble avoir été tirée par les médias depuis l’éditorial vengeur de Serge July dans Libération du 30 mai 2005. Révélatrice est de ce point de vue la faveur réservée en 2006 à deux candidats anciens propagandistes du « oui ». Comme si, face à l’affirmation d’un vote de classe comme le « non », les médias concentrés dans les mains de puissants groupes étaient tout simplement prisonniers de leurs liens de dépendance avec les puissances d’argent et leurs représentants au pouvoir.

http://www.humanite.presse.fr/journ...

Messages

  • bien sur que si, les média ont tiré les leçons du réfèrendum : ils n’avaient pas cogné encore assez fort !
    léon

    • Il est exact que les médias n’ont pas tapé assez fort en 2005. Seule la 2ème chaine de TV a rempli son role en invitant majoritairement que des porteurs du Oui. Pour ces prochaines présidentielles je pense que tous les " médias publics " se mettront au service de N. Sarkozy.
      L ’Antonien.

  • Cette bipolarisation par les media de la Présidentielle est-elle une réalité ou un « construit » ? Prenons le cas où cela reflète la réalité du moment ? Cela voudrait dire que l’ensemble des aspirations de l’ensemble des citoyens français se retrouvent dans les propositions des 2 candidats : ségo et sarko ? Auquel cas la France serait convertie au libéralisme économique, hard ou light, ce que démentent d’autres sondages de manière tout à fait clair ! Incohérence dans le reflet de ces différentes « statistiques » ! Point par point nous aurons l’occasion de revenir sur les programmes de ces 2 candidats, pour montrer que s’ils diffèrent parfois sur la forme, ils ne s’éloignent pas sur le fond, car leur ancrage et leurs convictions économiques sont d’essence libérales ! Admettons toutefois, que les français, intoxiqués par les media, considèrent que la bipolarisation est une réalité, qu’il y a vraiment 2 choix de sociétés proposées ? Dure va être la chute et dangereuse car pleine d’amertume et de ressentiment. !!! Aucun n’est en mesure de répondre et de proposer une voie autre que libérale !! Que ce soit sur les problèmes du logement, du pouvoir d’achat, de l’environnement, de l’Europe,etc... ils ne remettent pas en question la vision libérale de l’Europe, la mondialisation libérale, la libre circulation économique des marchandises et des hommes, la juste répartition des richesses, l’exploitation raisonnable et prospective des ressources,...(pas davantage d’ailleurs les Verts ou l’UDF !). Si cette bipolarisation est un « construit » qui n’a pas de fondement, les résultats des élections pourraient être tout autre !! Ne se reconnaissant pas dans cette pantomine, beaucoup auront peut-être à cœur de dessiner un autre avenir ? Et de toute manière il y a place pour construire avec ceux là ? Nul besoin d’avoir des strapontins ministériels ou à l’Assemblée ! On peut très bien faire avancer les idées sans élus. Une des conditions minima que le PCF et la gauche alternative auraient pu mettre à un désistement automatique envers le candidat de gauche le mieux placé aurait du être la mise en place de la proportionnelle intégrale, seule capable de lutter contre la bipolarisation. !! Le PCF maintenant qu’il ne représente plus que lui-même est libéré de la contrainte collective : fait-il de l’instauration de la proportionnelle intégrale une condition minima pour son désistement à la Présidentielle et aux législatives ? Si oui il balaie ainsi les suspicions d’alliance objective avec le PS dans le seul but de défendre ses élus : cela vaut la peine qu’il se prononce ?
    http://jac.beauche.free.fr

    • Depuis toujous le PCF réclame,exige la proportionnelle intégrale,il considére même que c’est une des conditions de l’instauration d’une 6eme république.

      Alors poser des questions de ce genre reléve soit de l’ignorance et le site du PCF peut vous renseigner sur une position adoptée depuis trés longtemps,soit de la mauvaise foi et à ce moment là il n’y a rien à faire qu’a constater !

      Jean Claude des Landes

  • L’objectif des médias dominants est qu’iln’y ait pas de campagne.

    • ET C’EST POUR QUAND LE SITTING DEVANT LES DIFFERENTES CHAINES ET LES DISTRIBUTIONS DE TRACTS POUR SENSIBILISER LES GENS SUR CETTE QUESTION QUI ME SEMBLE T-IL EST AU COEUR DE LA DISCUSSION SUR NOTRE SOIT DISANT" DEMOCRATIE " ALLONS DIRE AUX GENS POUR QUI ON LES PRENDS DANS CETTE SOCIETE !!!!!!!!!
      MN