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Les raisons de la réforme des retraites : un mensonge comptable

Publie le jeudi 22 novembre 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

Les raisons de la réforme des retraites : un mensonge comptable

Publié lundi 19 novembre 2007
 
Le principale argument du Medef et de l’UMP consiste à affirmer que la réforme est inéluctable en raison du vieillissement de la population.

Cet argument est asséné par les médias depuis le livre blanc de Rocard en 1991. Il est repris par les partis de gauche qui du coup approuvent le projet de loi de l’UMP. Cet argument est aussi accepté par les directions des confédérations syndicales. Qu’en est-il de sa pertinence ? Où prend-t-il sa source ?

C’est ainsi que l’on peut lire dans le n°2 du mensuel de la CGT, Ensemble !, à la page 8 : « Le vieillissement de la population oblige à poser la question de la réforme des retraites et de son financement. Aujourd’hui la France compte 13 millions de retraités pour 25 millions d’actifs. Ils seront 16 millions en 2020 et 18 millions en 2030 ».
Ou encore :« notre système de retraite est confronté au défi majeur de son temps. Les besoins sont réels en raison du vieillissement démographique. »

 Cette manière de présenter les choses est erronée, et ce, pour deux raisons :
 ? La première :

Elle laisse croire que les retraites reposent uniquement sur les cotisations salariales. Ce qui est faux. Les patrons cotisent au régime général à hauteur de 9.9 %. Du coup, dans les consciences, cette représentation démographique épargne la part contributive des patrons dans le financement des retraites.
Si bien que les patrons et leurs médias peuvent poser le problème comme uniquement inhérent aux seuls salariés. Dés lors les patrons peuvent présenter comme seule solution juste, équitable, l’allongement de la durée des cotisations pour tous les salariés afin d’augmenter les versements.
C’est pourquoi, les salariés en face de cette escroquerie, posée par patrons et syndicats comme un axiome incontournable, souscrivent bien malgré eux, à l’allongement des cotisations au nom de l’"équité".
 ? La deuxième raison :

Elle laisse entendre que les patrons ne sont pour rien dans les déficits et qu’il n’est pas possible de les mettre à contribution, d’augmenter les cotisations patronales. Ce qui est faux. La part patronale ne cesse de baisser et il est toujours possible de l’augmenter comme la Cour des comptes l’a suggéré. Ou encore d’augmenter son assiette à tous les revenus du capital. C’est ainsi que la SNCF cotise à hauteur de 33.4 % pour les cheminots.
Les patrons s’épargnent ainsi avec cet alibi démographique, typiquement malthusien, toute contribution financière en laissant croire que les retraites reposent sur les cotisations de seules actives. La belle affaire en or.

L’équité voudraient que les patrons soient aussi mis à contribution. Or, on assiste au contraire. Depuis 30 ans les différents gouvernements avec les partenaires sociaux, se sont employés à fortement diminuer la part des cotisations patronales et à augmenter la part salariales, jusqu’à rendre les comptes des caisses générales déficitaires. Voilà quelle réalité masque l’argument démographique.

 C’est pourquoi il faut combattre cet argument malthusianiste :

Malthus considérait qu’il n’y a pas de richesses suffisantes pour tout le monde et prétendait que c’est à cause du trop grand nombre d’individus sur terre. Il en concluait qu’une concurrence était inévitable et que seuls les plus forts, les plus intelligents, les plus viables s’en sortaient. Il justifiait ainsi l’accaparement des richesses par une classe exploiteuse.

Ce même type d’argument nous est servi quand on nous parle de la faim dans le monde, on parle de surpopulation. Pour les retraites, on nous dit qu’il y aura trop de personnes âgées et pas assez de jeunes au travail, un "vieillisement". Pour les salariés, le mépris en plus, on parle de dégraissage, sous-entendu qu’il y aurait trop de salariés inutiles, qu’il faut se débarrasser de la mauvaise graisse.

Bref la vacuité de l’alibi démographique est profondément réactionnaire. Elle laisse croire que les responsabilités reposent sur les individus eux-mêmes et jamais sur le système qui organise la distribution des richesses produites. Et prône par conséquent des solutions individuelles et égoïstes à l’encontre de l’intérêt général.

