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Luttes sociales dans les DOM - Réunion

Publie le mardi 11 août 2009 par Open-Publishing
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PARUS DANS TEMOIGNAGES, QUOTIDIEN DU PARTI COMMUNISTE REUNIONNAIS (PCR)

LUTTER CONTRE LES ABUS BANCAIRES

L’annonce par la Banque de La Réunion (BR) de pertes s’élevant à 55 millions d’euros pour le premier semestre de 2009 laisse planer de nombreux doutes. Comment expliquer une telle publicité, alors que l’établissement avait été plus que discret sur ces pertes dans le passé ? Pour le Collectif départemental des consommateurs contre les abus bancaires (CDCCAB), cette déclaration ne présage rien de bon pour les particuliers, les petits entrepreneurs et pour les salariés de la banque. Au-delà du cas d’espèce, l’attitude des banques réunionnaises face à la crise pose les questions fondamentales de la transparence bancaire et de la fragilisation des plus démunis face à la crise.

Pression sur les salariés… et chantage à l’emploi ?

« Il ne s’agit pas d’intenter un procès à une banque, mais de poser un problème global » déclare à "Témoignages" Dominique Mardaye, porte-parole du CDCCAB. « Aujourd’hui », poursuit-il, « la BR affiche 55 millions de pertes pour la première moitié de 2009, et s’empresse de faire porter le chapeau aux particuliers, ainsi qu’aux petites et très petites entreprises. Les plus grandes entreprises sont exonérées de toute responsabilité ».

Pourquoi une telle publicité, alors que les pertes de l’année précédente, qui s’élevaient à 115 Millions d’euros, n’avaient pas été communiquées ? Pour Dominique Mardaye, le retentissement donné par la BR a son déficit « sous-tend une stratégie de chantage et de pression. Pression à l’égard des 400 employés en CDI, qui gèrent les 90.000 comptes de l’établissement. Chantage à l’emploi à l’égard de la collectivité, à qui les banques espèrent soutirer de nouvelles aides en usant la menace de licenciements massifs », que ne justifient pas la situation réelle des établissements bancaires.

« Combien d’argent ont-ils gagné sur le dos des Réunionnais ? »

Depuis la crise, annoncer un bilan négatif peut être d’une grande utilité dans la chasse aux subventions ; en revanche, une certaine opacité entoure la question des gains. « Il faut relativiser le problème des impayés », analyse Dominique Mardaye. « Dans un contexte de crise, dans une région ou près de 52% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté », l’aggravation des conditions se traduit par des impayés… « tout simplement parce qu’un nombre croissant de gens ne peuvent plus payer ». On stigmatise les mauvais payeurs, mais, précise Dominique Mardaye, on ignore dans le même temps que « sur un échantillon de 132 banques, quatre des cinq banques les plus chères sont des banques réunionnaises ! Il est bien sûr légitime de se préoccuper des pertes. Mais il est tout autant légitime de se demander combien d’argent les banques ont gagné sur le dos des Réunionnais ». Or, à l’examen, il semblerait que les banques réunionnaises ne se portent pas si mal. S’il est vrai que la souscription de prêts et de crédit bancaire a baissé au cours de l’année précédente, les taux d’intérêt ont couvert cette baisse.

Le taux Euribor, qui sert, à fixer les intérêts à l’échelle européenne, n’a cessé de baisser. Dans l’Hexagone, les banques ont répercuté cette baisse. Mais les banques réunionnaises ne l’ont pas fait.

Questions fondamentales

Le rapport à la banque pose des problèmes fondamentaux, qui doivent donner lieu à un traitement de fond en période de crise. Les plans de sauvetage des banques, qui donnent lieu à des recours massifs aux fonds publics, doivent impérativement être mis en oeuvre dans la plus grande transparence.

Or, en l’absence de véritable contrôle, les établissements bancaires peuvent être tentés d’utiliser leurs difficultés pour puiser des revenus supplémentaires dans les ressources de la collectivité… tout en utilisant la crise comme prétexte pour détruire des emplois stables et recourir de manière accrue au travail précaire. Pour éviter que l’effort collectif ne serve finalement qu’à enrichir les riches, le gouvernement, c’est-à-dire le préfet, et l’IEDOM, doivent remplir leur mission et permettre aux Réunionnais de connaître précisément l’usage et la destination des fonds.

Il y a urgence : si la tendance n’est pas renversée, la crise bancaire peut avoir des effets dramatiques sur la vie matérielle des Réunionnais. Déjà, avec une augmentation de 50% des redressements judiciaires, l’étau de la dette se resserre de manière insupportable autour des petites et moyennes entreprises… De nombreux Réunionnais, qui ont souvent engagé leurs seuls biens fonciers comme garantie à l’emprunt, risquent aujourd’hui de plonger définitivement dans la pauvreté.

Geoffroy Géraud

www.temoignages.re

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