Luc Chatel : Philippe Val est une prise de guerre sarkozyste.

Philippe Val, directeur de France Inter, une prise de guerre sarkozyste ? L’information, n’est pas vraiment un scoop. Mais du côté desdits sarkozystes, elle relevait du non dit. Aussi peut-on être surpris de la sortie, il y a quelques jours, de Luc Chatel -qui à notre connaissance n’a pas pondu, contrairement à Jean-François Copé, d’ouvrage intitulé « promis, j’arrête la langue de bois ».

Le ministre de l’éducation et porte-parole du gouvernement a confirmé sur Radio J, que Val était bien un trophée. Ni les syndicats de la station, ni les médias n’ont pas réagi à cet aveu. Hormis Télérama.

L‘hebdomadaire explique qu’au « détour d’une phrase », Luc Chatel lancé dans une défense acharnée de l’esprit d’ouverture du gouvernement a d’abord cité Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI, puis Didier Migaud membre du PS et président de la commission des finances à l’Assemblée nationale. Jusque là rien que de très normal (encore que). Avant de citer, emporté par son élan… Philippe Val : « Qui est directeur de France Inter ? » s’est interrogé le porte-parole du gouvernement « M. Val, ancien rédacteur en chef de Charlie-Hebdo ». Sous-entendu : DSK, Migaud, Val, voilà le trio de tête des trophées de la Sarkozie.

La nomination de Jean-Luc Hees à la tête de Radio France par l’Elysée n’était un mystère pour personne, celle de Philippe Val à France Inter non plus, mais l’hypocrisie du milieu politique voulait que le cas Val reste tabou. Subsistait une certaine ambigüité, l’Elysée avait fait savoir sa préférence mais laissait entendre que le choix serait celui de son ami Jean-Luc Hees. On évoquait également la proximité de Philippe Val avec Carla Bruni, mais jamais ô grand jamais une volonté délibérée de réduire la gauche au silence, motivée par des intérêts purement tactiques. Le choix était celui de Jean-Luc Hees, effectué en toute indépendance. Point final.

A trop vouloir jouer les gros bras, Luc Chatel, brandissant les trophées de chasse présidentielle, n’a pas su ou pu tenir sa langue, ajoutant le nom du directeur de France Inter à la longue liste des prises de guerre. Philippe Val n’en demandait sans doute pas tant.

Etonnamment ni la société des journalistes, ni les syndicats de Radio-France n’ont réagi à cette nouvelle qui sans être un scoop, est un aveu en bonne et due forme, de la volonté affirmée de l’exécutif de placer ses hommes à tous les niveaux de la hiérarchie politique, économique, et médiatique, découlant d’une stratégie réfléchie, assumée et résumée en quelques phrases par un porte-parole du gouvernement, plus transparent qu’il ne l’a jamais été.

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