 La clef du problème : les cotisations patronales

Il faut dénoncer sans hésiter la baisse des cotisations patronales et revendiquer sans relâche l’augmentation des cotisations patronales. La clef du problème est là. Ce n’est qu’ainsi que les travailleurs du privé peuvent comprendre qu’il est largement possible de revenir au 37.5 annuités pour tous. Que les sacrifices consentis ne servent, encore une fois, qu’à grossir les profits des patrons du CAC 40.

Le but des patrons est de poursuivre la baisse des cotisations patronales jusqu’à extinction et de les reporter sur les cotisations salariales par l’allongement de la durée de cotisations DE TOUS LES SALARIÉS. Ce sont les patrons pyromanes de nos retraites que le gouvernement charge d’éteindre l’incendie qui consume nos pensions.

Affirmer que l’allongement de durée de cotisation, leur "réforme", sert à sauver le système par répartition est exactement le contraire. Car la diminution constante de la part patronale revient à mettre en place un système par capitalisation où par définition les salariés financent leur retraite avec leur seul salaire. Les cotisations des seules salariés ne peuvent financer un régime par répartition.

Le Medef est gagnant sur tous les tableaux. D’un coté, les patrons diminuent leur contribution sociale aux retraites et de l’autre, ils encaissent l’argent des salariés qui devront se constituer une retraite par capitalisation, la fameuse épargne-salariale. À laquelle participent les confédérations syndicales dans leur gestion.

Toutes les publicités des assureurs sur la constitution des retraites découlent directement de l’allongement des annuités. On assiste à un retour au système existant avant 1945 où les patrons ne cotisaient pas pour les retraites des salariés. Un système à l’américaine où les retraités doivent travailler jusqu’à la vieille de leur mort ou vivre dans la misère.

Ainsi, ce sont les plus riches, les privilégiés des yachts et de chez Fouquet’s, les patrons et les gros actionnaires, qui encore une fois sont épargnés au nom de l’équité.

 Ce qu’il nous reste à faire :

Je ne crois pas que les salariés du privé comme du public sont d’accord avec les projets patronaux.

Une fois que les travailleurs auront compris que la "réforme" des retraites reposent sur une supercherie démographique, alors ils n’hésiteront pas à rentrer à leur tour dans la lutte.

De la même manière, ils ont tenté de nous faire accepter la Constitution européenne, en spéculant sur l’ignorance et la naîveté des salariés face aux médias capitalistes. Et ils ont rencontré en face d’eux, des milliers d’anonymes qui ont effectué un travail de décryptage de ce texte abscons.

Pour l’heure présente, notre tâche est beaucoup moins difficile. Le travail de déconstruction de la propagande patronale a été jusqu’ici négligé. À tel point, que leurs arguments sont repris par ceux-là même qui sont censés nous défendre, sans jamais s’interroger.

Ce travail de décryptage doit être fait sans relâche et relayé par tous les supports jusqu’à atteindre la conscience des travailleurs.

La véritable équité serait que les salariés n’aient pas à verser de cotisations sociales pour leur salaire. Car cela revient à ce que les salariés autofinancent leur assurance sociale. Or, les cotisations sociales ne sont rien d’autres qu’une partie du salaire payé par le patron au titre de l’assurance sociale. D’ailleurs pour les patrons, il s’agit d’un coût et pour eux il faut sans cesse diminuer ce coût en baissant les salaires. En diminuant leurs cotisations, en créant une cotisation salariale, ils ont diminué les salaires. C’est comme si on nous demandait de financer sur nos salaires, un jour de congé payé sur deux.

http://rebellyon.info/article4548.html

Messages

  • Merci Mr Rocard :

    Le livre blanc,

    "on ne peut pas recevoir toute la misère du monde",

    CSG

    ...etc

    Et dire qu’il était PSU.

    Guy

  • POURQUOI IL N’EXISTE AUCUN PROBLEME ECONOMIQUE POUR PAYER LES RETRAITES ET AMELIORER LES PRISES EN CHARGE DE LA SECU ;

    Je suis d’abord stupéfait qu’un document de la CGT puisse reprendre la chanson du patronat et des libéraux de tout poil sur les retraites, alors qu’ils existent plusieurs publications du syndicat datant de 2004 qui disent le contraire.

    LES RETRAITES .

    La retraite qu’est ce que c’est : C’est le transfert de richesses de ceux qui produisent vers ceux qui ne produisent plus. Comme le dis FITOUSI on peut imaginer n’importe qu’elle ingénierie financière le principe de base restera toujours le même, c’est du simple bon sens.

    Donc le niveaux des retraites dans un pays donné, dépendra, avant tout de la richesse produite par ce pays, que l’on mesure par le PIB, et bien sur du nombre de retraités. Par contre compte tenu des gains énormes de productivité durant ces dernières décennies, et de la croissance de ces gains dans celles qui viennent, le niveau des retraites sera de moins en moins dépendant du nombre d’actifs, thème favori de la propagande du MEDEF de la droite et de la social démocratie.

    Le Produit Intérieur Brut ( PIB) Tout les chiffre cités sont des donnés INSEE ou du COR

    En 2004 le PIB de la FRANCE était de 16 000 milliars d’euros nous diront 16 Giga euros

    Avec en taux moyen de croissance annuelle de 2,5% le PIB double en 23 ans.
    Donc en 2027 le PIB de la France passera à 32 G. euro

    En 2004 la part des retraites dans le PIB était de 12,5%, c’ets à dire que les retraite absorbaient :
    16x 12 ,5 %= 2 G .euros

    laissant au reste de la nation 14 G. euro à se partager

    En 2027 le PIB de la France passera à 32 G. euro

    Les projections économiques estiment la par des retraites à cette époque entre 16,5 et 18,5% du PIB

    Retenons la valeur haute : 18,5%. Donc en 2027 les retraites « consommerons »
    32x 18,5% = 6 G. euros du PIB

    Laissant au reste de la nation 26 G. euro à se partager .

    Voici ces chifres résumés dans le tableau ci dessous

    Peu importe le nombre d’actifs qui produiront cette richesse.

    En face de ces chiffres irrécusables ( et je ne suis pas le seul à avoir fait ce calcul) comment peut-on raconter que l’on ne pourra plus payer les retraites dans le futur, et que les prochains retraité doivent dés à présent cotiser à des systêmes de retraite capitaliste s’ils veulent avoir une retraite correcte.
    C’est une escroqueries pure et simple.
    Revenons au PIB. Chaque année l’augmentation de la richesse produite entraine l’augmentation de la masse monétaire, et il devraient en découler , logiquement, une augmentation des rémunérations de ceux qui la créent. Sur cette augmentation de rémunération une partie devraient être consacrée à la protection sociale en général, et le problème des retraites et de l’assurance maladie seraient ipso facto résolu.

    C’est donc bien d’un point de vue macroéconomique, un seul et unique problème de répartition de la richesse créée qui conditionne le niveau , disons de la protection sociale en général. Et cette répartition est de plus en plus favorables aux dirigeants des grandes sociétés et à leur actionnaire.

    Voici une révélation particulièrement édifiante sous la plume de Eric TREGUIER parue dans le magazine financier « CHALLANGE N° 88 de juillet 2007 »
    « Jamais depuis qu’ils sont scrutés par CHALLENGE les 500 principaux détenteurs de capital « familial » de notre pays n’avaient vu leur fortune progresser aussi vite. En un an leur poids dans l’économie est passé de 200 à 250 milliards d’euros. Ces fortunes représentent désormais 15% du PIB, contre 6% il y a une décennie. Sur cette pèriode le patrimoine professionnel des 500 a triplé et a progressé six (6) fois plus vite que la richesse nationale »

    On peut se livrer au calcul simple suivant :en 2006 des salaires représentaient environ 52 % du PIB .Ainsi ces 500 plus grosses fortunes accaparent à elles seules une masse de richesse équivalente à près de 30% des salaires perçus par 24 millions de salariés.
    Il n’est pas besoins de connaître quoique ce soit en économie pour comprendre, qu’il y une formidable concentration de la richesse à un pôle de la société, et que ceux qui détiennent cette fantastique richesse (dont fait partie SARKOZY il ne faut jamais l’oublier, et Mme LAGARDE qui émarge à 600 000 euros par an ) matraque quotidiennement, leur éternel mensonge, dans les médiats à leur soldes, à savoir qu’il n’y a plus d’argent pour payer les retraite.
    Du pognon il y en a, il y en a même beaucoup, et c’est en allant le prendre où il se trouve que l’on pourra sans aucune difficulté, payer de bonnes retraites à 60 ans et assurer une protection sociale de haut niveau à l’ensemble des français.

    L. BOURSON